La masse, comme telle, est toujours anonyme et irresponsable.
Il apparaît, en effet, avec une clarté toujours plus aveuglante, que ce ne sont ni la famine, ni les tremblements de terre, ni les microbes, ni le cancer, mais que c’est bel et bien l’homme qui constitue pour l’homme le plus grand des dangers. La cause en est simple : il n’existe encore aucune protection efficace contre les épidémies psychiques ; or, ces épidémies là sont infiniment plus dévastatrices que les pires catastrophes de la nature !
Seuls les psychologues inventent des mots pour les choses qui n'existent pas !
Tout dialogue qui s’aventure dans ces domaines peuplés d’angoisses et de résistance vise à l’essentiel ; incitant le sujet à l’intégration de sa totalité, il oblige aussi le partenaire à s’affirmer dans son intégrité.
Il n’y a pas lieu de plaisanter avec l’esprit du temps, car il constitue une religion, mieux encore une confession ou un crédo dont l’irrationalité ne laisse rien à désirer ; il a en outre la qualité fâcheuse de vouloir passer pour le critère suprême de toute vérité et la prétention de détenir le privilège du bon sens.
Et puis - qui donc de nos jours a la parfaite certitude de ne pas être névrosé?
Le conflit moral est « fondé […] sur l’impossibilité apparente d’acquiescer à la totalité de la nature humaine.
Midi (l’heure des esprits dans l’hémisphère sud) est l’heure dangereuse : l’amenuisement de l’ombre équivaut à une menace de la vie. L’ombre exprime ce que les Grecs appelaient le synopados, ce quelque chose qui vous suit par-derrière, ce sentiment insaisissable et vivace d’une présence : aussi a-t-on appelé l’ombre l’âme des disparus.
Exactement semblables aux primitifs, nous agissons d’abord de façon totalement inconsciente, ne découvrant le pourquoi de notre action que longtemps après son accomplissement. Entre temps, nous nous contentons d’une foule de rationalisations approximatives.
A accepter son péché, on peut vivre avec lui, alors que son refus entraîne d’incalculables conséquences.