L’homme cultivé s’efforce de réprimer en lui-même l’homme inférieur, sans réaliser que, ce faisant, il contraint celui-ci à devenir révolutionnaire.
La révélation, en tout premier lieu, est une ouverture, une découverte des profondeurs de l’âme humaine […].
[La voix qui se fait entendre de manière claire et précise dans les rêves du patient] offre […] le caractère d’une vérité indiscutable, à tel point qu’elle paraît souvent être le résultat final et pertinent d’une longue délibération inconsciente, au cours de laquelle tous les arguments auraient été soigneusement pesés. Fréquemment, la voix provient d’un personnage plein d’autorité […].
Plus d’une fois, mon patient –un homme scientifique moderne- fut saisi de panique en se rendant compte de l’emprise qu’exerçaient de telles pensées [ses rêves] sur son monde intérieur. Il craignit de perdre la raison alors que deux mille ans plus tôt, un homme eût accueilli de tels rêves avec joie ; il y eût puisé l’espoir d’une renaissance par l’esprit et d’un renouveau de vie.
Le rêve est un événement naturel et il n’y a pas de raison discernable pour supposer qu’il soit une invention rusée en vue de nous berner.
Si même la névrose n’avait d’autre origine que l’imagination, elle n’en serait pas moins une chose très réelle. Si un homme s’imaginait que je suis son pire ennemi et me tuait, par suite d’une simple imagination, je n’en serais pas moins mort. Les imaginations existent et peuvent être tout aussi réelles et tout aussi nuisibles et dangereuses que des dispositions physiques.
La religion est sans contredit une des manifestations les plus anciennes et les plus générales de l’âme humaine ; il est évident, par conséquent, que toute psychologie préoccupée de la structure psychologique de la personnalité humaine se devra à tout le moins de reconnaître que la religion n’est pas uniquement un phénomène social ou historique, mais qu’elle constitue aussi […] une importante question personnelle.
Peu importe ce que le monde pense de l’expérience religieuse ; celui qui l’a faite possède l’immense trésor d’une chose qui l’a comblé d’une source de vie, de signification et de beauté et qui a donné une nouvelle splendeur au monde et à l’humanité. Il a la foi (pistis) et la paix.
L’intention des philosophes était de transformer chimiquement la matière imparfaite en or, la panacée ou l’élixir vital ; mais philosophiquement ou mystiquement dans l’hermaphrodite divin, le second Adam, le corps glorifié, incorruptible de la résurrection, ou le lumen luminum, l’illumination de l’esprit humain, la sapientia. […] L’alchimie chinoise a produit la même idée, à savoir que le but du grand œuvre est la création du « corps de dimant ».
L’expérience formulée dans le mandala moderne est typique pour les êtres qui ne peuvent plus continuer à projeter l’image divine. Par suite du retrait et de l’introjection de cette image, ils se trouvent dans un réel danger d’inflation et de dissolution de leur personnalité. […]
Le mandala est la représentation et en même temps le support d’une concentration exclusive sur le centre, alias le Soi. Cet état est tout autre chose que de l’égocentrisme. Il constitue, au contraire, une concentration sur soi et une limitation à soi, hautement nécessaire, dans le but d’éviter l’inflation et la dissociation. […]
Dans le mandala moderne, c’est en quelque sorte l’homme, c’est-à-dire le tréfonds du Soi qui non pas remplace, mais symbolise, la déité.