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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Les tambours de la pluie restent bien silencieux durant ce siège interminable. La chaleur accable les assiégés ; elle offre une aide puissante aux assaillants. Et lorsqu'ils résonnent enfin, ils sonnent le glas de la bataille terrible ainsi que celui des destinées humaines qui se sont, des semaines durant, fracassées contre les murailles.

L'action de ce récit, entre conte et roman, se passe en Albanie, au milieu du 15ème siècle. Georges Kastriote Skanderbeg s'est révolté contre le sultan d'Istanbul, entraînant son pays dans une quête à la liberté qui trouve, en son chemin, le plus puissant empire de ce temps : l'empire ottoman. Tursun pacha, redoutable chef militaire, se trouve en charge de prendre une citadelle – c'est le nom du titre en albanais – que vient de quitter Skanderbeg.

Tout au long du récit, les armées ottomanes échouent contre les remparts. Les combats sont féroces, le sang coule à flot. La nuit, les Ottomans sont harcelés par Skanderbeg qui suscite l'effroi chez l'envahisseur. Ne reste bientôt plus qu'une obsession : quand viendra la pluie qui délivrera les assiégés et désespérera les assiégeants ?

Le récit tient du conte car il exalte la nation albanaise, qui s'est notamment forgée lors de ces guerres contre les Ottomans. La figure de Skanderbeg est un symbole sacré, celle du héros libérateur et invincible et qui concentre en lui toutes les valeurs de résistance et de liberté du peuple albanais.

Mais ce qui est intéressant, dans ce récit où se mêlent plusieurs destinées de personnages de rang divers - un historien, un janissaire, un maître fondeur de canons, le pacha, un astrologue … -, c'est que la parole est avant tout turque, et que seules quelques pages rendent compte de l'état d'esprit des assiégés. En montrant la force de l'empire – ses troupes innombrables et organisées, ses chefs valeureux, ses talents de techniciens –, Ismaïl Kadaré montre combien la détermination des Albanais est importante, eux qui n'ont même plus d'eau, quasi plus de vivres et leurs épées pour seules armes.

Kadaré opère, en ce récit, une habile transposition de ce qui se passa entre l'Albanie et l'URSS dans les années 1960 lorsqu'Enver Hoxha, mécontent de la politique de déstalinisation, rompit peu à peu avec le grand frère russe, qui était alors l'une des deux superpuissances de l'époque, pour essayer de trouver sa voie propre dans le socialisme. On peut aussi y voir une transposition dans un contexte médiéval albanais de l'Iliade d'Homère, dans laquelle les Albanais tiennent le rôle des Troyens – le cheval assoiffé qui cherche l'eau, n'est-il pas celui que les Grecs construisirent pour entrer dans Troie ? – face à une armée déterminée à passer autant de temps que nécessaire pour prendre la cité.
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