AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,16

sur 32 notes
5
2 avis
4
8 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Plus qu'un roman, c'est un témoignage sur la famille de l'auteure et sur l'histoire de la Lettonie au XXe siècle.

Un coup sous la coupe des Soviétiques, un coup sous celle des Allemands pour retourner sous domination soviétique, la Lettonie, comme les autres pays baltes n'a pas été ménagée. La population a forcément payé cher, très cher, ces différentes mises sous tutelles. Cela m'a renvoyé à "Purge" de Sofi Oksanen.

Main d'oeuvre gratuite, les Lettons ont été envoyé dans les camps de Sibérie comme tant d'autre peuples des républiques"soeurs" et l'enfer du Goulag recommence version lettone, froid, faim, coups, mépris, exploitation, usure des corps et des esprits...

Il manque à ce livre une qualité littéraire qui le rendrait plus attachant, plus émouvant mais sa valeur de témoignage mérite la lecture. Les petits pays baltes ont une histoire extrêmement douloureuse et je comprends la volonté d'être dans l'union Européenne et la peur,toujours présente, de leur belliqueux voisin.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          110
Ce témoignage m'a permis de découvrir une partie de la seconde guerre mondiale dont je ne connaissais rien : la déportation des Lettons au beau milieu de la Sibérie si hostile et implacable, dans des conditions de vie ignobles.
Et d'ailleurs plus largement une partie de l'histoire de la Lettonie.

Le livre est très bien écrit, tout en pudeur.
Parfois il est judicieux de se reporter à l'arbre généalogique de la famille pour ne pas se perdre dans les noms. Certains passages sont denses avec des annotations longues qui nécessitent une certaine concentration.

Un récit bouleversant et poignant, on se demande parfois comment on peut survivre dans de telles conditions. J'ai été très émue à certains passages.

Je recommande vivement.
Commenter  J’apprécie          90
Le destin de la famille de l'auteure est terrible !
Plus qu'une biographie, cette oeuvre de Sandra Kalniete est une mine d'or d'informations sur l'occupation de la Lettonie par l'URSS et la tragédie vécue par les Lettons. L'auteure s'appuie sur une bibliographie solide qu'elle cite en bas de pages pour étayer ses propos, donnant ainsi également à son ouvrage une valeur historique.
Ce livre est donc très intéressant pour en découvrir plus sur ce pays que je connaissais très peu et sur les horreurs ayant eu lieu là-bas, notamment avec les pertes de liberté, les abus de pouvoir, les massacres et les déportations abusives d'innocents, dont des enfants et des vieillards, les envoyant à une mort certaine. Sandra Kalniete insiste sur l'hypocrisie du communisme et des décisions mises en place, notamment sur l'importance de remplir les quotas pour être bien vus, quitte à déporter des personnes n'ayant rien fait. Elle souligne également le côté inhumain à envoyer des gens loin de chez eux, avec très peu pour survivre,
Une chose m'a également marquée : l'auteure est attristée de voir les Lettons traités de fascistes par des personnes ne cherchant pas plus loin les raisons du comportement des gens : ils ont acclamé l'arrivée des Allemands, pensant ainsi être libérés du joug russe, après avoir vécu une année très difficile d'occupation. Avec l'arrivée des Nazis, le peuple pensait reprendre leur indépendance, et ont donc manifesté leur joie. Mais ils ont vite déchanté par la suite, puisque les Allemands n'étaient pas mieux que les Russes... et idem, à la fin de la guerre, ils ont de nouveau étaient occupés. Quelle tragédie !

J'ai donc trouvé ce récit très instructif et assez touchant. L'auteure a beaucoup de tendresse pour sa famille et nous le ressentons dans son écriture. Comment ont-ils pu survivre à tour cela ? J'ai beaucoup aimé les lettres écrites par les membres de sa famille que Sandra Kalniete a inséré dans sa narration.
J'ai eu un tout petit peu de difficultés à me repérer dans les noms et les liens familiaux au début, mais je me suis habituée.
Commenter  J’apprécie          85
Ce roman format poche publié aux éditions des Syrtes nous raconte l'histoire d'une famille, celle de Sandra Kalniete, lettone, qui se plonge dans les souffrances de ses parents et de ses grands parents, victimes de la répression communiste. 

À travers ce récit, nous est relaté le sort, plus large, de la Lettonie qui va être conquise tour à tour par le régime soviétique puis le régime nazi avant de repasser sous la coupe communiste jusqu'à son indépendance en 1991.

Le sort de cette famille est symptomatique des atrocités commises par ces régimes totalitaires : arrestations arbitraires, tortures, déportation, relégation, simulacre de procès ... la liste est longue.
Mais au-delà de cette portée informative, c'est avant tout une histoire d'amour. 

L'amour d'une auteure qui, en parlant de son aïeul, au détour d'une phrase par un simple "Grand-père" nous révèle tout l'amour et le respect porté à cet homme qu'elle n'a pas eu la chance de connaître. 

C'est encore l'amour de parents faisant tout pour tenter de sauver leurs enfants. 
C'est aussi l'amour d'hommes et de femmes qui parvenaient, malgré l'indicible, à se marier et fonder des familles.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui apporte un témoignage édifiant sur les souffrances d'un peuple.
Lien : https://allylit.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          60
J'ai grandi à la fin de la Guerre froide, et le mot "goulag" m'est familier car mes parents l'employaient pour parler des opposants soviétiques et de leur famille qui étaient envoyés en Sibérie pour y vivre dans des conditions très difficiles sans espoir de retour.

Et c'est ce thème que le livre aborde. L'auteure, Sandra Kalniete, est née dans un camp de relégation et retrace dans ce livre l'expérience aussi douloureuse qu'inhumaine qu'a subie ses parents et ses grands-parents maternels et paternels à la suite d'une arrestation et d'une accusation aussi mensongère qu'arbitraire, en s'appuyant sur les archives soviétiques, des ouvrages d'historiens, et bien sûr les lettres et témoignages des membres de sa famille.

J'ai trouvé également intéressant d'en découvrir davantage sur l'histoire de la Lettonie. Pour être tout à fait franche, je ne connais pratiquement rien aux pays baltes, étant née au moment où ils n'étaient que des satellites de l'U.R.S.S.

J'ai ainsi appris que les Bolcheviks, lors de la 1ère Guerre mondiale, avaient installé des bases soviétiques en Lettonie où ils avaient perpétré de telles horreurs que les Lettons accueillirent les Allemands en 1941 comme des libérateurs. Les Soviétiques se servirent ensuite de cet épisode pour présenter auprès du reste de l'Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale les Lettons comme des fascistes et des antisémites.

Juste avant l'invasion allemande, une première grande déportation est préparée en grand secret par les Bolcheviks, provoquant la surprise des Lettons qui, ayant toujours vécu dans un état de droit, ne pouvaient imaginer l'arrestation d'innocents.

” Amis, connaissances et personnalités en vue disparaissaient. Une tension vigilante se lisait sur les visages. Les rires s'éteignaient ; le poison de la méfiance mutuelle, telle une araignée, tisait une toile qui engluait tout le pays.
(page 34)

En juin 1941, Ligita, la mère de l'auteure, et Emilija, sa grand-mère, sont arrêtées en pleine nuit, quelques jours avant le bal du lycée (les escarpins du titre sont ceux offerts par le frère de Ligita pour cette occasion). Elles sont rejointes par Janis, le grand-père, débusqué dans leur maison de campagne.

On assiste aux conditions inhumaines de leur longue déportation (les Bolcheviks n'ont rien à envier aux nazis) : parquage dans des wagons à bestiaux, promiscuité, épidémie, mort, etc...

A leur arrivée en Sibérie, les femmes sont séparées du chef de famille (Ligita n'apprendra la mort de son père qu'en 1999 alors que le décès était survenu à peine quelques mois après son arrestation). L'auteure nous livre un témoignage terrifiant et poignant sur leurs conditions de vie (ou plutôt de survie) : les corps, affaiblis par la malnutrition et l'absence d'hygiène, sont décharnés, couverts d'abcès purulents, de poux et de vermine. Les seuls vêtements qu'ils portent sont ceux qu'ils avaient sur le dos au moment de leur arrestation et se sont transformés en haillons incapables de les préserver du froid sibérien. Les déportés sont tellement affamés qu'ils n'hésitent pas à manger des charognes de cheval ou des rats crevés.
L'auteure nous décrit "un monde où les souffrances, la famine et la mort étaient quotidiennes" (page 159).
En 1946, un colis de victuailles,de vêtements et de draps envoyé par la famille rescapée les sauvent d'une mort certaine. Les femmes ne peuvent compter sur une amélioration de leurs conditions de vie car elles sont régulièrement transférées d'un lieu de relégation à un autre, leur faisant abandonner leur potager si durement acquis.

Bref, la lecture de ce livre est parfois insoutenable, toujours révoltante. On se demande comment des êtres humains ont pu participer à l'élaboration puis au maintien et au contrôle de ces déportations qui rabaissaient d'autres êtres humains au rang d'animaux. D'autant que la plupart étaient des innocents condamnés arbitrairement comme "ennemi de classe" dans une mascarade de justice, et qu'ils entraînaient dans leur chute toute leur famille.
Lien : http://parthenia01.eklablog...
Commenter  J’apprécie          50
"Lorsque sa femme quitta l'hôpital, mon père se rendit au soviet du village afin d'obtenir mon certificat de naissance. Ayant rempli les formalités, le commandant lui dit: "Aivars Aleksandrovitch, dorénavant, tous les 15 et 30 du mois, tu dois pointer pour ta fille." Et il poursuivit en riant : "Afin que nous soyons sûrs qu'elle n'a pas quitté le lieu de relégation." Mon père fut frappé de stupeur. Pendant la grossesse, ni lui ni ma mère n'avaient pris conscience de la réalité : dès sa naissance leur enfant était condamné "à la déportation à vie". A pas lourds, mon père retourna à la baraque. Il fustigea la légèreté avec laquelle il s'était laissé bercer par l'illusion d'un bonheur au nom duquel il avait condamné sa fille à vivre en Sibérie. "Charognards ! Pourritures ! Crapules !" hurla mon père intérieurement. de retour chez lui, il jeta un regard noir à ma mère et martela : "Nous n'enfanterons plus d'esclaves !" Je n'ai eu ni frère ni soeur. Deux mois plus tard mourut Staline.

Sandra Kalniete est Lettone. Elle est née en 1952 en Sibérie où ses parents purgeaient une peine de relégation. Sa mère avait été déportée en 1941 à l'âge de 14 ans, son père en 1949 à 17 ans. Cette femme a dix ans de plus que moi. Autant dire que c'est une contemporaine. C'est la première chose qui m'a frappée quand j'ai commencé cette lecture : la proximité des événements relatés.

A travers l'histoire de la famille Kalnietis c'est aussi une tranche d'histoire de la Lettonie et surtout du peuple letton qui est racontée. le 17 juin 1940, la Lettonie, indépendante depuis la fin de la première guerre mondiale est envahie par l'armée soviétique puis annexée à l'URSS le 5 août. La répression s'abat alors sur les "ennemis du peuple". Elle culmine en juin 1941 avec l'arrestation de 15 000 personnes dont la mère de l'auteure, Ligita Dreifelde, et ses parents. Les rafles donnent l'impression de ne pas être menées de façon très rigoureuse : la famille compte aussi trois grands fils mais comme ils ne sont pas à la maison au moment où la tchéka débarque, ils sont épargnés. Ils quittent le pays pour l'Ouest durant la guerre et Ligita ne reverra ses frères que 47 ans plus tard. le père de Ligita est envoyé au goulag où il meurt peu après, mère et fille assignées à résidence en Sibérie où la mère finira ses jours.

En juin 1941, c'est au tour de l'URSS d'être envahie par l'Allemagne. Dorénavant la Lettonie est fondue dans l'Ostland avec l'Estonie et la Lituanie. La roue tourne encore avec la défaite nazie et les Etats baltes se retrouvent à nouveau sous la domination soviétique. le père de l'auteure, Aivars Kalnietis, est déporté à son tour avec sa mère en mars 1949. Un petit frère de 12 ans reste seul au pays, le père ayant été condamné au goulag en 1945. Aivars et Ligita se sont rencontrés à Togour en Sibérie. En 1957 la famille a eu l'autorisation de rentrer en Lettonie.

Sandra Kalniete montre bien les différences de conditions de vie qu'ont affrontées les deux générations de déportés. En 1941 on est en pleine guerre mondiale, l'existence est on ne peut plus précaire, la famine récurrente, il s'agit de survivre. En 1949 ce n'est pas vraiment des vacances non plus mais le risque de mourir de faim s'est éloigné. Après la mort de Staline la famille profite d'un confort relatif : Aivars et Ligita ont construit une maison de leurs mains, lui est un ouvrier qualifié qui gagne correctement sa vie et elle reçoit des colis de ses frères installés au Canada.

Ce qui me touche aussi dans cette histoire terrible, c'est la séparation des familles. L'auteure a finement analysé les dégâts psychologiques que ces traumatismes ont causé sur ses proches.

Les souffrances endurées par cette famille ont également entraîné un attachement très fort à la culture nationale, accompagné du rejet de tout ce qui est "russe". Il s'agit de survivre en tant que peuple et on voit la mère d'Aivars s'inquiéter de ce que son fils puisse épouser une fille du kolkhoze : "Je préfèrerais le voir mort", disait grand-mère en terminant son histoire. Je n'étais qu'une enfant, mais en contemplant les visages en forme de galette des deux étrangères, je devinais ce que grand-mère avait du ressentir à l'époque."

Il me semble que cet attachement à son peuple conduit l'auteure à passer rapidement sur la période d'occupation de la Lettonie par l'Allemagne et à minimiser la responsabilité de Lettons dans des violences antisémites (ces faits sont néanmoins évoqués).

Pour écrire ce livre, Sandra Kalniete s'est appuyée sur les souvenirs de ses parents et d'autres déportés et sur les archives familiales. Avec l'ouverture des archives soviétiques après 1991, elle a pu aussi consulter les dossiers des membres de sa famille. C'est un vrai travail d'historienne qu'elle a mené et à ce titre il me semble que son ouvrage est une bonne source d'information. J'en ai apprécié la lecture.

Les Etats baltes font partie des "Terres de sang", des territoires qui ont particulièrement souffert pendant et après la seconde guerre mondiale.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
Commenter  J’apprécie          30
En escarpins dans les neiges de Sibérie n'est pas une fiction comme Purge c'est un témoignage. l'auteur raconte les déportations en 1941, 1945 puis 1949 des membres de sa familles. Elle ne se contente pas des témoignages oraux et des souvenirs. Elle exhumé les dossiers des archives, a dépouillé toute la correspondance et même le journal intime de sa mère et a fait oeuvre d'historienne corroborant toutes ses affirmations de notes citant ses sources. Elle a également replacé l'histoire familial dans un contexte plus général, letton et même européen . Ces analyses m'ont permis de comprendre ce qui était resté obscur à la lecture de Purge.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          30
Voici un livre que j'ai trouvé esseulé sur le banc d'un arrêt de bus un jour de pluie. La quatrième de couverture m'a persuadée que ce livre avait été posé là pour moi: "Je suis née au goulag le 22 décembre 1952 au village de Togour [...]. Deux fois par mois, mes parents devaient se rendre à la komendatoura pour pointer. Ainsi les instances de surveillances sociétiques s'assuraient que les déportés n'avaient pas quitté arbitrairement le lieu de relégation qui leur était assigné. Mes parents n'ont pas voulu offrir d'autres esclaves au pouvoir soviétique, je n'ai eu ni frère ni soeur".
Ce livre est prenant, tout d'abord parce qu'il raconte l'histoire d'une famille dans le tourbillon du 20ème siècle. le ton est personnel et l'émotion de la narratrice, Sandra, est palpable à chaque page. le livre décrit le quotidien de personnes en sursis, déportée dans un monde qui non seulement n'est pas le leur, mais qu'ils hantent pour des raisons qu'ils ne peuvent même pas appréhender.
Pourtant ce livre m'a intéressée bien au-delà de la charge émotionnelle qui peut être aux mots-valise que sont "Sibérie" et "goulag". Ce livre m'a passionnée car il m'a introduite dans le monde et l'histoire des républiques baltes. Hasard de calendrier ou synchronicité, j'ai lu ce livre au moment du Brexit, au moment où le mouvement de construction de l'Union européenne - qui cinquante ans durant a poussé de plus en plus d'Etats européens les uns vers les autres- semble se déliter.
Je dois avouer que la Lettonie est un pays qui me parle peu et que j'en sais peu de chose; mais le livre illustre à travers le prisme d'une famille, des destins plus larges: de l'indépendance de la petite Lettonie en 1918, à l'admission de la Lettonie dans l'URSS en 1940, à l'occupation allemande de 1941 à 1943, au retour des soviétiques, jusqu'à l'indépendance en 1991. Quel parcours...
D'un point de vue littéraire, ce n'est pas le style de ce récit qui m'a le plus ébloui: son auteur n'est visiblement pas de la partie. Mais je le conseille à quiconque souhaite pousser la porte d'une partie de l'Europe trop souvent méconnue en Europe de l'ouest.
Commenter  J’apprécie          00

Autres livres de Sandra Kalniete (1) Voir plus

Lecteurs (98) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1710 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}