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A part les historiens, qui sait encore aujourd'hui qu'au début du 20e siècle, la Lettonie était sur un pied d'égalité économique avec la Finlande? Qui se souvient que la Lettonie était un des pays européens où l'on retrouvait le plus d'intellectuels?
Par le choix de son gouvernement qui a cédé aux bolchéviques là où la Finlande a résisté, c'est tout un peuple qui a basculé dans la souffrance pour des décennies, engageant avec lui les futures générations.

Sandra Kalniete n'est pas encore ministre des affaires étrangères de Lettonie ou députée européenne au moment où elle décide de retracer le parcours de ses (arrières-grands)-parents. S'appuyant sur les souvenirs des survivants et sur les archives officielles qu'elle a pu dénicher, l'autrice déroule l'histoire de la Lettonie au 20e siècle en y intégrant sa famille.

De notre côté de l'Europe, nous n'avons pas une connaissance très pointue de ce qu'il s'est passé dans les pays baltes au moment de la montée du fascisme en Europe. Parce que, comme le dit l'autrice, au moment où Pétain posait les armes en France, "Le destin des petits états baltes était insignifiant comparé à la tragédie qui ébranlait l'Europe et le Monde". Et c'est un peu ce sentiment d'être les oubliés des hommes qui sourd à travers tout le récit. Personne pour arrêter les déportations vers la Sibérie, personne pour délivrer les lettons du IIIe Reich, personne pour arrêter les horreurs commises dans les camps de travail, personne pour s'opposer à Staline....

L'autrice documente chaque chiffre avancé, chaque fait historique... Vu qu'elle regrette que certains historiens, encore au début du 21e siècle, continuent de soutenir que les lettons étaient favorables à Hitler (alors que finalement ils étaient dans la même situation que la France de Pétain), je pense qu'elle a voulu à tout prix ne pas être prise en défaut, sur le moindre petit détail. Ce qui était intéressant pour le lecteur, c'est qu'elle a fait le choix d'insérer certaines explications plus politiques ou techniques dans des notes en bas de page, permettant ainsi le poursuite d'une lecture fluide dans le texte.

Même si le prétexte est de rendre hommage aux membres de sa famille qui ont beaucoup souffert, à qui on a enlevé de nombreuses années de bonheur quand ce n'était pas la vie tout court, l'autrice participe également à une certaine réhabilitation du peuple letton à la face du monde. En effet, son récit est bien plus vaste que celui de sa famille, ne fut-ce que parce que beaucoup d'événements n'ont pu lui être racontés de première main, faute de témoin direct vivant. Sandra Kalniete a donc reconstituté minutieusement des parcours, des époques, des lieux... On peut imaginer le travail de fourmi qu'il y a derrière ces pages, et les larmes aussi certainement.
Un de ces livres à lire pour ne pas que l'histoire se répète...

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Cet ouvrage, très émouvant, retrace l'histoire familiale de Sandra Kalniete, née en 1953 en déportation en Sibérie, de parents lettons déportés respectivement en 1941 et 1949 alors qu'innocents et victimes de la machine à broyer soviétique. Sandra Kalniete en fait un ouvrage plus général sur l'histoire récente de la Lettonie, depuis l'indépendance de la Lettonie le 18 novembre 1918 et surtout à travers les péripéties de la seconde guerre mondiale, le traité de Brest-Livotsk qui donne lieu à la première occupation soviétique de “protection mutuelle” de 1940, la libération par l'Allemagne nazie de 1941 et la seconde occupation soviétique qui commencera en 1942.

A ce niveau-là, j'ai appris plein de choses, Sandra Kalniete s'étant aussi donné pour objectif de démentir les soupçons de fascisme et de soutien de l'Allemagne nazie qui pèse sur le peuple letton, expliquant que les allemands avaient été accueillis en libérateur car les soviétique avaient déjà commencé à mettre en place un système de terreur (la mère de 14 ans de l'auteur a été déportée avec ses parents pendant la première année d'occupation car “ennemie de classe”). le joug allemand n'a pas été plus tendre pour les lettons et pris entre l'enclume et le marteau, ceux-ci auraient aimé redevenir indépendants à la fin de la guerre et être soutenus par les alliés qui les ont abandonnés.

Ce livre m'a beaucoup émue et je crois que je l'ai lu du début à la fin avec une boule dans la gorge, sans que Sandra Kalniete ne cherche à tomber dans le mélodramatique. J'ai été émue par le courage des déportés face à leurs conditions de vie, la solidarité, l'amitié qui peut éclore dans les situations les plus difficiles; par le basculement des vies du jour au lendemain; par le silence par lequel les parents de Sandra Kalniete l'ont protégé, enfant, lorsqu'elle rentrait de l'école imprégnée de propagande soviétique ; par le choix des parents de Sandra de ne plus “offrir d'esclaves à l'empire soviétique” ; par l'amour inconditionnel des grands-mères de Sandra Kalniete.

J'ai ensuite été glacée par la description de la machine bureaucratique soviétique et par les interrogations de l'auteur qui parsème le texte : pourquoi les soviétiques ont tenu à avoir des parodies de justice auxquelles personne ne croyait (fabrication de preuves, signature d'interrogatoire dans des langues que ne comprenaient pas les détenus, faux témoignages de personnes décédés…)? Comment la propagande soviétique pouvait fonctionner aussi efficacement même chez les enfants des déportés koulaks? Quels effets post-traumatiques les déportations ont pu avoir sur ses parents et sur le peuple letton ? Et je pense aussi à tous les autres peuples qui ont subi ces déportations de masse, presque génocidaires (tchétchènes, ingouches, baltes…). le livre est très bien documenté, même si l'auteur déplore que certaines archives ne soient pas encore accessibles aux historiens et aux chercheurs.

Une lecture nécessaire qui m'a énormément émue. le travail effectué est remarquable, exorcisant les démons familiaux en les rattachant à la grande histoire et montrant l'infamie de ces déportations en les ramenant au niveau de vies humaines.
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Plus qu'un roman, c'est un témoignage sur la famille de l'auteure et sur l'histoire de la Lettonie au XXe siècle.

Un coup sous la coupe des Soviétiques, un coup sous celle des Allemands pour retourner sous domination soviétique, la Lettonie, comme les autres pays baltes n'a pas été ménagée. La population a forcément payé cher, très cher, ces différentes mises sous tutelles. Cela m'a renvoyé à "Purge" de Sofi Oksanen.

Main d'oeuvre gratuite, les Lettons ont été envoyé dans les camps de Sibérie comme tant d'autre peuples des républiques"soeurs" et l'enfer du Goulag recommence version lettone, froid, faim, coups, mépris, exploitation, usure des corps et des esprits...

Il manque à ce livre une qualité littéraire qui le rendrait plus attachant, plus émouvant mais sa valeur de témoignage mérite la lecture. Les petits pays baltes ont une histoire extrêmement douloureuse et je comprends la volonté d'être dans l'union Européenne et la peur,toujours présente, de leur belliqueux voisin.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Ce témoignage m'a permis de découvrir une partie de la seconde guerre mondiale dont je ne connaissais rien : la déportation des Lettons au beau milieu de la Sibérie si hostile et implacable, dans des conditions de vie ignobles.
Et d'ailleurs plus largement une partie de l'histoire de la Lettonie.

Le livre est très bien écrit, tout en pudeur.
Parfois il est judicieux de se reporter à l'arbre généalogique de la famille pour ne pas se perdre dans les noms. Certains passages sont denses avec des annotations longues qui nécessitent une certaine concentration.

Un récit bouleversant et poignant, on se demande parfois comment on peut survivre dans de telles conditions. J'ai été très émue à certains passages.

Je recommande vivement.
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Le destin de la famille de l'auteure est terrible !
Plus qu'une biographie, cette oeuvre de Sandra Kalniete est une mine d'or d'informations sur l'occupation de la Lettonie par l'URSS et la tragédie vécue par les Lettons. L'auteure s'appuie sur une bibliographie solide qu'elle cite en bas de pages pour étayer ses propos, donnant ainsi également à son ouvrage une valeur historique.
Ce livre est donc très intéressant pour en découvrir plus sur ce pays que je connaissais très peu et sur les horreurs ayant eu lieu là-bas, notamment avec les pertes de liberté, les abus de pouvoir, les massacres et les déportations abusives d'innocents, dont des enfants et des vieillards, les envoyant à une mort certaine. Sandra Kalniete insiste sur l'hypocrisie du communisme et des décisions mises en place, notamment sur l'importance de remplir les quotas pour être bien vus, quitte à déporter des personnes n'ayant rien fait. Elle souligne également le côté inhumain à envoyer des gens loin de chez eux, avec très peu pour survivre,
Une chose m'a également marquée : l'auteure est attristée de voir les Lettons traités de fascistes par des personnes ne cherchant pas plus loin les raisons du comportement des gens : ils ont acclamé l'arrivée des Allemands, pensant ainsi être libérés du joug russe, après avoir vécu une année très difficile d'occupation. Avec l'arrivée des Nazis, le peuple pensait reprendre leur indépendance, et ont donc manifesté leur joie. Mais ils ont vite déchanté par la suite, puisque les Allemands n'étaient pas mieux que les Russes... et idem, à la fin de la guerre, ils ont de nouveau étaient occupés. Quelle tragédie !

J'ai donc trouvé ce récit très instructif et assez touchant. L'auteure a beaucoup de tendresse pour sa famille et nous le ressentons dans son écriture. Comment ont-ils pu survivre à tour cela ? J'ai beaucoup aimé les lettres écrites par les membres de sa famille que Sandra Kalniete a inséré dans sa narration.
J'ai eu un tout petit peu de difficultés à me repérer dans les noms et les liens familiaux au début, mais je me suis habituée.
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Je ne m'attendais pas à être aussi happée par le récit en partie autobiographique de Sandra Kalniete, qui nous narre les tourments de ses arrières-grands-parents, de ses grands-parents et de ses parents, qui eurent la malchance de naître dans un petit État balte considéré au mieux comme une épine dans le pied des grandes puissances, au pire comme une province disputée, voire comme un "Lebensraum" qui reviendrait de droit à un peuple supérieur.

En escarpins dans les neiges de Sibérie permet d'ailleurs de briser certains mythes ou méconnaissances liées à la Lettonie ; on y découvre par exemple que le niveau de vie y était supérieur à celui de la Finlande au début du 21e siècle, et de retracer l'histoire de sa population, bringuebalée entre un Empire sur le déclin et la mainmise d'une bourgeoisie prusse sur les terres, puis entre un voisin (envahisseur) soviétique prompt à considérer tout individu comme suspect de n'importe quel crime et une puissance fasciste persuadée de son bon droit sur tout territoire qui viendrait servir la croissance de son peuple élu parmi tant d'autres...

A travers l'histoire de sa famille, l'auteur nous laisse deviner la société lettone: la fierté envers leur capitale, l'impression d'être bien élevé par rapport aux rustres de leur grand voisin, l'ouverture au monde et les nombreux voyages lorsque cela leur était permis, et de mesurer ce qu'ils ont perdu lors des annexions successives de l'URSS et du Reich, qui se sont tous deux évertués à déporter en masse et à imposer le travail forcé aux Lettons. Les séparations des familles, les déportations dans les confins sibériens, la difficulté de la vie sur place, les espoirs déçus et incompris envers une justice mise en scène malgré son absurdité profonde sont autant d'épreuves que durent affronter la famille de l'auteur, qui nous les restitue factuellement, avec un style presque mécanique.

Les transgressions concernant le travail d'historienne de Sandra Kalniete s'imbriquent de manière cohérente dans le récit, et permettent de souligner l'incroyable obsession de tout consigner par écrit de l'URSS, sans souci aucun de l'absurdité des décisions prises ou de l'absence totale de rationalité derrière cette machine à déporter. le récit de l'aller-retour subi par la mère de l'auteur m'a particulièrement marquée, et m'a éclairée sur un pan de l'histoire que je ne connaissais pas du tout : une partie des enfants lettons déportés en Sibérie ont eu le droit de revenir en Lettonie, lavés de leurs péchés...Qui leur ont été à nouveau reprochés quelques années plus tard, et punis d'une solution toute simple : la déportation, une seconde fois!

Un vrai coup de coeur que j'ai lu d'une traite, et qui m'a beaucoup fait penser aux romans Quand les colombes disparurent de Sofi Oksanen, Éducation européenne de Romain Gary, ou encore à la poésie d'Akhmatova dans Requiem : Poème sans héros et autres poèmes.

A lire d'urgence pour toute personne qui demeurerait encore perplexe face aux réactions des pays baltes lors de l'invasion russe de l'Ukraine : les souvenirs de ce qu'ils ont subi ces 70 dernières années sont toujours présents, et inscrits dans leur généalogie.
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Ce roman format poche publié aux éditions des Syrtes nous raconte l'histoire d'une famille, celle de Sandra Kalniete, lettone, qui se plonge dans les souffrances de ses parents et de ses grands parents, victimes de la répression communiste. 

À travers ce récit, nous est relaté le sort, plus large, de la Lettonie qui va être conquise tour à tour par le régime soviétique puis le régime nazi avant de repasser sous la coupe communiste jusqu'à son indépendance en 1991.

Le sort de cette famille est symptomatique des atrocités commises par ces régimes totalitaires : arrestations arbitraires, tortures, déportation, relégation, simulacre de procès ... la liste est longue.
Mais au-delà de cette portée informative, c'est avant tout une histoire d'amour. 

L'amour d'une auteure qui, en parlant de son aïeul, au détour d'une phrase par un simple "Grand-père" nous révèle tout l'amour et le respect porté à cet homme qu'elle n'a pas eu la chance de connaître. 

C'est encore l'amour de parents faisant tout pour tenter de sauver leurs enfants. 
C'est aussi l'amour d'hommes et de femmes qui parvenaient, malgré l'indicible, à se marier et fonder des familles.

J'ai beaucoup apprécié cette lecture qui apporte un témoignage édifiant sur les souffrances d'un peuple.
Lien : https://allylit.wordpress.co..
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Journal de la déportation et de la relégation d'une famille lettone avant et après la guerre. Avant, immédiatement après l'invasion des pays baltes suite au pacte Staline-Hitler, ensuite après la “libération” par l'armée rouge et enfin à la fin des années 40, sans doute dans un souci de pureté idéologique de la part du NKVD. L'auteur qui est née en déportation an Sibérie raconte à hauteur d'homme ce que fut la misère absolue de sa famille dans les sombres et sinistres provinces du socialisme triomphant : le froid, la gadoue, la faim permanente, la peur, la terreur… Elle raconte les espoirs du retour, le bonheur absolu lors de la réception d'une lettre, le combat permanent pour ne pas mourir de faim. Une expérience parmi les milliers, les millions de vies détruites par les crimes communistes vers l'avenir radieux.
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J'ai grandi à la fin de la Guerre froide, et le mot "goulag" m'est familier car mes parents l'employaient pour parler des opposants soviétiques et de leur famille qui étaient envoyés en Sibérie pour y vivre dans des conditions très difficiles sans espoir de retour.

Et c'est ce thème que le livre aborde. L'auteure, Sandra Kalniete, est née dans un camp de relégation et retrace dans ce livre l'expérience aussi douloureuse qu'inhumaine qu'a subie ses parents et ses grands-parents maternels et paternels à la suite d'une arrestation et d'une accusation aussi mensongère qu'arbitraire, en s'appuyant sur les archives soviétiques, des ouvrages d'historiens, et bien sûr les lettres et témoignages des membres de sa famille.

J'ai trouvé également intéressant d'en découvrir davantage sur l'histoire de la Lettonie. Pour être tout à fait franche, je ne connais pratiquement rien aux pays baltes, étant née au moment où ils n'étaient que des satellites de l'U.R.S.S.

J'ai ainsi appris que les Bolcheviks, lors de la 1ère Guerre mondiale, avaient installé des bases soviétiques en Lettonie où ils avaient perpétré de telles horreurs que les Lettons accueillirent les Allemands en 1941 comme des libérateurs. Les Soviétiques se servirent ensuite de cet épisode pour présenter auprès du reste de l'Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale les Lettons comme des fascistes et des antisémites.

Juste avant l'invasion allemande, une première grande déportation est préparée en grand secret par les Bolcheviks, provoquant la surprise des Lettons qui, ayant toujours vécu dans un état de droit, ne pouvaient imaginer l'arrestation d'innocents.

” Amis, connaissances et personnalités en vue disparaissaient. Une tension vigilante se lisait sur les visages. Les rires s'éteignaient ; le poison de la méfiance mutuelle, telle une araignée, tisait une toile qui engluait tout le pays.
(page 34)

En juin 1941, Ligita, la mère de l'auteure, et Emilija, sa grand-mère, sont arrêtées en pleine nuit, quelques jours avant le bal du lycée (les escarpins du titre sont ceux offerts par le frère de Ligita pour cette occasion). Elles sont rejointes par Janis, le grand-père, débusqué dans leur maison de campagne.

On assiste aux conditions inhumaines de leur longue déportation (les Bolcheviks n'ont rien à envier aux nazis) : parquage dans des wagons à bestiaux, promiscuité, épidémie, mort, etc...

A leur arrivée en Sibérie, les femmes sont séparées du chef de famille (Ligita n'apprendra la mort de son père qu'en 1999 alors que le décès était survenu à peine quelques mois après son arrestation). L'auteure nous livre un témoignage terrifiant et poignant sur leurs conditions de vie (ou plutôt de survie) : les corps, affaiblis par la malnutrition et l'absence d'hygiène, sont décharnés, couverts d'abcès purulents, de poux et de vermine. Les seuls vêtements qu'ils portent sont ceux qu'ils avaient sur le dos au moment de leur arrestation et se sont transformés en haillons incapables de les préserver du froid sibérien. Les déportés sont tellement affamés qu'ils n'hésitent pas à manger des charognes de cheval ou des rats crevés.
L'auteure nous décrit "un monde où les souffrances, la famine et la mort étaient quotidiennes" (page 159).
En 1946, un colis de victuailles,de vêtements et de draps envoyé par la famille rescapée les sauvent d'une mort certaine. Les femmes ne peuvent compter sur une amélioration de leurs conditions de vie car elles sont régulièrement transférées d'un lieu de relégation à un autre, leur faisant abandonner leur potager si durement acquis.

Bref, la lecture de ce livre est parfois insoutenable, toujours révoltante. On se demande comment des êtres humains ont pu participer à l'élaboration puis au maintien et au contrôle de ces déportations qui rabaissaient d'autres êtres humains au rang d'animaux. D'autant que la plupart étaient des innocents condamnés arbitrairement comme "ennemi de classe" dans une mascarade de justice, et qu'ils entraînaient dans leur chute toute leur famille.
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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La lecture de Purge de Sofi Oksanen m'a bien sûr énormément plu, par delà ce roman j'ai voulu en savoir un peu plus sur cette histoire des Pays Baltes, le livre de Sandra Kalniete" En escarpins dans les neiges de Sibérie" est venu m'éclairer et du même coup apporter un complément bienvenu au livre de Sofi Oksanen.

Deux petits pays qui ont vécu des tourments identiques et ont retrouvé leur liberté au début des années 90. Ce que Sofi Oksanen a si bien su rendre dans son roman qui se déroule en Estonie trouve un écho très fort dans le récit familial de Sandra Kalniete qui lui vient de Lettonie.
Pour mieux comprendre ce qui s'est passé dans ces pays une carte des années 20 qui montre les deux pays pris en étau entre l'Allemagne belliqueuse et expansionniste et la Russie soviétique prête à faire main basse sur la Pologne, la Finlande et les Pays Baltes

La Lettonie connaît quelques années d'indépendance pendant lesquelles le niveau de vie croît, la vie est douce, la jeunesse studieuse (le plus fort taux d'étudiants de l'Europe de cette période).
La signature du Pacte Germano-Soviétique va marquer la fin de cette indépendance et pendant 50 ans les Pays Baltes vont connaître invasions barbares et oppression politique sous le joug communiste.
Ce sont trois vagues qui vont se succéder : L'URSS occupe les territoires sitôt le Pacte signé, la population subit une première vague d'arrestations, exécutions, déportations. Les familles, les individus sont convoyés vers la Sibérie, vers des camps de travail ou des Kolkhozes.

Dans son livre Sandra Kalniete décrit le martyr de son grand-père maternel qui mourra en captivité, de sa grand-mère et de sa mère déportées toutes deux. Elles vont devoir survivre aux maladies, au travail forcé, à l'absence de nouvelles du reste de la famille, et surtout à la terrible famine qui va les accompagner les 10 premières années de cet exil forcé.
Elle décrit la joie qui nous parait stupéfiante, lors de l'occupation allemande car pour les Lettons tout valait mieux que les communistes. Une partie de la population collaborera comme dans tous les pays envahis et une partie de la population masculine sera contrainte de rejoindre les rangs de l'armée allemande pour combattre sur le front russe.
C'est lors de la déroute allemande et de la nouvelle invasion soviétique que la famille de son père est arrêtée et déportée.
La mère de l'auteur Ligita et son père Aivars se rencontrent en Sibérie,
Elle n'aura ni frère ni soeur « Nous n'enfanterons plus d'esclaves » décidèrent ses parents lorsque la police leur demanda d'inscrire leur fille bébé sur la liste des déportés.
La mort de Staline apporte quelques améliorations à la vie des prisonniers mais il faut attendre 1957 pour que la famille soit autorisée à rentrer en Lettonie.
Sandra Kalniete s'engage dans le combat politique et la lutte pour l'indépendance de la Lettonie dans les années 80. Ce n'est qu'en 1994 que tous les membres de sa famille seront définitivement réhabilités.

J'ai aimé ce témoignage qui éclaire une période très sombre dans ces pays, on sent dans le récit l'incompréhension devant l'inertie des alliés à la fin de la guerre face à l'URSS toute puissante, les peuples de ces pays se sentent les oubliés de l'histoire.
Sur certains sites j'ai trouvé des réactions sévères à ce livre et Sandra Kalniete est accusée comme le gouvernement Letton de faire silence sur le sort des juifs de Lettonie et sur une adhésion au fascisme des habitants.
On sait que le sort des juifs dans les Pays Baltes fut terrible et Sandra Kalniete y fait quelques brèves allusions mais défend le peuple Letton sur ce sujet. Ceci n'enlève rien à la réalité du sort de sa famille tant paternelle que maternelle.
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