Ici, on pouvait être puni parce qu'on chuchotait dans les rangs, mais aussi parce qu'on se faisait mal en travaillant, que l'on attrapait la fièvre, lorsque la nuit vous fait grelotter sous la couverture trop mince. Le règlement était parsemé d'embûches, de pièges dans lesquels il ne fallait pas tomber.
La nourriture doit être substantielle mais commune, les vêtements grossiers et la discipline sévère afin que I'éducation correctionnelle des jeunes délinguants conserve le caractère d'intimidation qu'elle ne doit pas cesser d'avoir, sous peine d'ébranler la morale publique. (Règlement de la colonie agricole pénitentiaire de Clairvaux)
Mais au bout de quelques semaines, j'ai entendu dire qu'un colon palefrenier était tombé malade brutalement, et surtout, gravement. Certains pensaient qu'il était plutôt tombé sous les coups d'un gardien aviné.
Il fallait se rendre à l'évidence, nous n'étions plus rien, perdus au milieu des des forêts, détestés par la plupart des gens [...]; Nous n'étions plus rien, à peine des numéros, des ombres, sous le béret réglementaire, la veste de toile [...]. L'espoir s'était envolé avec les nuages qui nous survolaient dans le ciel.