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Une pièce coup de poing. L'expression trouve tout son sens ici. Ca fait mal à lire, ça assomme. Est-ce que c'est bien ? Il faut déjà essayer de retrouver tous ses sens pour donner une réponse claire.

L'auteur Sarah Kane ne nous épargne rien. Vous me direz qu'elle ne s'est rien épargné à elle non plus puisqu'elle s'est suicidée à l'âge de 28 ans. Comme souvent après une lecture, ma critique en emprunte les codes, donc désolé d'être un peu abrupt.

On a parfois l'impression d'un catalogue de tout ce qui devrait être a priori impossible de montrer sur scène. On se demande à un moment s'il y a un sens derrière... Oui forcément... Parfois on en doute... Et puis on se dit que...quand même... tout ça pour rien ?

Il y a dans cette pièce tout le désespoir face au monde d'une femme qui finira par préférer quitter la vie d'elle-même. L'horreur de la guerre, l'horreur de l'amour, l'horreur du sexe. Ce n'est pas du théâtre de l'absurde comme on l'a découvert avec Beckett ou Ionesco, c'est du théâtre de l'absurdité de la vie.

J'aime plutôt les textes qui me provoquent, me bouleversent, cherchent à me sortir de mon confort... mais j'avoue que j'ai du mal à me positionner face à ce texte tellement dérangeant qu'on hésite entre génie et provocation gratuite.

Depuis que j'ai pris conscience du peu d'auteurEs dramatiques, je m'efforce de chercher à en lire le plus possible, car c'est notre seul pouvoir de lecteur pour qu'il y en ait de plus en plus. Certains regretteraient l'absence de femmes comme auteures de pièces en expliquant tout ce qu'elles pourraient y apporter: la tendresse, la compréhension, l'empathie, le romantisme. Ce sont des regrets éminemment sexistes... et Sarah Kane vient cracher au visage de ces bien-pensants son texte extrême. Et rien que pour ça, elle mérite le respect.
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"Anéantis" est du grand théâtre. La guerre s'y dévoile comme le pire des cauchemars que peut vivre l'humanité, sauf que ce n'est pas un cauchemar, et qu'on ne s'en réveille pas. Après l'horreur, une autre horreur, toujours, jusqu'à l'anesthésie et la mort.
La puissance de l'écriture de Sarah Kane ne brise pas la complexité des situations et les sentiments sont rendus à la perfection dans leurs subtils renversements : comment l'amour peut s'exprimer dans un macabre jeu de pouvoir ; comment on glisse du rôle de victime à celui de bourreau ; comment celui qui croit n'avoir plus rien à perdre a encore tout à perdre ; comment l'instinct nourricier se conserve au seuil de l'anéantissement ; comment enfin le collectif, sombre et implacable, se substitue à l'individuel lors des "grandes marées".
Sarah Kane a écrit ce texte à 25 ans. Elle est incontestablement une grande artiste et une visionnaire.
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Je suis perplexe face à ce texte particulier, d'une violence extrême certes, mais à la narration parfaitement maîtrisée.
Je ne suis pas sûre d'avoir compris tous les tenants et les aboutissants de ce drame moderne, dans lequel deux anciens "amants" dont on ne saura pas grand chose, sont confrontés à une violence pure.
Il y a de la violence physique mais d'abord psychologique entre les deux personnages principaux dont la relation est plus que malsaine.
Cependant je ne pense pas que cette pièce fasse l'apologie de la violence, au contraire cela devait être une forme de dénonciation pour l'auteure, mais je pense qu'elle doit être proche de l'insoutenable à voir jouer sur scène.
La forme du texte est parfaite que ce soient les dialogues ou les didascalies.
Difficile à juger cette pièce...
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La première fois que j'ai lu « Anéantis » de Sarah Kane, j'ai été étouffée par la violence du texte. Une violence extrême, tant dans le choix des mots que physique et morale. D'ailleurs, l'auteure a été souvent accusée d'écrire des obscénités.
L'histoire : dans une chambre d'hôtel, un couple atypique qui ne s'aime plus cherche un moyen de raviver la passion, par le sexe et la brutalité. Une bombe explose, détruisant le lieu. Un homme déboule. le couple bascule dans l'enfer.
Des personnages en marge de la société. Qui malgré leurs actes, malgré la surenchère incessante dans l'horreur – du racisme, au viol en passant par le supplice jusqu'à l'anthropophagie – conservent au fond d'eux une part de poésie et d'humanité. Sarah Kane ne fait pas dans ce texte l'apologie de la barbarie. Elle traite de combats, ceux que l'on mène contre soi, ceux que l'on mène pour survivre, ceux que des voisins plus ou moins lointains mènent par idéologie ou folie et qu'on fait semblant de ne pas voir… À travers ces horreurs, l'auteure dénonce les guerres et la violence. Et, c'est l'impression que j'ai eue en tout cas, dénonce « notre voyeurisme et notre immobilisme » devant la cruauté des faits divers qui passent à la télévision.
Ce texte m'a dégoûtée. Assommée. La seconde fois que je l'ai lu, j'ai été révoltée. Et enfin anéantie car après tout, je ne suis rien de plus, moi non plus, qu'une spectatrice lambda qui se repaît des détails scabreux de la presse quotidienne et continue égoïstement son chemin.
Âmes sensibles, passez votre chemin, ne lisez pas cette pièce…
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Comme son titre l'indique, Anéantis détruit tout sur son passage : l'amour, le corps, les certitudes du spectateur, les clichés, le texte, et même la scène qui finit par exploser ! On suit la relation pour le moins malsaine entre Cate, une jeune femme bègue et fragile, et Ian, un journaliste à scandales, tueur à gages à ses heures perdues, et en train de mourir d'un cancer. A la violence verbale et physique de leurs échanges se substitue bientôt celle du soldat qui vient ravager Ian. Sublime et poétique réflexion sur la violence qui habite tout un chacun et n'est jamais innocente, Anéantis est une pièce crue, sans concession, et qui pourtant, comme toutes les oeuvres de Kane, se clôt dans un possible élan d'amour qu'il ne tient qu'à nous de construire.
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Je suis très habitué à lire et apprécier les oeuvres de cette dramaturge britannique. Pourtant celle-ci m'a laissé un peu plus de marbre. Je pense que c'est dû à une mauvaise expérience sur un autre de ses textes, quand je travaillais sur Manque. J'aime bien mais ça n'a pas étanché ma soif d'expérience théâtrale forte.
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Âmes sensibles s'abstenir, cette pièce de théâtre m'a menée au bord de l'écoeurement. Voilà qui interroge singulièrement notre appétit vicieux de faits divers sanglants et notre curiosité morbide. Qui osera assumer son voyeurisme jusqu'au bout après ça?

______________________

L'auteure (contemporaine) était très jeune. J'ai consulté sa biographie sur internet. Vous remarquerez que je déroge à tous mes principes en ce moment... Il y a des périodes comme ça où on n'est plus libre d'être soi-même. Espérons que ce n'est pas fait pour durer. Je disais donc qu'elle était très jeune à l'époque, elle s'est d'ailleurs suicidée peu de temps après, an 1999, à l'âge de 28 ans.

Elle a été traitée de folle par les critiques ai-je lu... Je n'irai pas jusque là, mais effectivement, on sent dans ce texte, Anéantis, qu'elle ne devait pas vivre parmi les bisounours...

Le texte (très court, 90 pages) est découpé en cinq scènes. Tout se passe dans une chambre d'hôtel.

Un journaliste d'age mûr y abuse d'une jeune fille, cherche à la dominer, à coucher avec elle, l'humilie. Tout ceci à grand renfort de termes très crus (Premiers mots de la pièce: "J'ai chié"), de revolver brandi, de masturbation et de propos homophobes. A partir de la scène trois, la chambre est éventrée par un tir de mortier et l'histoire se trouve en quelque sorte symboliquement déplacée en contexte de guerre... Enfin, c'est ce que je comprends mais ne vous fiez pas trop à cette affirmation.

Arrive un soldat, qui va reproduire sur Ian (l'homme abject du début) des atrocités telles que viol, énucléation (il mange les yeux de sa victime) tout en expliquant que rien ne compte, que la violence contre la personne est relative, face à la violence organisée des peuples.

« le fusil est né ici-bas et ne mourra pas. Je peux pas faire un drame de ton cul ».

A la fin, la sexualité se mêle à la mort et au cannibalisme...

Vous l'aurez compris, pas le genre de texte devant lequel on peut s'endormir ou s'ennuyer. Je plains les spectateurs, s'ils n'ont pas été prévenus... Pour la sortie en famille, oubliez.

Au début, je l'avoue, c'était un peu too-much pour moi. Trop de termes sexuels, une violence trop "en vitrine" au point d'en avoir un petit côté absurde. Et j'en ai plaisanté. Je lisais à Amour quelques passages croustillants (ceux sur les fellations par exemple) en les assortissant de commentaires personnels. Mais plus j'avançais dans ma lecture, moins j'avais envie de rire. Et j'ai même fini par avoir la nausée. Ce qui ne m'est pas arrivé souvent. (Les tombes, Médina - excellent livre au demeurant)

Le fond de l'histoire, à mon avis, c'est de nous positionner par rapport à tout ce dont nous sommes abreuvés dans les médias, notamment en ce qui concerne les guerres "à l'extérieur" c'est à dire qui ne nous concernent pas et dont on ne mesure pas la violence, ou mal...

Nous sommes là en posture de voyeurs, face au sexe, face à la force brute, à l'humiliation quotidienne à laquelle on ne prête même plus attention et face à cette barbarie de la guerre, qui semble ne même pas concerner notre société protégée. La pièce réussit à faire en sorte que nous nous regardions nous-même en train de voir tout ça exactement au moment même où nous sommes fascinés malgré nous par ce spectacle... Assez fort en vérité... Déroutant.

Quelles sont mes chances de trouver quelqu'un qui a lu ce texte pour débattre de la psychologie de la fille, Cate? Je n'arrive pas à statuer sur son rôle...
Lien : http://talememore.hautetfort..
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Viol, domination, pratiques sexuelles violentes, cannibalisme, énucléation. Tel est le début, le mi-temps et la fin d'Anéantis. Pas de répit pour les braves, l'autrice ne vous donnera pas l'occasion de reprendre votre souffle pour tenter de juguler la nausée qui monte.
C'est d'abord la violence d'un homme sur une femme qui devient à son tour victime d'un militaire qui a oublié comment on est un être humain.
Au début j'ai trouvé que c'était trop, trop de violence, trop loin, trop de justifications faciles à des actes barbares. Avant de me rendre compte que mon malaise face à cette lecture est aussi le reflet d'une réalité : tout ça n'est pas qu'une fiction. La guerre existe, les atrocités qu'elles drainent dans son sillage aussi, la banalisation de la violence qui entraîne une déshumanisation opportune pour assouvir toutes ses pulsions tient la place de choix de 9 JT sur 10. Alors oui, la pièce est violente, elle l'est sciemment, elle est aussi le reflet de ce qu'un homme peut être. C'est aussi à ça que sert la littérature.
Quelle place pour la femme lesbienne dans cette historie ? Celle de l'insulte bien-sûr, la gouine, la gousse, la lécheuse de fente…
Pour public avertis.
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J'aime beaucoup les pièces de théâtres dont la mise en scène est déjà dans l'écriture (en dehors des didascalies bien sûr). L'atmosphère et, presque, les gestes sont déjà dans les paroles.
Anéantis est une pièce sur l'horreur de la la guerre. J'ai décelé deux niveaux, horribles chacun à leur façon.
Tout d'abord, ce couple dans une chambre d'hôtel dont les sous-entendus et les détails de la conversation laissent à penser que la relation est malsaine. Cate est une jeune femme influençable et émotive qui a probablement été abusée très jeune par l'homme, Ian, qui a peut-être été son beau-père. Cate entrevoit la possibilité de commencer vraiment sa vie propre avec un travail et un petit ami tandis que Ian, paranoïaque, veut jouir encore de tous les plaisirs avant de mourir.
Le second niveau, évidemment, c'est la guerre qui déboule sur la ville, sur l'hôtel et sur la chambre sous la forme d'un soldat. Les horreurs qu'on a pu supposer à Ian avant l'irruption de la guerre, des horreurs malheureusement banales et quotidiennes, apparaissent infimes au regard des exactions commises par le soldat. le message me semble être : il n'y a pas de limites à l'horreur ; on s'accommode de toutes les horreurs et on continuera à le faire de tortures en massacres. L'inacceptable est déjà dans la première violence, dans la gifle ou dans l'insulte.
La pièce, extrêmement sombre et crue, se conclue néanmoins par un signe d'espoir. . Cate est bien vivante. Une pièce d'une grande force qui donne envie de se confronter au reste de l'oeuvre de Sarah Kane.
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J'ai lu, vu et étudié cette pièce et je n'ai qu'un mot: écoeurant. Alors oui, Sarah Kane veut dénoncer la violence de notre époque, le voyeurisme, la violence quotidienne, etc. Mais pour moi cette pièce est juste insoutenable et je ne pense pas qu'elle pousse les gens à réfléchir tellement Sarah Kane va loin dans la forme et dans le fond. Il y a d'autres oeuvres sur le thème de la violence qui sont mieux réussies. L'intention de choquer pour faire réfléchir était peut-être bonne, mais c'est raté pour cette oeuvre qui ne provoque que dégoût en nous. La preuve: le nombre de spectateurs qui ont quitté la salle lors des premières représentations.
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