Plus je lis de pièces de
Sarah Kane (il me reste à découvrir
4.48 Psychosis, son ultime pièce), plus je me dis qu'il est bien inutile ou présomptueux de parler du fond. Comme certaines sculptures, la pièce
Purifiés interagit avec le spectateur engendrant adhésion ou rejet. Mais juste la lire représente encore bien moins que de voir une sculpture en photo et dans toutes ses dimensions.
Sarah Kane lance un défi permanent à la mise en scène et démontre en même temps que le cinéma et ses effets spéciaux ne peut pas remplacer le théâtre. Pas seulement pour le rapport des acteurs au public mais aussi simplement parce qu'on sait que ce qui se passe sur scène est réellement joué. Une langue coupée n'est pas un détail sanglant, c'est une étape dans le vécu du personnage et dans le jeu de l'acteur. le parti pris de
Sarah Kane est de montrer la violence pour faire apparaître le besoin d'amour (au sens large : amitié, contact, considération). Dans
Purifiés, tous sont dans cette recherche d'un lien, qu'ils soient victimes ou tortionnaires, conscient ou drogué. Toute la pièce n'est peut-être d'ailleurs que le délire du toxicomane en mal d'amour.
Ce texte est très fort (d'autres diront dur ou insoutenable) et certainement le plus théâtral des pièces de
Sarah Kane que j'ai lues à ce jour. Rien est gratuit en tout cas.