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Évelyne Pieiller (Traducteur)
EAN : 9782851815170
72 pages
L'Arche (24/06/2002)
4.18/5   87 notes
Résumé :

Manque est un texte duquel la violence physique, si caractéristique d Anéantis ou de Purifiés, est absente. Quatre voix dont l identité n est pas clairement définie parlent respectivement entre elles et à ceux qui les écoutent. La lecture de Preparadise sorry now de R.W. Fassbinder est à l origine du projet. Les ressemblances avec La Terre vaine de T.S. Eliot sont patentes, du moins sur le plan poétique, car le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Quelle lecture difficile qui m'a laissée fort perplexe ! C'est sans doute davantage une pièce de théâtre à vivre qu'à lire.

Quoiqu'il en soit, l'auteure, sur laquelle tout le monde s'extasie, nous offre là une superbe cacophonie où quatre personnages, on ne saura jamais s'il s'agit de deux hommes et de deux femmes, ce n'est pas très clair, ils ne sont déjà appelés que par une lettre de l'alphabet A B C et non pas d'mais M, quatre personnages donc parlent, hurlent une souffrance comme s'ils parlaient dans le vide. Peu à peu, on comprend qu'ils se répondent deux à deux, mais est-ce bien sûr ?

Il y a assurément un rythme et, comme de temps en temps, les personnages doivent parler en même temps, cela m'a fait penser à de la musique classique contemporaine. Malheureusement, ce type de musique n'est pas ma tasse de thé. Ici, aussi, il me manque ... une histoire, quelque chose qui se passe et qui ne soit pas pure expérimentation théâtrale, ce dont j'ai eu l'impression en refermant ce court livre.
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Manque est une pièce de théâtre traversée par un langage poétique extrêmement puissant et révélateur à la fois d'une angoisse générale et d'évocations d'amour.
La liberté des répliques, qui ne se répondent pas dans l'immédiat, peut rendre la première lecture difficile. Cependant, une fois que l'on décèle leurs correspondances, le sens du texte nous apparaît dans toute son ampleur.
Dans cette pièce il ne s'agit plus du malaise du monde; mais plutôt du règne de l'intime des personnages, nommés par une lettre (C, M, B, A), dont on n'a aucune information et qui suggèrent la présence de "voix" qu'on retrouvera plus tard dans 4.48 Psychose.
Le rythme soutenu du texte est construit par des phrases courtes, pleines de sonorités, de répétitions et d'une ponctuation que selon l'auteur ne cherche pas à répondre aux règles de grammaire mais à marquer une scansion.
Manque requiert l'effort du lecteur qui est touché par les répliques que les personnages lui adressent de manière frontale, parfois violente. Il est le seul interlocuteur de ces 4 voix qui ne se parlent pas, qui ne cherchent pas à s'entendre.
Il est impossible de rester indifférent à la lecture de ce texte, qui montre l'univers complexe de la création de l'auteur et qui met en évidence un travail littéraire qui dépasse les interprétations de son oeuvre souvent associées de manière réductrice uniquement à l'événement de son suicide.
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Manque est, à mon sens, beaucoup plus une expérience théâtrale qu'une lecture. Cette lecture devrait se faire à haute voix et à quatre voix, ce qui serait déjà du théâtre. Quant aux metteurs en scène, ils doivent se régaler d'une oeuvre aussi libre. Ma note mitigée ne reflète que mon ressenti de lecture, seule et à voix basse (je l'ai lu à la bibliothèque !).
Entre les quatre voix de cette pièce, on distingue des monologues enchâssés dans des dialogues, des dialogues de sourds, des dialogues où les répliques sont distendues par d'autres dialogues, de vraies discussions. Et puis des monologues, parce que la solitude est la caractéristique première de ces personnages parlant. Quatre fils disjoints qui se nouent, s'emmêlent, se détachent, en aspirant à être coupés, mais pas seuls. La mort est un autre thème majeur de la pièce comme un fil rouge et une fin inéluctable. Entre la solitude et la mort, le besoin d'amour, le besoin d'un ou d'une autre et puis le désespoir.
La poésie du texte est surtout dans le rythme. Il s'agit de lire la pièce ni trop lentement, ni trop vite, d'entrer en résonance avec ses phrases pulsées (parfois ce rythme se rompt à la faveur d'un monologue ou d'une pause).
A l'issue de ma lecture, je me suis posée deux questions. 1. Pourquoi la pièce s'arrête ? Je n'ai pas ressenti dans le texte l'avènement d'une "chute". Pourquoi pas deux pages plus tôt ou deux pages plus tard ? 2. Les mots sont-ils interchangeables, sont-ils si importants ? Sarah Kane aurait-elle pu écrire la même pièce (exactement la même) en changeant les répliques des personnages ? Dit autrement, un metteur en scène peut-il inverser ou modifier les répliques des personnages sans que le sens de la pièce en soit changé ?
Sarah Kane propose en tout cas un théâtre étonnant qui le grandit en tant qu'expression artistique. Il faut que je vois jouer cette pièce et dans plusieurs mises en scène si possible !
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viol
violence
amour haine
le poids de la famille de la lignée
Abel et Caïn,ah! belle ! et cahin caha l'amour le désamour le dégoût l'attente le néant
se noyer en l'autre
être repêché par l'autre
ton amour sera t il assez fort pour me raccomoder?
ou m'enfonceras tu un peu plus dans l'enfer qu'est ma vie?
je n'avais jamais entendu parler de Sarah Kane,alors quel choc à la lecture de cette pièce trouvée dans " ma," boîte à livres !
un livre à lire à voix haute en hurlant en éructant en sanglotant en suppliant en chuchotant
un livre qui ressemble à une crise de panique quand on sent qu'on va mourir que le souffle manque qu'on veut juste que ça s'arrête.
Pour l'auteur ça s'est arrêté à 28 ans.
Parce qu'il y avait une trop grande marge entre le vécu et le besoin vital d'aimer et être aimée ?
parce qu'il n'y a pas d'issue?
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Cette oeuvre m'a laissée quelque peu perplexe tout au long de la lecture que j'en ai faite. Mon coeur balance entre l'incompréhension face à des personnages et des dialogues incohérents et absurdes et l'ébahissement que j'ai ressenti par tant de puissance dans les mots en si peu de pages.

J'ai été emportée par un flux de sentiments contradictoires en ne sachant pas où j'allais avec des personnages dont on ne connaît rien hormis la première lettre que l'on suppose être celle de leur prénom. Nous avons l'impression, du fait de leurs paroles décousues, qu'ils ne dialoguent pas les uns avec les autres mais plutôt qu'ils se parlent à eux-mêmes alors qu'ils font face à une grande souffrance et un profond tourment.

Aucune explication ne nous est donnée: les phrases ont un sens plus profond que nous ne pouvons comprendre car tout est très mélangé au point que les répliques n'ont plus de signification rationnelle.

le langage est cru et n'hésite pas à nous confronter à la cruauté du monde et à nous montrer l'absurdité de la société.

Je n'ai pas compris tous les propos des personnages mais les sentiments qu'ils véhiculent sont très forts. Cela a rendu ma lecture assez hors du commun et très puissante.
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Et je veux jouer à cache-cache et te donner mes vêtements et te dire que j'aime bien tes chaussures et m'asseoir sur les marches pendant que tu prends ton bain et te masser le cou et t'embrasser les pieds et te tenir la main et sortir dîner sans m'énerver quand tu manges dans mon assiette et te retrouver au Rudy's et te parler de la journée et taper ton courrier et te porter tes affaires et rire de ta paranoïa et te donner des cassettes que tu n'écoutes pas et regarder des films géniaux et regarder des films nuls et me plaindre de la radio et prendre des photos de toi quand tu dors et me lever pour aller te chercher du café et des bagels et des feuilletés et aller au Florent boire un café à minuit et te laisser me voler mes cigarettes sans jamais être fichue de trouver une allumette et te parler du programme que j'ai vu la veille à la télé et t'emmener à la clinique des yeux et ne pas rire à tes blagues et avoir envie de toi le matin mais te laisser dormir et t'embrasser le dos et te caresser la peau et te dire comme j'aime tes cheveux tes yeux tes lèvres ton cou tes seins ton cul ton

et fumer assis sur les marches jusqu'à ce que ton voisin rentre et fumer assis sur les marches jusqu'à ce que tu rentres et m'inquiéter quand tu es en retard et m'émerveiller quand tu es en avance et te donner des tournesols et aller à ta fête et y danser à en devenir bleu et me trouver désolé quand je suis dans mon tort et heureux quand tu me pardonnes et regarder tes photos et désirer t'avoir toujours connue et entendre ta voix dans mon oreille et sentir ta peau contre ma peau et avoir peur de tes colères quand tu te retrouves avec un œil tout rouge et l'autre bien bleu, les cheveux du côté gauche et ton visage qui prend un air oriental et te dire que tu es splendide et te serrer contre moi quand tu es anxieuse et t'étreindre quand tu as mal et te vouloir rien qu'à sentir ton odeur et te blesser quand je te touche et gémir quand je suis à tes côtés et gémir quand je ne le suis pas et bavoter sur tes seins et te recouvrir dans la nuit et avoir froid quand tu tires la couverture et chaud quand tu ne le fais pas et m'attendrir quand tu souris et fondre quand tu ris et ne pas comprendre pourquoi tu penses que je te rejette quand je ne te rejette pas et me demander comment tu pourrais bien penser que ça pourrait un jour arriver et me demander qui tu es mais t'accepter de toutes façons et te parler du garçon arbre et ange à la fois de la forêt enchantée qui a traversé l'océan parce qu'il t'aimait et t'écrire des poèmes et me demander pourquoi tu ne me crois pas et éprouver un sentiment si profond que je ne trouve pas les mots pour l'exprimer et avoir l'idée de t'acheter un chaton et j'en serais jaloux parce que tu t'occuperais plus de lui que de moi et te garder au lit quand tu dois t'en aller et pleurer comme un bébé quand tu finis par le faire et me débarrasser des cafards et t'acheter des cadeaux dont tu ne veux pas et que je remballe comme d'habitude et te demander en mariage pour que tu me dises non comme d'habitude et que je recommence malgré tout parce que même si tu penses que je ne le souhaite pas pour de bon c'est exactement ce que je veux depuis ma toute première demande et errer dans la ville en trouvant que sans toi elle est vide et vouloir ce que tu veux et me dire que je me perds mais tout en sachant qu'avec toi je suis en sûreté et te raconter ce que j'ai de pire et te donner ce que j'ai de mieux parce que tu ne mérites pas moins et répondre à tes questions quand j'aimerais autant pas et te dire la vérité quand je n'y tiens vraiment pas et chercher à être honnête parce que je sais que tu préfères et me dire tout est fini mais tenir encore dix petites minutes avant que tu ne me sortes de ta vie et oublier qui je suis et chercher à me rapprocher de toi parce que c'est beau d'apprendre à te connaître et ça mérite bien un effort et m'adresser à toi dans un mauvais allemand et en hébreu c'est encore pire et faire l'amour avec toi à trois heures du matin et peu importe peu importe peu importe comment mais communiquer un peu de / l'irrésistible immortel invincible inconditionnel intégralement réel pluri-émotionnel multispirituel tout-fidèle éternel amour que j'ai pour toi.
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Ne me dis pas non non tu ne peux pas me dire non c'est un tel soulagement de retrouver l'amour et de dormir dans un lit et d'être serré et touché et embrassé et adoré et ton cœur bondira quand tu entendras ma voix verras mon sourire sentiras mon souffle sur ton cou et ton cœur s'emballera quand je viendrai te voir et dès le premier jour je te mentirai et je t'utiliserai et je te baiserai et je te briserai le cœur puisque tu as brisé le mien, et tu m'aimeras chaque jour davantage et un jour ce sera trop lourd et alors ta vie sera mienne et tu mourras dans la solitude quand j'aurai emporté tout ce qui me plaira avant de partir sans plus rien te devoir c'est toujours là c'est toujours là et tu ne peux pas nier la vie tu la sens merde à cette vie merde à cette vie merde à cette vie merde à cette vie maintenant je t'ai perdue.
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Je veux dormir à tes côtés et faire tes courses et porter tes sacs et te dire comme j’aime être avec toi mais ils continuent à me faire faire des sottises. Et je veux jouer à cache-cache et te donner mes vêtements et te dire que j’aime bien tes chaussures et m’asseoir sur les marches pendant que tu prends ton bain et te masser le cou et t’embrasser les pieds et te tenir la main et sortir dîner sans m’énerver quand tu manges dans mon assiette et te retrouver au Rudy’s et te parler de la journée et taper ton courrier et te porter tes affaires et rire de ta paranoïa et te donner des cassettes que tu n’écoutes pas et regarder des films géniaux et regarder des films nuls et me plaindre de la radio et prendre des photos de toi quand tu dors et me lever pour aller te chercher du café et des bagels et des feuilletés et aller au Florent boire un café à minuit et te laisser me voler mes cigarettes sans jamais être fichue de trouver une allumette et te parler du programme que j’ai vu la veille à la télé et t’emmener à la clinique des yeux et ne pas rire à tes blagues et avoir envie de toi le matin mais te laisser dormir et t’embrasser le dos et te caresser la peau et te dire comme j’aime tes cheveux tes yeux, tes lèvres, ton cou tes seins ton cul ton

et fumer assis sur les marches jusqu’à ce que ton voisin rentre et fumer assis sur les marches jusqu’à ce que tu rentres et m’inquiéter quand tu es en retard et m’émerveiller quand tu es en avance te donner des tournesols et aller à la fête et y danser à en devenir bleu et me trouver désolé quand je suis dans mon tort et heureux quand tu me pardonnes et regarder tes photos et désirer t’avoir toujours connue et entendre ta voix dans mon oreille et sentir ta peau contre ma peau et avoir peur de tes colères quand tu te retrouves avec un œil tout rouge et l’autre bien bleu les cheveux du côté gauche et ton visage qui prend un air oriental et te dire que tu es splendide et te serrer contre moi quand tu es anxieuse et t’étreindre quand tu as mal et te vouloir rien qu’à sentir ton odeur et te blesser quand je te touche et gémir quand je suis à tes côtés et gémir quand je ne le suis pas et bavoter sur tes seins et te recouvrir dans la nuit et avoir froid quand tu tires la couverture et chaud quand tu ne le fais pas et m’attendrir quand tu souries et fondre quand tu ries et ne pas comprendre pourquoi tu penses que je te rejette quand je ne te rejette pas et me demander comment tu peux bien penser que ça pourrait un jour arriver et me demander qui tu es mais t’accepter de toutes façons et te parler du garçon arbre et ange à la fois de la forêt enchantée qui a traversé l’océan parce qu’il t’aimait et t’écrire des poèmes et me demander pourquoi tu ne me crois pas et éprouver un sentiment si profond que je ne trouve pas de mots pour l’exprimer et avoir l’idée de t’acheter un chaton et j’en serais jaloux parce que tu t’occuperais plus de lui que de moi et te garder au lit quand tu dois t’en aller et pleurer comme un bébé lorsque tu finis par le faire et me débarrasser des cafards et t’acheter des cadeaux que tu ne veux pas et que je remballe comme d’habitude et te demander en mariage pour que tu me dises non comme d’habitude et que je recommence malgré tout parce que si tu penses que je ne le souhaite pas pour de bon c’est exactement ce que je veux depuis ma toute première demande et errer dans la ville en trouvant que sans toi elle est vide et vouloir ce que tu veux et me dire que je me perds mais tout en sachant qu’avec toi je suis en sûreté et te raconter ce que j’ai de pire et te donner ce que j’ai de mieux parce que tu ne mérites pas moins et répondre à tes questions quand j’aimerai autant pas et te dire la vérité quand je n’y tiens vraiment pas et chercher à être honnête parce que je sais que tu préfères et me dire tout est fini mais tenir encore dix petites minutes avant que tu ne me sortes de ta vie et oublier qui je suis et me rapprocher de toi parce que c’est beau d’apprendre à te connaître et ça mérite bien un effort et m’adresser à toi dans un mauvais allemand et en hébreu c’est encore pire et faire l’amour avec toi à trois heures du matin et peu importe peu importe peu importe comment mais communiquer un peu de / l’irrésistible immortel invincible inconditionnel intégralement réel pluri-émotionnel multi spirituel tout-fidèle éternel amour que j’ai pour toi.
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Elle en a marre d'elle putain mais à gerber, et elle espère elle espère qu'il va se passer quelque chose et que la vie enfin va commencer
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Si tu mourais ce serait comme si on m'enlevait les os. personne ne saurait pourquoi, mais je m'effondrerais
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Vidéo de Sarah Kane
Extrait d'"Anéantis" de Sarah Kane. Avec Clélia David & Alexis Jacquet.
[ATTENTION, VIOLENCE SEXUELLE.]
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