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3,56

sur 139 notes
Le livre traite du conflit sur l'île coréenne de Jeju (qui comptait à l'époque 300,000 habitants) en 1948 et 1949 dans lequel des milliers de personnes ont été tuées quand il y a eu un soulèvement local contre la résolution n° 112 des Nations Unis qui appelait à la tenue d'élections (un nouveau phénomène en Corée) sous la supervision de la commission de l'ONU. Les communistes se sont opposés aux élections.

La pièce centrale du livre est le massacre de civils par l'armée. "Le schéma s'est répété dans presque tous les cas : les villageois étaient rassemblés dans une cour d'école avant d'être exécutés à proximité, dans un champ ou au bord de l'eau." Trente mille civils exécutés. Vingt mille civils qui se sont dissimulés dans les montagnes.

Une légende qui apparaît tard dans le livre décrit bien la relation entre les personnages et le passé. Selon cette légende, une femme avait donné à manger à un mendiant, et ce dernier lui avait conseillé d'escalader une montagne voisine le lendemain...et de ne pas regarder le village en arrière pendant qu'elle le faisait. le lendemain, le village a été victime d'une catastrophe naturelle pendant que la femme gravissait la montagne. Comme Orphée, elle n'a pas pu résister à la tentation de regarder en arrière ; et (contrairement à Orphée) elle s'est transformée en pierre. "Qu'y avait-il dans ce village pour qu'elle se retourne encore et encore?" Avec cette légende, on perçoit l'attrait irrésistible du passé et le mal qu'il peut causer. On peut se demander également: Qu'y a t-il dans la rébellion de l'île de Jeju pour que les personnages re retournent encore et encore? L'un des personnages nous donne la réponse : "Il devait y avoir là-bas quelqu'un qu'elle voulait sauver, sinon à quoi bon se retourner sans cesse?" Cependant, qui veulent les personnages de Impossibles Adieux sauver avec leur retour à un massacre qui s'est passé il y a plus d'un demi-siècle? Dans ce livre, il y a des moments où on ignore si les morts sont revenus pour interagir avec les vivants.

Concernant le style du livre, il est lent, avec un rythme hypnotique et parfois poétique, comme cette description du sentiment qui suit la mort d'un être cher: "Je pensais que je reviendrais enfin à ma propre existence après sa disparition, mais le point de non-retour était atteint, je ne pouvais revenir en arrière.....Alors que je n'avaid plus besoin de mettre fin à mes jours pour fuir, je vivais avec l'envie de mourir."

Je me suis parfois interrogé sur l'étendue de la relation entre Gyeongha et Inseon. Parfois les passages comme les suivants suggèrent une relation qui dépasse l'amitié : "Nos corps ne se touchent pas mais nos ombres flottent sur les murs comme deux géants siamois liés par leurs épaules"...."ses bras, portant encore la froideur du dehors, chargés aussi d'une odeur de cigarette, me happaient aux épaules."

Après avoir lu les deux tiers du livre, j'ai eu l'impression que les personnages étaient simplement une excuse pour donner une leçon d'histoire. C'est-à-dire que le ton du livre est devenu trop pédagogique, consistant en de longs monologues racontant les atrocités.

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Tout est étrange dans ce livre ! les deux personnages centraux, Gyeongha et son amie Inseon, l'histoire qu'elles racontent, la façon dont elles racontent, l'atmosphère ambiante, le ton employé, le récit décousu, les invraisemblances ... On navigue sans cesse entre rêve et réalité. J'ai quelquefois perdu le fil mais me suis laissé porter par l'écriture et la poésie de ce récit consacré à un fait historique des plus macabres à savoir le massacre par le régime coréen de 30000 civils en novembre 1948. A travers un dialogue tout en pudeur, Inseon révèle à son amie, documents à l'appui, comment sa famille a vécu cet évènement et survécu à ce traumatisme . Les faits sont glaçants, horreur absolue, mais l'auteur raconte avec une certaine délicatesse qui permet au lecteur de poursuivre.
lecture intéressante sortant des sentiers battus.
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Gyeongha est usée. le dernier livre qu'elle a écrit, retraçant des massacres commis dans son pays, la Corée, l'a laissée exsangue, solitaire et malade.

Mais lorsque son amie, Inseon, lui demande de la rejoindre dans un hôpital de Séoul, elle se précipite au chevet de la jeune femme.

Inseon, ébéniste de son état, est blessée et lui demande d'aller s'occuper de son perroquet, laissé seul à son domicile.

De tout quitter à l'instant, pour tenter de sauver l'oiseau qui n'a plus rien à boire et à manger. D'affronter une tempête de neige pour sauver ce petit volatile.

Gyeongha se sent dépassée par cette quête qui lui paraît futile mais par amitié, elle va affronter les éléments pour cette mission de sauvetage.

Ce faisant, elle va devoir se confronter aux fantômes qui ne cessent de la hanter depuis son dernier livre. Des souvenirs qui hantent aussi son amie, Inseon.

Ce roman oscille entre passé et présent. Il confronte le lecteur à une période tragique de l'histoire contemporaine coréenne.

Il met en lumière la silence de l'Etat coréen et les pressions infligées aux proches des disparus pour ne pas rechercher la vérité.

Mais comment construire une vie lorsqu'on a été témoin de massacres ? Lorsqu'on reste sans nouvelles de proches disparus ?

Comment une société peut-elle faire l'économie d un travail de mémoire ?

Autant de questionnements qui irriguent ces pages avec une plume poétique. L'autrice interroge les silences familiaux, les non-dits et les blessures du passé qui ne peuvent guérir si elles ne sont pas affrontées. Un roman que j'ai trouvé touchant et réussi.
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L'atmosphère de ce livre est très éthéré, presqu'irréel.
Entre les flocons de neige se racontent des pages sombres de l'histoire de la Corée. Une histoire sur l'amitié, sur la filiation. Une belle écriture à la fois poétique et sculptée.
je recommande.
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Je suis mitigée sur ma lecture. Pour moi on peut le couper en deux : la quête d'aller à Jeju en pleine tempête de neige pour sauver l'oiseau d'Inseon et la mise au jour de crimes entre 1948 et 1949 en Corée du Sud.
Toute la première partie est assez décousue, des informations sur le passé de la narratrice qui n'apporte rien à l'histoire ou pas suffisamment pour la comprendre. Même si dans les faits on n'en a pas besoin, car le sujet du livre n'est pas la narratrice mais les massacres perpétrés à Jeju. Et là j'ai préféré oublier toute cette première partie car elle rendait l'histoire étrange, paranormale. Je pense avoir compris la fin, du moins j'ai plusieurs théories. J'aurais aimer lire une histoire plus simple, avec simplement Inseon et sa mère qui lui révèle le passé de sa famille et de l'île.
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J'ai eu du mal avec ce roman qui mélange maladroitement une histoire d'amitié un événement historique tout ceci dans un style maniéré et complexifié inutilement
Je n'en garderai pas un grand souvenir, ce roman est resté impalpable, et plutôt mal agencé.
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Ce roman a failli se transformer en impossible lecture pour ma part. Je me suis parlé fort. J'aime beaucoup cette romancière coréenne Han Kang, découverte avec La végétarienne(International Booker Prize 2016).
Mais l'atmosphère glaciale, les bourrasques de neige, la bougie qui fond et l'obscurité, ça ressemble trop à une tempête hivernale au Québec. Ça instille une claustrophobie mes amis(es)!
Mais nonobstant cela, je retrouve une autrice qui sort des sentiers battus. Qui se plaît à saupoudrer de l'atmosphère bizarre sur des comportements étranges. Il faut se laisser porter, se pardonner de ne pas tout comprendre, et que passe la tempête!

Nous sommes en présence de deux amies, Gyeongha, écrivaine en mal de vivre, qui a la tête pleine de cauchemars et qui se dirige depuis quelques années vers la mort qui l'attire; et Inseon, hospitalisée à Séoul suite à un bête accident de menuiserie.
Inseon insiste auprès de Gyeongha pour qu'elle se rende sur l'île de Teju, dans sa maison, pour donner de l'eau à son perroquet qui est seul. Après hésitation, Gyeongha se précipite à l'aéroport pour prendre le prochain avion; sans se douter qu'une tempête de neige fait rage sur l'île et que les transports seront compliqués, mettant sa vie en danger. Mais qu'importe sa vie… alors qu'il y a eu tellement de morts sur cette île.

Han Kang utilise le symbole de l'oiseau, de la tempête, des arbres pour raconter les atrocités commises à la fin des années 1940 par l'armée coréenne et par des miliciens : 30 000 morts (10 % de la population de l'île). Une page sombre de l'histoire moderne de la Corée du Sud.

Dans la maison sans électricité et sans eau, dans un isolement complet, Gyeongha s'empare de l'histoire familiale, la récupère pour mieux comprendre la relation de son amie Inseon avec sa mère. Cette partie du livre est très inspirée et touchante. J'avoue quelques larmes.
« Ma mère fendait le vent de son corps comme les ciseaux découpent un grand tissu de coton. »

Le massacre de civils, qui a un lien avec la mère, est impressionnant et crève coeur. Cette histoire méconnue pour ma part, est bien traitée par l'autrice, mélange de poésie et d'atrocité. J'ai un coup de coeur pour ce livre, mais à retardement. Pour moi, pendant un certain temps, je ne m'en allais nulle part… mais c'est ça aussi une tempête de neige, on s'y perd pour mieux se retrouver!
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Gyeongha fait toujours le même cauchemar: la mer monte, des ossements sont emportés et elle ne parvient pas à sauver les morts enterrés.

Un jour elle reçoit un message de son amie Inseon, blessée, qui lui demande d'aller s'occuper de son oiseau resté seul. Gyeongha accepte et s'envole pour l'île de Jeju alors que l'île est en proie à une terrible tempête de neige.

Au cours de cette nuit hors du temps, le cauchemar de Gyeongha et la tragédie d'Inseon vont se télescoper.

Avec une écriture poétique, voir onirique , Han Kang fait le récit d'un des épisodes les plus sombres et controversés de l'histoire de la Corée du Sud: Les massacres, dans les années 1950, de milliers de civils au nom de la lutte contre le communisme.

Plus de cinquante ans après les faits, telle la bougie utilisée par Inseon pour témoigner des horreurs, la mémoire collective vacille, pour bientôt s'éteindre et plonger cette tragédie dans un oubli définitif.

Grace à son roman, grace à la force de son écriture, Han Kang maintient la flamme en vie pour permettre un impossible adieu aux dizaines de milliers de victimes.

Elle parvient avant tout à faire d'un drame intime, une douleur universelle.

Ce roman est sans conteste mon coup de coeur 2023. Je suis impatiente de poursuivre la découverte de cette autrice en 2024.
Lien : https://alombredeslivresblog..
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Gyeonga, écrivaine vivant à Séoul, reçoit de son amie Iseon un sms. Elle s'est sectionné deux doigts en travaillant le bois, et a été rapatriée d'urgence depuis l'île de Jeju en abandonnant son perroquet. Elle conjure Gyeonga de s'embarquer pour son île afin de sauver son oiseau.

Juste avant cette entrevue, Gyeonga a fait un rêve particulier, celui d'une forêt d'arbres noirs sans ramure, plantée dans un champ de neige.

La neige, c'est elle qui rend sa mission quasi impossible. Après l'atterrissage, Gyeonga peine à trouver un autocar pour se rendre dans le village isolé d'Iseon. C'est ensuite dans la tempête de neige qu'elle doit retrouver un chemin devenu invisible jusqu'à la bâtisse, où les fantômes de la famille d'Iseon l'attendent.

Ce roman onirique, je m'y suis enfoncée très doucement, comme dans une légère poudreuse. Comme Gyeonga, j'ai ensuite senti chaque flocon fondre sur ma peau et, avec la nuit tombée, me glacer le coeur.

Han Kang se saisit de cette histoire d'amitié et de projet artistique irrésolu pour aborder un pan méconnu de l'histoire coréenne : celle du massacre de l'île de Jeju après le ralliement d'une partie de ses habitants au communisme. Exercice périlleux et tout à fait réussi, en ayant évité les écueils du roman historique barbant et du romanesque mal placé, le résultat est délicat et vrai comme un flocon se déposant devant vos yeux.
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Gyeongha, la narratrice, hantée par des cauchemars récurrents et accablée de migraines invalidantes, incapable d'écrire, est sur le point de renoncer à la vie lorsque son amie Inseon, ancienne collègue de travail, lui envoie un appel à l'aide par SMS. Hospitalisée d'urgence à Séoul, elle ne peut rentrer chez elle sur l'île de Jeju. Gyeongha, peut-elle se rendre à son domicile où Ama, son perroquet blanc, risque de mourir si personne ne vient le nourrir. Se sentant responsable de l'accident d'Inseon, Gyeongha prend aussitôt l'avion, en pleine tempête de neige, pour sauver Ama. La nuit même, réunies comme par enchantement dans la maison d'Iseon, en plein blizzard, sans eau ni électricité, le temps que dure la flamme d'une bougie, les deux amies s'enfoncent dans le passé de Jeju.
La neige est omniprésente dans ce roman hallucinant et hallucinatoire. Elle hante chaque page, modifie les perceptions, rend aveugle à l'inessentiel et souligne ce qui a été oublié et refuse de l'être. Il est en effet ici question de mémoire : le souvenir traumatique d'un passé sanglant que la Corée du sud plongée dans plusieurs années de dictature a oublié jusqu'à une période récente. Il s'agit en particulier des exécutions arbitraires et massives commises sur l'île de Jeju par la police et l'armée aux ordres du gouvernement nationaliste de Syngman Rhee entre 1948 et 1950. Des centaines de personnes soupçonnées de sympathie communiste furent également arrêtées et envoyées en prison sur le continent. La plupart ne sont jamais revenus. Han Kang fait de ces évènements tragiques la matrice de son livre. Elle les reconstitue pièce par pièce à travers les rêves de Gyeongha, hantée par des visions récurrentes de morts, sous la forme de tronc noir se détachant sur le blanc de la neige et d'ossements sans sépulture submergés par les flots, et les souvenirs d'Iseon, hérités de sa mère et de son père. Ceux-ci ont survécu aux massacres perpétrés sur l'île mais l'oubli est impossible.
Dans ce roman, Han Kang rend justice aux milliers de morts restés sans sépulture et à leur famille qui ont attendu pendant des années que l'état les autorise à rechercher les corps disparus de leurs proches. Impossibles adieux car est-il possible d'oublier ce qui a été enfoui au plus profond de la mémoire collective ?
Un roman poignant dont il est difficile de se détacher.

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