L'oeuvre que j'avais lue avant ce livre, "
Terre d'ébène" d'
Albert Londres, a certainement porté préjudice à ce dernier. Il y a un écart terrible entre la prose vigoureuse et virtuose d'
Albert Londres et celle de Ryszard Kapuściński, plate et formatée (peut-être maltraitée par la traduction ?)
Mais au-delà du style, Kapuściński ne m'a pas véritablement appris grand-chose de nouveau sur l'Afrique. J'ai trouvé son regard bien superficiel, à la manière des oeuvres de diplomates : trop propres, trop didactiques. Cette remarque ne cherche pas à effacer d'un revers de manche le caractère très documenté et exhaustif du livre - l'auteur dresse un tableau de toute l'Afrique subsaharienne, du Sénégal à la Somalie et des indépendances jusqu'à la fin du XXe siècle – mais j'attendais de sa formidable expérience une évocation plus charnelle et risquée.
Il y a tout de même des impressions qui ressortent : la terrible chaleur étouffante et paralysante des tropiques et la soif violente et destructrice du gain et du pouvoir.