Deux continents, deux cultures, deux couleurs et un homme qui découvre….
Un journaliste polonais, à partir des années 1960, à l'opportunité de couvrir toute l'actualité du continent africain : les décolonisations, les révolutions, les famines, les coups d'état. L'Afrique est riche en évènement dans cette seconde partie de XXe siècle.
Ryszard Kapuscinski sillonne la brousse et les forêts tropicales, affronte le soleil ardent et les tempêtes à la poursuite d'un scoop. Mais au-delà de sa profession, il y a la passion de l'Afrique, de ses habitants. Contrairement aux blancs d'occidentaux, il désire profondément lier des liens avec les personnes qu'il rencontre. C'est l'histoire de ces rencontres que nous découvrons dans "ses aventures africaines".
Que connaissons-nous de l'Afrique ? quelques images vues aux infos décrivant un conflit ou une famine, donnant lieu à des aides occidentales. Mais peut-on résumer un continent tout entier en ces quelques images ?
Ryszard Kapuscinski a couvert l'actualité de ce continent pendant trente ans. S'il est à la première place pour décrypter les différents conflits ou changements de régime, il est conscient que l'Afrique est avant tout une multitude de peuples ayant chacun une très longue tradition. Au cours de ses voyages, il va ainsi entrer en contact avec la population, apprendre d'eux. Et là, commence le véritable intérêt du livre. Il est intéressant de connaître les origines du conflit du Rwanda (là, le journaliste en lui reprend le dessus) mais il est beaucoup plus attrayant de lire la description d'un pays, d'un peuple, d'un climat, des traditions. Nous sentons alors un dépaysement total, la passion de l'auteur, bien qu'il reste réaliste et n'idéalise pas l'Afrique. Nous ressentons aussi qu'il reste toujours le blanc entouré de noirs. Il ne sera jamais l'un deux, quel que soit les liens qu'il tisse, il reste le blanc, le nanti. Lui, le polonais soumis au régime communiste, essaie d'expliquer que le sort de son pays n'est guère enviable. Mais en Afrique, personne ne le prend au sérieux. Alors il se tait et observe l'homme au milieu de son habitat hostile qui régit sa façon de vivre. A commencer par le soleil. Cette chaleur insupportable qui rend tout geste impossible une partie de la journée. La recherche de la moindre ombre, de la minuscule goutte d'eau. Rien que cette notion est totalement éloignée de notre quotidien occidental. Lire ces pages alors que dehors il fait à peine 10°C et qu'un crachin menace, renforce le côté irréaliste de cette partie du monde qui reste inconnue à la plupart d'entre nous.
C'est donc un livre dépaysant où le ressenti de l'auteur est très présent dans chaque ligne. Seul petit défaut que je pourrais lui reprocher : l'histoire des crises est bien décrite, fourmille de détails utiles. Si la fin est écourtée, c'est qu'elle appartient à
L Histoire qui s'écrit encore. Malheureusement, il agit de même lorsqu'il parle de ses relations africaines. A savoir, le début de la relation, l'évènement qu'ils vivent ensemble puis brutalement, nous laissant quelque peu sur notre faim, il passe à un autre sujet. J'aurais aimé un peu plus de profondeur dans ces histoires privées. Hormis ce petit bémol, cela reste un livre captivant aussi bien sur le plan historique qu'humain.