Une des clés de la psychanalyse réside dans cette étrange relation qui s'instaure entre l'analyste et son patient: celui-ci raconte sa vie privée, dans le moindre détail, à un interlocuteur qui, lui, n'en fait rien et qui ne réagit que très rarement, même à l'information la plus provocante.
Est-ce que quelqu'un est à l'abri? Est-ce qu'il existe des relations sans danger? Est-ce que, très souvent, les gens que nous aimons et respectons ne nous font pas plus souffrir que ceux que nous craignons et haïssons?
Ce n'est pas ce qu'on a dans les mains qui est dangereux, Ricky. Vous devriez le savoir. Au bout du compte, c'est ce que nous avons dans la tête.
L'analyste distribue les cartes lentement, guette les réactions, essaie de susciter des plongées dans les profondeurs de la mémoire. Mais il avait trop peu de temps.
Tout le monde a des procédures. Mais elles servent surtout à empêcher les contacts, au lieu de les favoriser. Les gens à l’esprit mesquin et sans imagination la remplacent par des plannings et des procédures. Ceux qui ont de la personnalité savent qu’ils peuvent ne pas en tenir compte.
Quand on est pris dans le courant, il faut se plier à deux ou trois principes grâce auxquels cette expérience sera dérangeante, peut-être terrifiante, certainement épuisante, mais rien de plus que désagréable. Si l’on n’en tient pas compte, on est presque certain d’y laisser la vie. Comme le courant est étroit, il n’est pas nécessaire de lutter contre lui. Il suffit de nager parallèlement au rivage : au bout de quelques secondes, l’attraction du courant diminue suffisamment pour permettre de nager jusqu’au bord. De fait, les courants sont aussi très courts, en général, de sorte qu’on peut les chevaucher et, quand l’attraction diminue, adapter sa direction en conséquence et nager jusqu’au rivage.
Détruire. Quel mot bizarre. Il peut signifier leur ruine financière. Ou leur naufrage social. Ou encore un viol psychologique.
Il se dit qu'il réussissait (visuellement, en tout cas) dans sa tentative de s'adapter au monde où il avait décidé de s'enfoncer. Mais peut-être était-il plus difficile qu'il ne le croyait de se défaire de ce qu'on a été. On porte avec soi ce que l'on est, à l'intérieur et à l'extérieur.
- Ne dites jamais le mot "jamais".
C'est un des aspects les plus curieux de la psychanalyse : celui qui veut la pratiquer doit se soumettre au traitement qu'il infligera plus tard à ses patients. Un cardiologue n'est pas obligé de se faire opérer par un confrère dans le cadre de sa formation.