Citations sur Première neige sur le Mont Fuji (29)
Quand Mitsura ouvrait la portière, à l'instant même où Amico s'engouffrait dans la voiture, son odeur elle aussi se glissait à l'intérieur. Et l'odeur remplissait l'habitacle . La jeune fille était une élève de dix-sept ans qui ne portait ni maquillage ni parfum : cette odeur était la sienne, tout simplement, celle de son corps, et non de ses cheveux. Une odeur fragile, mais en toute saison Amiko embaumait la voiture. Jamais Mitsura n'avait connu cela avec une autre femme.
Je me dis parfois que mourir, c'est le comble de l'égoïsme. Pour ceux qui meurent, c'est simplement la fin, mais pour ceux qui leur survivent, c'est le début de bien des choses.
Si vraiment, comme le prétendait Utako, les nuages sur le Fuji « avaient la même forme hier qu'aujourd'hui », Jirô aurait ressenti une sorte de frayeur devant la puissance de la nature. Peut-être ce matin, Utako avait-elle été saisie par cette image de la première neige sur le mont Fuji, mais il était tout à fait normal qu'elle l'oublie, une fois montée dans le train.
Extrait de la nouvelle Première Neige sur le Mont Fuji
Si l'on se tait, alors les autres parlent pour vous. Même les choses parlent pour vous.
Un certain nombre de connaissances avaient quitté ce monde avant que j'aie pu leur rendre visite, malgré mon intention de le faire. J'avais fini par m'habituer à l'idée que l'existence est résignation.
(En silence)
Je m'interrogeais toutefois : avec ce père muet, er ses paroles à lui, transmises à sa fille, où se trouvait donc la force du silence. Car si l'on se tait, alors les autres parlent pour vous. Même les choses parlent pour nous.
Je m'étais de nouveau mêlé de ce qui ne me regardait pas .N'était-ce pas comme d'envoyer au combat un soldat lourdement blessé? N'était'- ce pas bouleverser le territoire sacré du silence?
Je m'interrogeai toutefois : avec ce père muet, et ses paroles à lui, transmises à sa fille, où se trouvait donc la force du silence ? Car si l'on se tait, alors les autres parlent pour vous. Même les choses parlent pour vous.
Une fois dans le bain, Jirô renouait avec la familiarité d'une femme qui avait donné naissance à son propre enfant, tout en ayant aussi l'impression de découvrir la nudité d'une femme nouvelle, et il ne savait que faire.
------Quand on s'est séparés, quand l'enfant est mort, j'ai maigri. Pas autant que maintenant, j'étais jeune.
- Quand on s'est séparés, il y a longtemps, j'ai désespéré en pensant que la rupture était définitive, mais il est resté entre nous quelque chose d'important. D'important, et qu'il nous faut conserver précieusement.
- Tu parles comme une énigme.
- C'est comme une énigme.
- À résoudre ?... ou pas ?, fit Utako en hochant la tête, comme s'interrogeant elle-même.
- Un couple autrefois séparé qui se retrouve : c’est une grande chance que cela ne se termine pas en déferlement de haine, tu ne crois pas ?
- Tu as raison.