Citations sur Les Chroniques de Ren, tome 1 : Prisonnier (17)
— Je m’appelle Ren.
Je ne pouvais plus quitter ses yeux. Il allait me frapper, m’abattre dans la seconde, ce n’était pas possible autrement. Je le défiais comme jamais. Il n’était qu’à quelques pas de moi. Je pris conscience à cet instant qu’il était bien plus grand que moi et qu’il me toisait comme si je n’étais qu’un microbe.
— Et que veux-tu que cela me fasse ?
Sa voix était si profonde qu’un tremblement puissant me prit, je me sentais comme un enfant fragile devant lui. Son timbre était des plus menaçants, mais retenu au fond de sa gorge comme une tempête prête à éclater. Je subissais déjà la pression de son aura sur mes épaules et j’ignorais combien de temps je pourrais tenir debout face à lui.
— Ce ne sont que trois lettres, même vous vous pouvez les retenir.
C’était la première fois que je l’entendais prendre ce ton doux, ce ton de vérité absolue. Et bon sang, il m’avait appelé « mon amour » ! Je me sentis comme enseveli sous une montagne d’eau, comme pris dans une inondation. Son regard se planta dans le mien et ma main retomba mollement sur ma cuisse. Il s’en saisit et porta mes doigts à ses lèvres, les embrassant délicatement.
— Je tuerais pour toi, je mourrais pour toi, je me damnerais à une souffrance éternelle, je me condamnerais à la tourmente et me mettrais à genou devant le plus commun des mortels, si tu en éprouvais une quelconque envie.
_Je suis au contraire plus que réaliste père. Ce garçon à tout les défauts du monde, il dit tout ce qui lui passe par la tête, ne réfléchit pas avant de parler, proteste pour un rien, il est énervant, immature, ne sait pas ce qu'il veut...
Vas-y mon gars, enfonce le couteau dans la plaie !
_...c'est pour toutes ces raisons qu'il est fait pour me plaire, fait pour être à mes côtés parce qu'il est ce dont j'ai besoin.
_Faites attention, vous avez manqué de me casser le bras et de me briser la clavicule !
_Je penserais à te briser la mâchoire si ça pouvait te faire taire.
Je soupirai, soudain pris d'une vague de fatigue énorme
_Manquerait plus que ça, on se ferait chier.
— Oh oui, je me sens bien, mais j’ignorais que la petite bête avait le sens de l’humour.
— En effet, je suis l’araignée qui vous monte au plafond comme on dit.
Il sourit davantage et posa ses doigts fins sur ma joue, se penchant pour glisser ses lèvres contre mon oreille.
— Je te monterais bien à fond, en effet.
Ma mâchoire se décrocha sous le choc. Devant tout le monde, il osait ! Bon, pour sa défense, il avait murmuré, mais quand même !
— Allez trouver un cul ailleurs, le mien reste privé !
— Privé de moi, mais ce n’est que temporaire.
— Vous êtes obligé de parler de sexe devant… autant de gens ?
— Tu voudrais que nous en parlions seul à seul ? Dis-le-moi et je quitte cette pièce sur-le-champ.
Je repoussai sa main et me renfonçai dans mes coussins
— C’est stupide ! Ou voulez-vous que j’aille ? Qui voulez-vous que je frappe ?! Vous êtes plus fort et plus rapide que moi !
Ma remarque lui arracha un sourire et je compris pourquoi : je venais d’avouer qu’il était plus fort que moi et que je lui étais donc inférieur. Il avait voulu me tuer et moi je lui lançais des fleurs… Vraiment, je manquais de discernement !
— Je n’avais jamais vu un sourire pareil sur tes lèvres, je n’avais jamais entendu ce rire.
Son pouce passa sur mes lèvres qui s’étirèrent à nouveau.
— Il faut mériter ce genre de sourire.
Son expression se fit à nouveau brûlante. Pas désireuse, mais transperçante.
— Et je me damnerais pour un seul d’entre eux.
— Tu es déjà réveillé ?
Je lui fis un signe de tête affirmatif.
— Je dors rarement les yeux ouverts, quelle brillante déduction !
_Je suis juste pas à l'aise quand vous me regardez comme ça.
[...]
_Je t'ai sucé, caressé, embrassé tout le corps, j'ai été là où toi-même tu n'avais jamais été et tu n'es...pas à l'aise avec moi ?
— Mais non ! Y a pas deux lunes, y en a pas six ! Y en a toujours eu qu’une ! Une seule putain de lune !
— Ne hurle pas ! Reste calme !
— Je peux pas rester calme quand je vois deux lunes, qu’on me dit qu’il y en a six, alors que je sais qu’il n’y en a qu’une !