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Tant d'images négatives s'attachent à la solitude qu'un livre comme « Esprit de solitude » se révèle un petit bijou pour qui aime dépendre le moins possible des circonstances extérieures, du regard des autres et s'ancrer en soi-même.

Ce texte subtil réaffirme qu'être seul(e) ne signifie pas être « incomplet » et qu'être solitaire n'équivaut pas à être dépourvu d'amis, de chaleur, de tendresse, d'amour. Il est à mon sens une lecture fine et saine pour ceux et celles qui aspirent un jour à quitter « la meute ». Sachant cependant qu'il ne faut pas nécessairement vivre seul pour entrer dans la voie présentée par Jacqueline Kelen.

Au commencement, elle nous recommande de ne pas confondre solitude et isolement, tout en évoquant en préambule « cette conduite de vie solitaire qui favorise la réflexion et affermit l'indépendance, cette solitude belle et courageuse, riche et rayonnante, que pratiquèrent tant de sages, d'artistes, de saints et de philosophes. »

Avec beaucoup de bon sens, elle nous explique que « personne ne nous apprend à être seul » car la famille ou l'école laissent trop peu de place au silence dans lequel l'enfant peut ÊTRE tout simplement. Combien d'enfants sont aujourd'hui capables de jouer seuls, d'appréhender le calme, le silence sans crise d'angoisse ?

Jaqueline Kelen nous réconforte, nous écrit qu'on peut choisir la solitude : « Lorsqu'on vit seul (et que c'est un choix) ce n'est pas par manque de chance ni absence d'amour : c'est que justement jamais on ne se sent seul, que chaque instant déborde de possibles floraisons. »

Les récits de vie, les chemins d'apprentissage de nombreux philosophes, artistes, saints et mystiques (l'Epopée de Gilgamesh, l'Odyssée, des récits bibliques, des mythes…) sont alors racontés, explicités tout en nous montrant de quelles manières la solitude peut nous conduire aussi à notre intériorité. Dans une érudition impressionnante.

Le beau récit de « Mélusine » (une histoire qui me fascinait déjà petite fille ) est narré puis analysé pour illustrer également la nécessité de solitude dans la vie de couple. En couple, il est essentiel « de se réserver de grands moments de solitude ou un lieu à part, afin de regarder l'autre différemment et le monde aussi. »

A nous tous qui nous agrippons farouchement à nos possessions (famille comprise, « mon fils », « ma fille »…), autant qu'à nos affections et nos espoirs, à nos certitudes et nos préjugés, l'analyse fine de ce livre nous montre ce qu'engage réellement la solitude choisie dans l'évolution de nos personnalités. Elle pourrait aussi bien aider certains égos malades et gonflés d'orgueil de notre société moderne et excessive, les égos qui sans leur public ne peuvent pas « briller » ou « brûler ».

Puis elle a tout juste quand elle affirme que « La solitude est un cadeau royal que nous repoussons parce qu'en cet état nous nous découvrons infiniment libres et que la liberté est ce à quoi nous sommes le moins prêts. » La liberté de penser peut faire peur, la prise de décision sans appui, la force de dire ce que l'on pense même si cela ne fait pas l'unanimité. le courage de ne pas suivre une opinion qui nous agace un peu mais qui nous permet d'être avec les autres. N'est-ce pas alors la dépendance qui amoindrirait l'être ?
S'offre à nous « le silence de soi, cette attention au monde, cette gratitude aussi », car le solitaire ne demande pas aux autres de le rendre heureux ni ne les accuse de ses propres insuffisances.

Oui, ce formidable essai, monologue philosophique et spirituel m'a envouté dès le début de ma lecture. Il montre parfaitement de quelles nombreuses manières « un être solitaire n'est pas un être au coeur sec ou impassible mais un être qui a le goût du secret et de la liberté avant toute chose et qui pratique le plus souvent un retour sur soi » pour (sur)vivre.
« le solitaire n'est pas celui qui n'aime pas les autres mais celui qui apprécie certains autres, celui qui en tout fait preuve d'élection et cultive les affinités. […] Il préfère toujours la rencontre particulière à la dilution dans une collectivité. »

Démonstration claire de ce qu'est une solitude érudite et fertile…
Et enfin… « Notre monde manque de solitude. », mais il ne s'agira pas nécessairement de fuir la ville ou les gens pour faire retraite à la campagne ou dans un ashram, « mais bien de porter dans la ville et en toutes contrées les vertus du silence que l'on a en soi et l'esprit de contemplation. » pour ensuite… « semer sur ses pas tout l'or recueilli dans la solitude. »





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Pourquoi la solitude est-t'elle ressentie de façon négative? de nos jours, avoir l'esprit d'équipe semble primordial. Moins je suis seule, moins je réfléchis...

"Quand j'ouvre les yeux, dit Inayat Khan, j'observe que je suis tout petit dans l'univers ; quand je ferme les yeux, je me rends compte que j'ai l'univers en moi."

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magnifique, documenté, ardu, ardent, génial
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Cette lecture justifie la solitude, et cela fait du bien dans un monde et à une époque où il faut à tout prix s'éclater en groupe sous peine d'être rabat-joie. Je pense à cette phrase de Nietzsche que j'ai faite mienne: "Souffrir de la solitude, mauvais signe; je n'ai jamais souffert que de la multitude."
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Un livre á avoir absolument sur sa table de chevêt ou dans sa bibliothèque.
D autant plus qu au 21eme siècle, la solitude est perçue comme un problème de comportement alors que c est tout l inverse. On ne fuit pas. On ne se ment pas. Dans une solitude «saine», on observe mieux, on prend le temps, on apprend á écouter ( l égo est en sourdine), on apprécie la liberté. Pas de dépendance quelqueconque. Les jardins secrets si nécessaires á un respect de vie et donc á son épanouissement.
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mon livre de chevet
une perle
un guide
une ouverture
ce livre m'accompagne depuis plus de 20 ans
J'ai trouvé dans ce livre les mots qui m'explique pourquoi j'aime tant la solitude même celle qui parfois est douloureuse ! il y a cette étincelle juste la qui illumine et aide .
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Je m'obstine mais ...ça part dans tous les sens ; les arguments ne sont pas justifiés ; la pertinence des choix laisse à désirer (quel rapport entre la solitude et l'histoire de Perceval ?). Bref, j'appelle ça céder à la facilité et je ne suis pas convaincue.
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« Être bien tout seul, être seul et heureux, cela n'a rien à voir avec un mépris des humains ni avec l'égocentrisme : c'est le signe clair de la liberté. La maturité commence lorsqu'un individu se sent auteur et responsable de son existence, lorsqu'il ne demande pas aux autres de le rendre heureux, lorsqu'il n'accuse pas systématiquement les autres de ses propres faiblesses et insuffisances. »

Nos sociétés ont transformé la solitude en une tare, un stigmate honteux d'une inadaptabilité sociale. Alors qu'un individu ne peut s'émanciper et mûrir que par un travail d'introspection. Et qui dit introspection dit forcément : silence, recueillement et solitude. Pas nécessairement dans une retraite à la campagne. Mais le simple fait de prendre du temps pour soi, plusieurs minutes ou heures par jour, pour se recentrer sur soi-même, c'est se rendre service et rendre un service aux personnes qui interagissent avec nous.

Or, tout est fait de nos jours pour maintenir nos sens dans un état d'éveil et d'abêtissement constant (cf. La fameuse recherche de « Temps de cerveaux disponibles » ) dans des loisirs de masses où l'on recherche, vainement, la moindre singularité et élévation.
L'être collectif rejette toujours ses manquements, faiblesses sur les autres. Là où l'être solitaire assume pleinement ses erreurs.
« Finalement, notre appréhension de la solitude, notre volonté de la combattre ou de la déprécier seraient le signe d'une permanente lâcheté, d'une peur à frayer son chemin particulier. »

Dans « L'esprit de solitude », Jacqueline Kelen démontre non seulement que la solitude est libératrice, mais qu'elle est source créatrice. Aussi bien artistes, philosophes, mystiques… Tous y ont eu recours. Car seule la solitude génère la création, l'avant-garde, permet de penser hors des cadres établis. Elle est transgressive par essence, ce qui explique pourquoi elle est tant décriée.

Au-delà de la thèse de l'essayiste que l'on peut difficilement rejeter d'un revers de main, c'est un ouvrage riche et érudit. Mais dont la teneur mystique ne parlera pas à tous. L'auteure se prête à un exercice de mythologie comparée particulièrement intéressant. Elle replace d'ailleurs la valeur du mythe comme récit initiatique « le mythe n'est pas d'ordre moral, il est initiatique. Il ne s'enferre pas dans des considérations existentielles, il a pour sens d'éveiller chacun à une sur conscience. »
Voilà pourquoi, dans nos sociétés hyper connectées, la moindre oeuvre au récit initiatique est taxée de simpliste, déjà vu, suranné. Cette incompréhension du mythe par ces êtres collectifs n'est en rien surprenant. Ils se retrouvent face à un cheminement, une quête solitaire à laquelle ils ont renoncé par conformisme et lâcheté. Ils ne peuvent que la railler avec cynisme.
Un livre à destination de ceux qui veulent éveiller leur conscience.
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Un magnifique livre sur la solitude, ses bienfaits et sa nécessité comme condition d'accès à la vraie Liberté.

Jaqueline Kelen s'attaque dans un premier temps aux préjugés sur la solitude et établit une nette distinction entre la solitude salvatrice, nécessaire à toute âme humaine souhaitant accéder à sa singularité et devenir libre, et l'isolement social tant décrié par les médias et sondages.
Elle s'étale ensuite sur la quête de liberté comme étant forcément une quête solitaire en se basant sur plusieurs récits mythologiques.
Le livre débouche ensuite sur une description de cette liberté teintée de mysticisme et qui pour résumer assez rapidement consiste en un anéantissement de l'être singulier dans un Tout, de ne faire qu'un de manière immanente avec la Nature ou si l'on préfère l'Esprit de l'Univers.

Ce livre plaira certainement à tout solitaire ayant déjà compris les vertus de la solitude et qui se reconnaitra dans les descriptions pertinentes et clairvoyantes de cet Esprit de Solitude.
La fin du livre, très mystique fut un peu déconcertante pour moi qui n'ai certainement pas atteint un niveau de spiritualité assez élevé.

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Ce livre m'a simplement fait du bien, m'a ouvert les yeux sur moi-même et sur l'appréhension de ma propre solitude, je recommande
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