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Citations sur Beau parleur (70)

Le ton de l’annonce était une invitation en même temps qu’un avertissement ; une main tendue, l’autre levée en bouclier. Et qu’est-ce que c’était que cette histoire de démarcheurs ? Peut-être la personne craignait-elle une usurpation d’identité. Mais, dans ce cas, pourquoi donner un numéro de téléphone ? Pourquoi pas une simple adresse e-mail ou, pour ceux de la vieille école, carrément une boîte postale ? Quelque chose ne collait pas, et j’avais la très forte intuition d’être en face d’une arnaque
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La huitième et dernière de la liste arrivait juste au-dessus du minimum requis.

INTERLOCUTEUR SOUHAITÉ
POUR HEURES DE CONVERSATION.
PAS SÉRIEUX S’ABSTENIR.
APPELER AU 617-XXX-XXXX
PAS DE DÉMARCHEURS SVP.

L’activité première de la philosophie contemporaine est l’étude minutieuse du langage. Je relus le texte plusieurs fois avec le sentiment de le comprendre sans le comprendre. Quel genre d’interlocuteur ? Souhaité par qui ? Juste « souhaité », dans le sens d’une nécessité, comme il est « souhaitable » de trouver une source d’énergie renouvelable bon marché ? Quelque chose peut-il être souhaité dans l’absolu, sans qu’il y ait un « souhaiteur » ? Bien sûr que non ; ce n’est pas comme ça que fonctionne ce verbe. Sans doute qu’en l’occurrence le souhaiteur était la personne ayant passé l’annonce. Mais telle que la phrase était rédigée, sans complément d’agent, j’avais davantage l’impression de lire la description d’un état de fait qu’une offre d’emploi.
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Lors d’un de ces après-midi, je me retrouvai à feuilleter sans grande conviction le journal Harvard Crimson, que j’avais ramassé davantage pour me changer les idées qu’autre chose. Les articles me faisaient toujours sourire – de prétentieux étudiants de licence qui préconisaient leurs solutions maison aux grands problèmes du monde –, jusqu’à ce que je m’aperçoive que, cinq ans plus tard, ces mêmes étudiants seraient devenus les rédacteurs en chef de la page opinion du New York Times.
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Certains de mes amis pensaient que j’aurais dû par exemple envisager de travailler dans une librairie : un job auréolé d’une certaine érudition et que, contrairement aux postes d’enseignant vacataire que je passais mon temps à lorgner sur les réseaux sociaux universitaires, j’avais une chance d’obtenir.
– Ou alors tu pourrais donner des cours particuliers, disaient-ils.
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Je n’étais pas près non plus de décrocher un boulot, n’ayant pas envoyé une seule candidature. J’avais mis la barre si haut que ça en devenait handicapant : quoi que je fasse, il faudrait que ce soit un minimum intellectuel, tout en me laissant suffisamment de temps libre pour ma thèse.
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Je passai les trois semaines suivantes à rebondir misérablement d’un canapé à l’autre. Je compris vite que le prix à payer pour quelques nuits d’hospitalité était de répéter mon histoire larmoyante depuis le début, généralement à la femme de la maison mais parfois à l’homme aussi, assis tous les deux en face de moi, les sourcils froncés avec sollicitude, main dans la main comme pour se protéger de mon célibat virulent. S’il ne tenait qu’à moi, j’aurais préféré loger chez des célibataires.
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Il me traversa l’esprit d’acheter la presse pour les petites annonces. L’idée de trouver mon destin dans un journal me parut désuète – même parfaitement ridicule – et, malgré les sombres circonstances, je me souris à moi-même dans l’obscurité. Quand j’y repense à présent, je me rends compte que me procurer ce journal fut, sinon la première décision significative de ma vie, du moins une étape nécessaire vers tout ce qui s’ensuivit, chacune de mes catastrophes.
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Même quand j’avais commencé à sentir que notre histoire tournait au vinaigre, je m’étais dit qu’elle n’aurait jamais l’indélicatesse de me mettre à la porte sans préavis. J’avais tort.
Bien que j’eusse aimé partir sur un bon mot, au final je ne parvins à produire qu’une vaine tentative d’ironie :
– La vie de l’esprit, dis-je en soulevant mes maigres possessions.
– Profites-en bien, répondit-elle avant de me fermer la porte au nez.
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– E = mc2, dit-il. Ja ?
Je crois avoir assez bien réussi à dissimuler ma stupeur, mais à partir de là il me parut de mon devoir de prendre la garde de ce serre-livres. On ne pouvait pas faire confiance à quelqu’un qui confondait Nietzsche et Einstein. Je m’enquis du prix. Le vendeur mit quelques secondes à me jauger, s
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C’était un serre-livres, m’expliqua le marchand. Son ami – c’est le terme qu’il employa, Freund – s’était égaré. Il ne savait pas d’où il provenait, même s’il émit l’hypothèse qu’il avait jadis appartenu à un professeur. Ein Genie, dit-il, un génie, ajoutant que le monde ne serait pas le même sans lui. De la part de quelqu’un qui semblait ne s’être ni lavé ni rasé depuis la perestroïka, c’était une appréciation que je jugeai admirablement intellectuelle et, en tant que philosophe, je fus ému de voir à quel point les idées de Nietzsche, si souvent incomprises, pouvaient encore inspirer le commun des mortels.
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