On dit que la peur est la plus fidèle compagne de tout être conscient, pas vrai ?
— L’argent, ça se dépense. »
"....celui qui a été nourri à la morale de la réussite est persuadé qu'il doit grimper les échelons à la vitesse qu'il mérite (...) ou bien, il finit par se convaincre qu'il n'a pas la carrure nécessaire."
Tu sais ce qui est le plus dur, là-dedans ? avait-il repris doucement. C'est de se rendre compte d'un coup qu'on a passé toute sa vie justement à ne pas penser à cet instant précis. À faire comme si l'on avait jamais soi-même à passer par ce moment incontournable, le moment où l'on découvre qu'il n'y a plus d'avenir devant soi, plus de choix possible, même plus le rêve de changer de vie. Quand on doit abandonner jusqu'à l'illusion qu'on peut encore tout changer... La fin de la route, quoi.
Le succès est une drogue dure.
« Le moment où l'on découvre qu'il n'y a plus d'avenir devant soi, plus de choix possible, même plus le rêve de changer de vie », avait dit Jack l'autre jour. J'y étais. J'ai franchi les cinq pas qui me séparaient de la fenêtre et je l'ai ouverte en grand. L'air s'est engouffré d'un coup dans la pièce, un air glacé, annonciateur d'hiver, qui m'a presque envoyé bouler contre mon bureau. Agrippé au rebord, je me suis penché en avant, fasciné par l'agitation de Wall Street sous moi. Même au dix-neuvième étage, le bruit était encore considérable. Les mains moites, je me sentais partir, prêt à tout lâcher. Le grand saut dans le vide. Mais quand j'ai été à deux doigts de basculer dans le gouffre je me suis brusquement repoussé en arrière et je me suis affalé sur le dos, dans mon univers familier.
« Putains de bagnoles anglaises ! Tout pour la frime, rien dans le ventre ! »
Règle numéro un : on ne choisit pas le bon moment, on tombe dessus.
"Tu serais bien parti pour de bon, hein?"
Je suis ce que je suis ce que je suis.