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Citations sur Kaddish pour l'enfant qui ne naîtra pas (43)

et je suis toujours là, bien que je ne sache pas pourquoi, par hasard, de la même façon que je suis né, je ne suis pas plus complice de ma survie que de ma venue au monde, bon d'accord, la survie recèle un tout petit peu plus de honte, surtout si on a fait tout son possible pour survivre : mais c'est tout, rien de plus, je n'ai pas pu donner dans l'apitoiement général de la survie et la démagogie bravache, mon dieu ! on est de toute façon un peu coupable, c'est tout, j'ai survécu donc je suis, pensais-je, non, je ne pensais rien, simplement j'étais, tout simplement comme un survivant...
...qui ne sent pas la nécessité de justifier sa survie, d'assigner un but à sa survie, oui, de transformer sa survie en un triomphe...
...réel, le seul possible qui serait -aurait été-, la survie prolongée et multipliée de cette existence, et donc de la mienne dans mes descendants, de mon descendant, en toi, non, je n'y pensais pas, je ne pensais pas devoir y penser, jusqu'à ce que cela me tombe dessus, une nuit,
et que la question se dresse devant moi...
...La question, oui, aurais-tu été une petite fille aux yeux sombres ? le nez couvert de pâles taches de rousseur ? ou bien un garçon têtu ? avec des yeux joyeux et durs comme des cailloux gris-bleu ? oui, ma vie considérée comme possibilité de ton existence, ou tout simplement considérée, sévèrement, tristement, sans colère ni espoir, comme on considère un objet."
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Il m'a fallu cette nuit pour voir enfin dans le noir, pour voir entre autres la nature de mon travail, qui, au fond, ne consiste qu'à creuser, à continuer de creuser la tombe que d'autres ont commencé à creuser pour moi dans l'air, puis, tout simplement parce qu'il n'ont pas eu le temps de terminer, dans leur hâte et même sans ironie diabolique d'aucune sorte, non, juste comme ça, sans bruit, sans regarder autour d'eux, ils m'ont fourré l'outil dans les mains et ils m'ont planté là pour que je finisse moi même le travail qu'ils avaient commencé.
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"Non !"- cria, hurla en moi quelque chose, immédiatement, tout de suite, lorsque ma femme (qui ne l’est d’ailleurs plus depuis longtemps) orienta la conversation vers lui – vers toi – et mon cri a mis de longues années à s’apaiser, oui, pour ne laisser qu’un mal de vivre mélancolique, comme la furie d’Odin au cours du fameux adieu, jusqu’à ce que, émergeant des brumes du son mourant des instruments à cordes, lentement et malicieusement, comme une maladie latente, une question se dessine en moi, et cette question, c’est toi, ou pour être plus précis, c’est moi remis en question à travers toi, ou pour être encore plus précis […] : mon existence considérée comme la possibilité de ton être, c’est-à-dire que je suis un assassin, si on veut pousser la précision jusqu’au bout, jusqu’à l’absurde, et c’est possible avec un minimum de masochisme, puisque, Dieu merci, il est trop tard, il sera toujours trop tard, tu n’es pas là, alors que moi, je me sens en parfaite sécurité, puisqu’en disant non, j’ai tout détruit, tout réduit en poussière, surtout mon mariage éphémère et malheureux.
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Nul n'ignore que nous ne savons et ne pouvons pas savoir ce qui cause la cause de notre presence,et nous ne savons pas pourquoi le but de notre presence,et nous ne savons pas pourquoi nous devons disparaitre si deja nous sommes apparus?
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Ce qui est réellement irrationnel et qui n'a vraiment pas d'explication, ce n'est pas le mal, au contraire, c'est le bien.
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Au cours de ces années, j'ai pris conscience de la nature véritable de mon travail qui n'est fondamentalement rien d'autre que de creuser, continuer et finir de creuser cette tombe que d'autres ont commencé à creuser pour moi dans les nuages, dans les vents, dans le néant.
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Elle dit que je l’avais terrassée avec mon esprit, puis que j’avais éveillé en elle la compassion et qu’après avoir éveillé sa compassion, je l’avais transformée en auditrice, en auditrice de mon enfance terrible et de mes histoires abominables, et quand elle avait voulu devenir partie prenante de mes histoires pour me sortir de l’impasse qu’elles représentaient, de ce bourbier, de cette vase, et me conduire vers elle, vers son amour, pour qu’ensuite nous sortions ensemble de ce marais et le laissions pour toujours derrière nous comme le mauvaise souvenir d’une maladie : alors j’avais soudain lâché sa main (c’est ainsi que s’exprima ma femme) et j’avais pris mes jambes à mon cou pour retourner dans le marais, et elle n’avait plus la force, dit ma femme, de me suivre une deuxième fois, et qui sait combien de fois encore, pour me ressortir de là.
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Mais pour en revenir, à quoi au fait ? à mon opinion – mon Dieu! - , j'ai vraisemblablement dû dire que cette phrase, à savoir : « Auschwitz ne s'explique pas », est fausse déjà au niveau structurel, puisque ce qui est a toujours une explication, même si cette explication est par nature purement arbitraire, erronée, quelconque, mais c'est un fait qu'un fait a au moins deux existences, l'une factuelle et l'autre, pour ainsi dire, spirituelle, un mode d'existence spirituel qui n'est autre qu'une explication, un amoncellement d'explications, et qui plus est, une surexplication des faits, ce qui revient en fin de compte à les annihiler, ou tout au moins à les brouiller : cette malheureuse phrase - « Auschwitz ne s'explique pas » - , est aussi une explication, elle sert au malheureux auteur à expliquer que nous devons passer Auschwitz sous silence, qu'Auschwitz n'est pas ou plutôt n'a pas été, car n'est-ce pas, seules les choses qui ne sont pas ou n'ont pas été ne sont pas explicables.
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Tout, tout n'est que conséquence, condition, probabilité, il n'y a aucune certitude nulle part, aucune évidence, écrivais-je. Quelle est mon existence, pourquoi suis-je, quelle est mon essence : je ne cherche même pas, écrivais-je, manifestement sans espoir, des réponses mais des signes dignes de foi ; et mon corps aussi m'est étranger qui me tient en vie et finira par me tuer, écrivais-je.
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Mais comment aurais-je pu écrire, puisque cette nuit n'était que le début, l'un des premiers pas, sans doute pas le premier, sur la route de la vraie lucidité, c'est-à-dire la route - longue et qui pourrait en connaitre la durée - de mon autoliquidation consciente, cette nuit n'était que le premier coup de pelle à la tombe que je me creuse - c'est désormais indubitable - dans les nuages.
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