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Citations sur Les Coeurs purs (22)

La bouffée des braises pénétrait le visiteur et la chatte de la même tiédeur animale. Sans un mot, Marie Lvovna les regardait se chauffer. Enfin l'homme tressaillit.
– Pardon, dit-il, j'avais oublié.
Puis, se redressant de toute sa hauteur, joignant les talons et les bras collés aux flancs :
– Permettez que je me présente : Alexandre Dimitrich Sogoub, capitaine à la division sauvage.

Le Thé du capitaine Sogoub
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Elle se tint d'abord raide et blanche comme pétrifiée. Soudain, elle courut vers le batko, l'entoura de ses bras amoureux, et avec des sanglots, des rires, des mots sans suite, se mit à baiser la face sauvage, toute tremblante de jalousie et de fureur.
Tout le monde se taisait.
Alors Makhno écarta très doucement Sonia, monta sur la plateforme de son wagon :
- Frères, dit-il avec solennité, je me marie. Voilà ma femme devant la loi. Et voilà tout !

Makhno et sa juive
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"Soudain, de leur troupe serrée, un petit homme bondit vers nous, et, à l'élan de son corps, je compris que c'était la mort qui venait.
"Je ne vis alors ni son visage ni ses yeux, je ne vis qu'un éclat insoutenable, maladif, de prunelles. Je jure Dieu qu'il n'était pas ivre. Cela se sentait à tous ses mouvements.
"Mais c'était bien pire. Un ressort effroyablement comprimé qui devait se détendre. Un désir noué jusqu'au paroxysme et prêt à tout."

Makhno et sa juive
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Art avait vu s'accuser les plis nouveaux imprimés autour de ses lèvres et l'éclat plus sec des yeux. il comprit à son tour l'espoir trompé de Mary, sa révolte et qu'elle se préparait à répondre avec une véhémence cruelle. Il n'essaya pas de l'éviter. Mais dans son regard perça une supplication si navrée, il demanda si clairement grâce pour l'enfant qui ne savait rien encore de leurs déchirements que Mary eut pitié.
Puisqu'elle avait fait son devoir, qu'elle avait montré à Gerald vers quel parti devaient aller son amour et sa foi, puisqu'elle rejoindrait dans quelques heures les rebelles sur les monts qui gardent Cork, plus résolue que jamais, pourquoi ne pas accepter le répit d'une courte soirée et goûter près de son mari, dans la tendresse de son enfant, une joie qui lui serait peut-être désormais refusée ?

Mary de Cork
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Les coeurs instinctifs sont purs sans qu'intervienne aucune notion morale, purs à la manière d'un vin, d'une pierre ou d'un poison, purs par leur violence et leur intégrité.
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Comprenez-vous, ils ne changent jamais d'expression. Jamais. Ni lorsqu'il sourit, ni lorsqu'il donne des ordres les plus sanguinaires, ni dans l'attaque, ni dans la fuite. Ce sont des yeux qui savent tout et qui, pour la vie, en ont fini avec le doute.
Désirs, craintes, joie, désespoir, amour, vous ne lirez jamais rien de cela dans ce regard. Ces sentiments ont été passés à la meule, réduits en poudre, et il n'en reste plus que ce éclat suraigu, obstiné qui brille dans les petits yeux marrons de Makhno.
Ainsi donc, voilà, face à face, ces deux visages.

Makhno et sa juive
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Une grande cité frémissait d'agonie, tout entière.
Et c'était lui, batko Makhno, l'ancien bagnard, qui tenait toutes ses vies dans sa paume sèche. Quelle revanche !
On bombarda jusqu'au soir.
Alors, avec leurs cris de bêtes, les hommes de Makhno se ruèrent au galop vers la ville qui, depuis longtemps, avait ouvert ses portes. Je ne vous dépeindrai pas la course à travers les rues désertes, l'assaut des caves ; les maisons flambantes, les plaintes des femmes violées, l'ivresse et le stupre.
Je vous dirai seulement que ce fut une belle nuit parmi les belles nuits, car, plus que le plaisir de l'alcool et de la luxure, elle apportait le sentiment d'une puissance sans limites, d'une indicible liberté.

Makhno et sa juive
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L'antichambre était obscure. Marie Lvovna ne put distinguer les traits du visiteur. Elle remarqua simplement qu'il était de haute taille et se tenait tout près de la porte entr'ouverte, comme retenu par le palier.
– Le docteur ne reçoit pas, dit-elle en français.
N'obtenant pas de réponse, elle répéta la même phrase en russe. L'homme, alors, murmura :
– Je ne suis pas malade.
D'une voix brève, rude et qui portait la trace d'un effort violent, il ajouta :
– Je voudrais me chauffer.

Le Thé du capitaine Sogoub
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Ce retour, ah ! ce retour chez lui, après dix ans de bagne à frotter les fers des pieds contre les fers des mains. Et Champ-la-Noce ! Et ses gars qui l'accueillaient ! Et toute la Russie qui fermente ! Et sa haine pour tout, la vengeance qui s'offre, la joie mêlée de rage, les filles aux riches croupes, le sang, le sang !
Makhno et sa juive
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Il eut à peine le temps de s'incliner que la porte s'ouvrit. Une silhouette dressa, pendant une seconde, sa forme chétive sur le fond lumineux et ce fut de nouveau la nuit complète.
Elle était là, près de lui. Leur silence fut long. Il sentait sa respiration rapide qui, dans les ténèbres, était la seule marque de sa présence. Enfin il murmura :
– Mary.

Mary de Cork
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