Adem est instituteur dans son village en Algérie. Son monde s'écroule lorsque, contre toute attente, sa femme prend ses cliques et ses claques, et le quitte pour un autre, lassée d'une vie trop monotone et de l'indifférence de son mari. Réaction très occidentale dans ce pays musulman.
Adem va tout d'abord sombrer dans l'alcool, puis, réalisant que ce n'est pas la solution, quitte tout, à son tour, et prend la route. Un voyage en solitaire, sans but précis, se laissant guider par les évènements, pour se recentrer sur l'essentiel : sa vie, et tenter de se trouver un nouveau but, sans son épouse. Cet érudit trouvera-t-il sa résilience dans la littérature ?
« Lorsque une femme claque la porte et s'en va, elle emporte le monde avec elle ».
Dans cette Algérie post-indépendance, Adem est l'exemple type de l'anti-héros. Il verra son parcours rédemptoire jalonné de rencontres hors du commun : Mekki, estropié de la vie, Mika, personne de petite taille, vagabond lui aussi, mais avide de rencontres, un peu prophète sur les bords. J'ai trouvé Adem très noir et d'un égoïsme sans pareil (je comprends pourquoi sa femme l'a quitté !). Pas un « merci », aucune once d'empathie envers son prochain. Adem ne réalisera pas que les personnes qui croisent son chemin ont des problèmes bien plus graves que les siens. J'avais envie de le secouer, qu'il arrête de se tourner sur son propre malheur.
La plume poétique de
Yasmina Khadra nous emporte sur le chemin de la possession, de la place des femmes dans ces pays à la mentalité statique et dure. L'écriture de cet auteur me touche toujours autant : elle est à la fois douce et dépouillée, mais également imprégnée d'une richesse qui a quelque chose d'insolent, limpide et sans fioritures. Il nous propose ici une réflexion intense sur le bonheur : il y a toujours une vie après l'échec, il suffit de trouver sa voie.
J'ai aimé l'opposition entre Adem, sombre, blessé, déprimé, ne croyant plus en rien, et l'Algérie euphorique remplie d'espoir et d'optimisme suite à son indépendance.
« Si ma femme est partie, ce n'est pas parce que je n'ai pas su la garder, mais parce qu'elle voulait vivre sa vie. »
Une très belle lecture, toute en délicatesse, que je conseille à tous.
#
LeSeldeTousLesOublis #YasminaKhadra #Julliard #RentréeLittéraire2020
Lien :
https://soniaboulimiquedesli..