J’ai vu des prophètes marcher sur l’eau, des vivants plus éteints que les dépouilles, et des canailles
plonger si profond dans l’infamie que ni les démons ni l’Ange de la mort n’osaient y aller les
chercher.
"Je compris alors que je n'étais qu'un gladiateur des temps modernes, un esclave de gala juste bon à amuser la galerie, que mon royaume se limitait à une arène en dehors de laquelle je comptais pour des prunes."
Nul n'échappe à son destin.
Destin? Seuls les êtres d'exception en ont un. Pour les gens ordinaires, la fatalité suffit...
On a beau s’attendrir sur son sort ou jouir d’une notoriété qui souvent prête du talent à ceux qui ne savent pas le rendre, il y aura toujours quelqu’un de plus lésé ou de plus verni que soi.
La faute n’est pas qu’un tort, elle est la preuve que le mal est en nous, qu’il est organique, aussi nécessaire que l’angoisse et la fièvre puisque nos soucis naissent de ce qui nous fait défaut, et nos joies ne s’évaluent qu’en fonction de nos peines.
Ah ! Le temps, ce fugueur indolent qui nous suit à la trace comme un chien errant et qui, lorsqu’on croit l’avoir apprivoisé, nous fausse compagnie en nous dépossédant de nos marques.
Lorsqu’un malheur survient, il ne laisse aucune chance au recours.
Tu n’étais qu’un chat de gouttière et il a fait de toi un tigre. Sans lui, tu serais encore à laper dans les rigoles. Je suis mieux placé pour reconnaître qui a tort et qui mérite du respect… Ton problème, tu n’as pas plus de cervelle qu’une tête d’épingle. Tu ignores ce qui est bon pour toi, et ce que tu dois fuir comme la peste.
J’ai consacré des fortunes pour hisser un yaouled sans avenir et sans instruction au sommet des podiums. Je te l’avais dit, il y a longtemps. Tu n’es qu’un investissement, une affaire qui m’a coûté beaucoup de fric, des négociations monstres, des alliances avec des personnes dont la seule vue me faisait gerber. Pour toi, j’ai été contraint de graisser les pattes, de soudoyer des journalistes, de pardonner à des traîtres et de faire la paix avec des minus.
Réconciliés. Les regards que nous échangions n’avaient nul besoin d’interprète. Les mots deviendraient dérisoires, voire incongrus s’ils venaient à trahir ce que notre silence excellait à couver. Il est des moments de grâce où ne rien dire permettait d’accéder pleinement à la quintessence des sens. Le cœur alors confie au regard ses plus intimes secrets. Devant l’évidence, il n’y a plus grand-chose à ajouter, sinon tout s’écroule. Nous étions sereins parce que nous savions que notre histoire pouvait enfin naître aux jours heureux.