Il y a ceux qui font d'une lueur une torche et d'un flambeau un soleil et qui louent une vie entière celui qui les honorent un soir ; et ceux qui crient au feu dès qu'ils voient un soupçon de lumière au bout de leur tunnel, tirant vers le bas toute main qui se tend vers eux.
Il s'était pourtant juré de ne plus céder à la provocation qui, souvent, permet aux crétins d'avoir le dernier mot lorsque tous les autres leur ont manqué.
La tendresse est, par les temps qui courent, une façon comme une autre de manger son pain nu à la fumée des barbecues; si ça ne nourrit pas son homme, ça l'aide à tenir.
Les architectes qui l'ont conçu n'avaient qu'une idée en tête : comment garder pour eux et pour les commis d'Etat quarante pour cent du budget alloué au projet. Ils ont dressé sur un champ qui sent encore la bouse de vache quatre barres d'une laideur absolue où même la mort aux trousses on n'aimerait pas se planquer. (p.104)
On ne demande pas au prophète ce que seul le bon Dieu est en mesure d'exaucer, lieutenant. Pour être franc avec toi, je préfère garder mes distances. Dans notre pays, tu demandes l'aumône, on te l'accorde, puis on revient te réclamer la peau de tes fesses. (p.165)
Aucun flic ne prendrait le risque de les épauler. Nora et lui seront seuls face à tous les dangers, avec, à la clef, l'assurance de finir dans une merde si épaisse que les mouches répugneraient à les approcher. (p.269)
ed dayem tourne et retourne le journal dans ses mains, désemparé . il sait que le sort en est jeté et que ce que décide un rboba se doit d'etre accompli.
il avale convulsivement sa salive, inspire et expire , s'essuie le front sur le revers de sa main . le ronronnement du climatiseur résonne dans ses tempes comme le rugissement d'un vent maléfique
il se laisse emporter par la foule, certain d'être enfin devenu un homme, et digne de marcher parmi ce magnifique peuple qui est le sien
Qu'attendent les singes pour devenir des hommes ?
On nous cache toutes les belles choses dans ce pays. On réduit nos aires de jeu à des peaux de chagrin, limité la portée de nos cris au contour de nos lèvres et fait de nos vœux pieux des oraisons funèbres. Les fossoyeurs de nos rêves nous ont confisqué jusqu'à nos prières. On est là, légumes au soleil, et on attend, qui la mort, qui la folie, qui les deux à la fois. Nos jeunes ne savent pas à quoi ressemble un touriste ou un cinoche, nos vieux oublient ce qu'ils ont été, notre patrie est sous scellée et nos espoirs cloués au pilori. Un singe dans sa cage affiche plus de contenance que nous sur une plage.