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sur 479 notes

Écrire est une autre façon de combler le vide mais aussi de résister à tout. Une façon de porter sa voix aux échos même dilués dans l'intime ou la peur. Il suffit de dire une fois seulement “Non” à l'étau qui enserre chaque jour, un peu plus, le quotidien des marginalisés de leur cité par des politiques à vie, mais qui ne sont en réalité que des vendeurs de tapis à la sauvette. Avec ce nouveau titre, Yasmina Khadra vient de signer un livre magistral qui dépasse tous les précédents ouvrages par la crudité des mots, la vérité qui englobe chaque passage et par le constat amer qu'il fait de l'état des lieux du pays qui est le sien et auquel il tient. Sinon, pourquoi ce coup de gueule si la coupe n'est pas pleine ? Jusqu'à la vomissure. Pour cela, il concocte une affaire d'assassinat (Nedjma, jeune fille retrouvée morte, assassinée, dans la forêt de Baïnem Beaulieu d'Alger, confiée à la commissaire Nora une lesbienne dans un pays ou' on ne fait pas de cadeaux aux homosexuelles qui reste un tabou a' ce jour et elle le paiera très chère avec le risque et le chantage et à son équipe pour l'élucider. le fil d'Ariane les mène au sommet de l'état. C'est la trame de cette fiction, mais l'intérêt, c'est qu'au cours de l'enquête, on découvre le microcosme algérois à travers les réseaux, les complicités, la corruption qui sévit à tous les niveaux. Au sommet, il y a Hadj Saâd Hamerlaine, le “r'boba”, une sorte de dieu sur terre où rien ne se fait s'il n'en est pas l'instigateur, le tireur de ficelles. Un exemple de sa puissance ? “Je préférerais avoir une insurrection populaire sur les bras que Hamerlaine sur le dos” (p 258) avoue Ed Dayem, un magnat de la presse de caniveau, pourtant lui aussi a le “pouvoir de dévoiler le secret des dieux et de l'instruction, de rendre la sentence avant les juges et d'exécuter le suspect avant le bourreau” (p 94). Yasmina Khadra décrit un système digne de Kafka “qui pousse ses enfants à la folie en leur refusant le droit d'être heureux chez eux”, avec de tels détails des comportements de ces “seigneurs” que tout Algérien un tant soit peu averti peut mettre des noms sur ces personnages de fiction, dans le livre. Ils existent dans la réalité et c'est pour cela qu'il faut saluer et reconnaître le courage d'un auteur, par ailleurs comblé. Tel un médecin légiste, l'auteur se sert du verbe comme d'un scalpel pour pénétrer au plus profond de ce système gangrené mais si bien organisé, qu'à côté la mafia qu'on voit dans les films n'est qu'un bleu. Hamerlaine nomme et dénomme ministres, Préfets et ambassadeurs. Il a 83 ans, il règne encore et plus. Jusqu'à ce jour où il fête son anniversaire et qu'il reçoit comme cadeau une vierge en offrande qui s'avère être (il le saura après) sa petite-fille qu'il n'a jamais connue. Comme quoi, il n'y a pas de limites dans l'immoralité de ces rapaces qui ne veulent rien lâcher. Sid Ahmed, journaliste, qui a vu sa femme tuée par les terroristes et qui a pris sa retraite sur une plage de Koléa ville limitrophe d'Alger , tel un troglodyte, ne cesse de ruminer et de questionner son ami, l'inspecteur Zine : “Qu'attendent les singes pour devenir des hommes ?” Sans réponse, il fulmine et finira par s'immoler. La théorie de Darwin est à prendre à rebours jusqu'à arriver à nos ancêtres les singes. C'est la descente aux enfers. Terrible constat certes, mais la question : est-ce vrai ce que décrit Yasmina Khadra dans ce roman Ce sera un témoignage relique que l'on ouvrira chaque fois que l'injustice frappera à votre porte sans y être invitée.

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La question qui me vient à l'esprit en refermant ce livre,c'est "mais pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour lire cet auteur?"
Ses qualités d'écriture me sont désormais familières et,encore une fois,la magie des mots,la fluidité des phrases,leur justesse,leur précision font que l'histoire semble portée sur une sorte de tapis magique,s'insinuant en nous avec brio....
L'histoire,parlons en.Un cadavre de jeune fille,une équipe de flics batie de "bric et de broc",une lesbienne,un ripou,un impuissant dirigés par un chef médiocre et sans envergure.Leurs adversaires?Un vieillard pervers et redouté d'une foule de parasites dévoués à sa cause par peur,lâcheté et intérêt.
L'intrigue sera résolue, au prix de manoeuvres toutes plus viles les unes que les autres,au prix de sacrifices,hélas , dramatiques et qui n'incitent pas à l'optimisme dans le pays cher au coeur de l'auteur.Et oui,dire la vérité, laisser s'exprimer la parole pour jouir de la liberté ,tout cela a un prix et la route est longue.
Car enfin,on le connait ce pays bien sûr, et on en apprend des choses sur le pouvoir,la presse,la police,les moeurs,les us et coutumes,la corruption,la gangrène et la misère sociale.Tout y est dit sans fard ni artifice.
Encore une fois,j'ai vibré dans les dernières pages ,très belles,violentes certes mais pleines d'espoir.Encore une lecture intelligente qui donne à méditer et....espérer.



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J'ai commencé ce livre et j'ai tenté de me raccrocher aux branches... Chapitres après chapitres, l'envie d'abandonner me poussait à refermer ce livre. C'est chose faite au chapitre 11 !
Je n'accroche pas du tout au milieu décrit. L'ambiance est pesante, malsaine, noire...
Ce genre de lecture n'est pas pour moi. Je n'y prends aucun plaisir.
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Retrouver Yasmina Khadra c'est retrouver une écriture soignée, appliquée et malgré la lourdeur du propos, le ton reste toujours chic et élégant. Car le propos est bien noir. le cadavre d'une jeune fille est retrouvé dans un bois près d'Alger, nu et affreusement mutilé. La commissaire Nora, une femme donc, enquête avec son équipe: le lieutenant Guerd qui déteste être sous les ordres d'une femme et l'inspecteur Zine, impuissant suite à un grave traumatisme. Ces trois personnages tracent grossièrement l'image que veut donner Khadra de l'Algérie moderne. Car ce dont celui-ci nous parle, au delà de l'enquête sur meurtre, c'est bien de cette adversité qui dépasse l'entendement. de cette corruption étatisée et cynique qui a mis le pays sous scellés et cloué les espoirs au pilori comme l'auteur le dit si bien. C'est une longue dénonciation de ce qui se passe dans ce pays où plus rien ne vaut la peine semble t-il, où le peuple est résigné et au bord de l'abime. " En Algérie, les génies ne brillent pas, ils brûlent. Lorsqu'ils échappent à l'autodafé, ils finissent sur le bûcher. Si, par mégarde, on les met sous les feux de la rampe, c'est pour mieux éclairer les snipers." (p. 148). Et malgré l'élégance de son écriture, Yasmina Khadra n'est pas toujours tendre. "Les déserteurs traitent de criminels les héros, les génies se font bouffer par les crétins, les vendus se paient la tête des intègres, les vauriens paradent sur les tribunes et la nuit mange les étoiles. " (P. 289). Et malgré tout ça, il nous propose une fin où l'espoir est possible, où la petite lumière peut se transformer en véritable embrasement.
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Sur la base d'une enquête policière, une jeune fille est retrouvée morte dans une robe blanche, parée et maquillée comme pour une fête ou un mariage, le livre met en lumière les coulisses du pouvoir algérien dans une société gangrénée par la corruption.
Le pouvoir est entre les mains d'une poignée d'hommes, « les rboba » qui autrefois ont eu leur heure de gloire en oeuvrant pour l'indépendance du pays. Depuis, ils sont riches, intouchables et honteusement privilégiés faisant la pluie et le beau temps dans le domaine politique, économique et médiatique.
Nora, la commissaire chargée de l'enquête est une femme énergique qui ne craint pas d'affirmer ses choix, tans professionnels que sexuels au risque d'être moquée et humiliée dans ce milieu profondément machiste.
J'ai beaucoup aimé ce livre, polar passionnant, j'y ai retrouvé tout le talent de Yasmina Khadra qui m'avait un peu déçue avec son précédent opus « Les anges meurent de nos blessures ».

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N'est pas Deon Meyer qui veut... J'adore Khadra, une écriture extraordinaire, et ce roman ne fait pas exception à la règle. Mais, car il y a un mais (minime certes), l'auteur n'arrive pas à accrocher le lecteur à son enquête. Khadra n'est pas à l'aise avec le style polar et ça se sent, en tout cas avec celui-ci... Bien écrit mais pas un page turner...
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Partant d'une littérature engagée avec une écriture majestueuse, Yasmina Khadra nous fait atterrir cette fois dans un thriller pas aussi tapageur mais un thrilleur où les hommes ne sont encore que des singes, ils passent leur temps à jouer pour bu leur nom laisse les traces de leurs bévues sur terre. Un livre saisissant qui tape sur la conscience par ce que l'auteur ne fait pas que tomber le voile de la politique algérienne mais aussi de toute l'Afrique. En effet, un cercle d'une catégorie s'approprient la gestion du pays dans tous les domaines, ils sont intouchables, invincibles, ils savent qui placer à telle institution pour sauvegarder leurs intérêts. Le cercle reste fermé, qui veut y pénétrer doit avant tout se dépouiller de son âme car elle ne lui appartiendra plus!
Beau livre!!!
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Polar algérien, meurtres et corruption sociale.

Ça meurt beaucoup dans ce roman où des riches jouissent d'une impunité totale.

Le cadavre d'une jeune fille assassinée a été trouvé dans une forêt. La policière chargée de l'enquête continuera à enquêter malgré l'avis de ses supérieurs, même lorsque divers témoins périront à leur tour.

Un roman qui est une critique du régime et des puissants, dans un pays riche, mais où la richesse ne profite qu'à un petit nombre d'opportunistes sans scrupules.

Mais ce n'est qu'un roman, cette misère et cette corruption, tout ça ne peut être qu'invention de l'auteur, n'est-ce pas?
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Ce que j'aime avec Khadra, c'est qu'il est loin de prendre ses lecteurs pour des cons. Il livre ici une oeuvre complète qui dépeint une Algérie sous le joug des grands médias, une Algérie manipulée par des grandes fortunes, des hommes-singes qui ne travaillent que pour leurs prunes, plaçant leurs pions pour excéder une contrôle total de l'information. Dans un langage soutenu, avec pour toile de fond une enquête policière (qui devient bien secondaire) Khadra nous parle de la sacro-sainte corruption, sans détour, sans ménagement. Un portrait déconcertant de ce pays livré aux mains d'hommes qui se croient au-dessus de toutes les loirs et qui usent de leurs influences malsaines. Un très bon bouquin, sans doute mon préféré de l'auteur, après L'attentat.
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Ce livre est construit comme un polar, mais au fur et à mesure du récit, on se rend compte que la résolution de l'enquête n'en est pas le but. Ce qui nous est offert ici, c'est le portrait d'un pays, à travers ses failles, ses personnages emblématiques, ses lâchetés. le portrait est sans concession, plutôt désabusé.

La prouesse est que malgré tout l'histoire centrale et l'enquête tiennent la route et contribuent aussi à l'intérêt de la lecture même si ils servent plus de fil conducteur.

Le style est très agréable à lire, fait de phrases chocs dont la musicalité rentre par l'oreille et quitte difficilement l'esprit mais également de passages plus efficaces et simples qui font avancer le récit et garantissent malgré tout un rythme entraînant.

La fin d'un tel roman ne pouvait ressembler à celle d'un polar standard. le petit bémol est peut-être que l'auteur n'ait pas voulu rester dans la noirceur totale et cherché à l'embellir par une note d'espoir pour rattraper le tout sur la fin. Mais comment reprocher à un homme de toujours imaginer une porte de sortie vers un avenir meilleur pour le pays dont il est issu ?
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