Il est toujours difficile de venir "après". En l'occurrence, ici, après
Art Spiegelman et son "Maus". Mais
Michel Kichka l'a fait, c'est important, et il l'a plutôt bien fait.
Cependant, en refermant cet ouvrage, je me pose cette question "qu'aurait été ce livre s'il l'avait écrit après (toujours cet "après" lancinant) la mort du père ?". Car je ne pense pas, comme l'amie psy de l'auteur, qu'il fallait l'écrire de son vivant. La pression affective est trop forte, l'auteur est comme empêché, d'où l'impression que certains chapitres ne sont pas aboutis.
Que devient la mère du narrateur ? Un grand vide subsiste à son sujet, le père est tellement envahissant, autocentré, que même le fils "évacue" la mère.
Art Spiegelman allait au fond des sentiments qu'il éprouvait pour son géniteur, les bons comme les mauvais, les exprimables comme les indicibles. Là est la force, l'authenticité de son oeuvre.
Michel Kichka ne va pas jusqu'au bout. Et je comprends qu'il ne le puisse pas. Déboulonner le héros n'est pas chose facile. Mais il ne me semble pas qu'il y ait d'autre solution pour digérer et dépasser cette histoire familiale douloureuse. Pour vivre en paix avec son passé.