La réplique «
C'est pour mieux te manger » est connue de tous les enfants et anciens enfants, puisque tout le monde a eu droit au conte du Petit Chaperon Rouge.
Et dans la version de
Charles Perrault, ça se terminait très mal pour la gamine et sa mère-grand. La morale était violente, mais le message était clair : méfiez-vous du loup.
Loup qui, nous ne le savions pas, symbolisait le mâle, le prédateur sexuel qui séduit une jeune fille.
Dans ce roman policier, réécriture du conte, à la trame narrative dans le désordre (c'est pour mieux te surprendre), on se retrouve avec une jeune fille qui va enquêter sur l'incendie de la maison de Sooja, la mère-grand de Minjue, qui est la seule survivante de l'incendie (le frère de Minjue était mort aussi dans l'incendie). C'est tout ce qu'il vaut mieux connaître du résumé.
Lorsque je lis de la littérature coréenne, le plus difficile est toujours les noms et prénoms des différents protagonistes, le nom de famille étant toujours le premier, ce qui fait que bien souvent, je fais une soupe avec les différents personnages.
Ici, hormis quelques erreurs, je m'y suis bien retrouvée. Semer des petits cailloux blancs, à la manière d'un petit Poucet, est la meilleure chose pour retrouver qui est qui (noter les noms sur un petit papier) et ne pas se perdre dans la forêt des prénoms.
Au départ, impossible de savoir où le récit va nous entraîner, vu que c'est une réécriture du conte du Petit Chaperon Rouge, mais que les protagonistes du conte (Chaperon Rouge, la grand-mère, le chasseur et le loup) vont sortir de leur rôle d'origine et endosser un autre, bien différent, dans ce récit.
Oui, il faut s'accrocher au départ et persévérer dans cette construction à l'envers, qui ne dévoilera la totalité de l'histoire qu'au compte-goutte. Votre galette, c'est en morceau qu'elle vous sera servie et pour mériter de croquer dedans, il va falloir tout lire afin de reconstruire le puzzle, qui, je l'avoue, était bien pensé et inattendu.
En déroulant son histoire, l'auteur en profite aussi pour parler de la société sud-coréenne, des difficultés de trouver du travail, d'avoir un CDI, de l'argent, des difficultés à se loger, des prix exorbitants, des cautions locatives, des rapports familiaux…
Le problème, c'est qu'aucun des personnages n'a réussi à me faire vibrer, tant ils étaient plats, même s'ils pouvaient être oppressants par moment. L'écriture, elle, m'a semblé sans émotion, assez froide.
Par contre, j'ai aimé le malaise ressenti à un moment donné, avec la grand-mère qui parait perdre la tête, lors d'un accident, lors de certaines rencontres, lorsque l'on commence à ajuster les pièces du puzzle.
Ce roman policier est intéressant par la construction de son intrigue, à l'envers, afin de pouvoir cacher les choses essentielles du récit et laisser le lecteur comme deux ronds de flamby, lorsque tout le tableau apparaît. Ah ben merde alors, fut mon exclamation en comprenant. Non, elle ne passera pas à la postérité, ma phrase.
La littérature coréenne n'est pas facile, souvent exigeante, et j'ai souvent bien du mal avec elle, mais je persévère et, de temps en temps, on y fait des découvertes surprenantes. Dommage que les personnages n'aient pas su me faire vibrer. Par contre, le final était original et m'a cloué le bec.
Lien :
https://thecanniballecteur.w..