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sur 894 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'éprouve une grand intérêt pour les béguines, ces femmes qui faisaient le choix de vivre sans mari, entre elles, mais qui pourtant étaient tournées vers le monde extérieur : soignantes, écrivains, philosophes. Elles n'étaient pas mariées à Dieu et se devaient de gérer les biens du béguinage en bonne intelligence. Curieuses et autonomes, ces femmes sont étonnantes par leur modernité. J'ai visité quelques béguinages et j'ai toujours eu une grande impression de sérénité dans chacun de ces lieux, il reste l'esprit d'une communauté bienveillante.
Paris - quartier du Marais - Moyen Age - époque de Philippe le Bel - entre 1310 et 1317
Tandis que le roi pour remplir les caisses vides de l'état, s'attaque à l'ordre des Templiers, le grand béguinage de Paris (créé par St Louis) subit des remous par extension. Ysabel, l'ancienne, apothicaire, médecin, accepte une jeune fille rousse, Maheut au sein de la confrérie. Maheut fuit un mariage qui lui a été imposé par sa famille, ruinée, avec un homme violent. Elle est poursuivie par un membre de l'ordre des dominicains, Humbert, qui se révèlera finalement un soutien précieux.
Ysabel va trouver une place pour Maheut, qui donnera bientôt naissance à Leonor, auprès de son amie, ancienne béguine, Jeanne, devenue propriétaire d'une superbe boutique de tissus et mercerie. Maheut y rencontrera Giacomo, marchand de tissu italien.
Autour d'Ysabel et Maheut, on trouve :
- Dame Ade, belle, gracieuse et secrète, marraine de Leonor
- Agnès, qui parle trop et n'a pas de cervelle,
- Clémence, jeune fille ardente et emportée, issue d'un milieu aisé
- la petite Juliotte, adorable fillette à la langue coupée, qui s'occupera de Leonor
Tandis qu'on brûle en place de grève, une béguine Marguerite Porete pour avoir écrit et soutenu un texte considéré comme hérétique, lesdites béguines vont devoir se battre pour conserver leur autonomie et ne pas faire partie de ceux qui subissent la folie royale contre les hérétiques. Un texte passionnant, riche d'odeurs, de sensualité, qui nous fait vivre la misère sociale du peuple, le début du capitalisme et le sexisme qui veut qu'une femme est soit nonne soit mariée, Une très belle fresque entre église mercantile et questionnements religieux et humains.
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Paris, 1310. Une communauté de femmes résiste presque à l'envahisseur. Où plutôt à servir. Ni nonnes, ni épouses, elles ont la chance d'avoir trouvé un entre deux particulier. Bien rare à l'époque. L'une d'elles recueille un jour une jeune fille qui refuse de parler, c'est à travers son histoire que l'on va découvrir cette communauté particulière. C'est clairement ce dernier aspect qui m'a intéressée que l'histoire de cette jeune fille en question, somme toute sans grande surprise. J'ai aimé le caractère historique du bouquin et la transcription d'une ambiance particulière. Elles ne sont pas prisonnières d'un mari, mais elles ne sont pas tout à fait libres non plus. On les tolère tant qu'elles ne dérangent pas, comme ça a souvent été le cas au fil de l'histoire. J'ai bien aimé ce livre qui m'a fait penser aux Simples.
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Lorsqu'on évoque le Moyen-Age, on pense souvent à l'amour courtois mais la condition des femmes est bien loin de celle décrite dans les vers délicats des poèmes qui les célèbrent et qui finalement, comme l'a souligné l'historien Georges Duby, ne font que les instrumentaliser.
Pourtant, dans ce Paris grouillant et vivant fort bien décrit par l'auteure, il existe un havre de paix et de liberté : le grand béguinage situé au coeur du Marais et voulu par Louis IX alias Saint-Louis.
Dans cet endroit vivent des dames pieuses souvent veuves qui ne sont pas nonnes. Pour incarner cet esprit, Aline Kiner fait appel à deux caractères forts : Ysabel, la vieille intendante sage, bienveillante et à l'esprit ouvert et Ade, une belle femme qui se mortifie pour n'avoir pas pu donner une descendance à son mari.
Au coeur de cette quiétude surgit Maheut à la chevelure rousse, couleur du Diable. Enceinte d'un mari qu'on lui a imposé, la jeune fille est accueillie par les béguines. En ce début de XIVème siècle où l'Inquisition sévit, l'indépendance de ces femmes ne plaît pas. L'une d'entre elles, Maguerite Porete, auteure du « Miroir des âmes simples et anéanties », celle qui considère « Dieu comme un amant désiré », est considérée comme hérétique et brûlée en place de Grève. Les Templiers, moines-soldats, sont arrêtés et subissent le même sort que la mystique. On leur reproche de pisser sur la croix et d'être des invertis !
Roman historique composé dans une écriture classique, « La nuit des béguines » est une ode à la liberté et au féminisme qui nous plonge avec délice et parfois effroi dans un Paris médiéval dont on voit encore aujourd'hui quelques traces.

EXTRAIT
Mais à chaque instant ces femmes inclassables, ni épouses ni nonnes, ni totalement contemplatives ni totalement actives, ces femmes mi-chair mi-poisson, peuvent compromettre l'Ordre.


Lien : http://papivore.net/litterat..
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Paris 1310, quartier du Maris au Grand Béguinage : communauté de femmes qui y vivent, étuident, travaillent en toute liberté; Communauté inclassable, mi-religieuse, mi-laïque.
Très belle écriture qui nous emporte ans cette bulle du Moyen-Age où on plonge complètement dans le temps. Style narratif évoquant les personnages, leurs quotidiens, leurs pensées, leur solidarité.On vit avec ces femmes indépendantes, on a froid l'hiver et on se réchauffe devant le feu de bois craque , on ressent le désir des veuves qui se souviennent de leurs maris, on partage les amitiés féminines, on vit les couleurs, les odeurs de la rue.. le tout sur fond historique où le malaise est présent, on sent qu'une ère se termine.
Très beau livre merveilleusement bien écrit..
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Aline Kiner consacre son roman aux béguines, femmes oubliées de l'Histoire du Moyen-Age. Elles étaient pourtant fort nombreuses. On découvre l'existence, à Paris, du béguinage royal, dans le quartier du Marais. Les béguines étaient des femmes de toutes conditions, veuves ou célibataires, formant une communauté, pieuses mais contrairement aux moniales libres de leur vie. C'est cette liberté qui séduit dans les personnages féminins du roman qui prend encore plus sens au vu de l'actualité récente.
L'intrigue est simple et attachante. L'écriture est agréable, les mots choisis pour nous imprégner des sons, des odeurs, des images, de la vie à Paris au Moyen-Age.
Très beau livre !
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Elles étaient sages, charitables, discrètes, et souhaitaient simplement vivre en paix, sans avoir à justifier le moindre de leurs actes ou la moindre de leurs pensées auprès de quiconque. Mais l'indépendance et la prospérité de ces femmes, qui n'étaient soumises à aucune autorité masculine, étaient intolérables pour les hommes de l'époque, qui n'eurent de cesse de trouver des prétextes pour les asservir. Ce roman raconte les dernières années d'une communauté de femmes libres au Moyen-Age.
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Aline Kiner dont le talent d'historienne ne fait aucun doute, nous invite à découvrir le béguinage de Paris. C'est le béguinage royal dont il s'agit, qui est directement placé sous la protection du roi, et en particulier celui de Philippe le Bel en cette année 1310 où débute l'histoire de ces quelques femmes qui seront confrontées à la volonté de l'Eglise de démanteler ce qu'elle estime être une enclave insupportable de liberté féminine.

Maheut la Rousse trouve refuge au grand béguinage, victime d'un mariage forcé et traquée par un moine franciscain. Ysabel, l'intendante qui connaît tous les secrets des plantes veille sur elle, tandis que les béguines sont aux prises avec une sourde et lancinante inquiétude, celle de voir leur statut condamné par les autorités religieuses.

Nous découvrons ainsi le curieux mode de vie de ces femmes, dans nombre de grandes villes d'Europe. Elles refusent le mariage ou sont veuves, et désirent demeurer laïques pour étudier et travailler à leur guise. Elles vivent soit dans des béguinages sous la direction d'une maîtresse librement choisie, soit dans des quartiers marchands où leur nombre et leur mode de vie les protègent. Mais nous sommes à un tournant de la chrétienté : il s'agit de dissoudre l'ordre des Templiers, de la montée en puissance de la Sainte Inquisition avec son cortège d'exactions sous prétexte de chasser l'hérésie.

Aline Kiner, qui maîtrise parfaitement son propos, nous conte ici un Moyen Age haut en couleur, grâce à une mise en scène très réaliste, usant de descriptions très précises et vivantes, nous donnant ainsi l'occasion de rencontrer des femmes étonnamment modernes dans leurs aspirations en dépit de la menace permanente que les us et coutumes et la fragilité de leur position font peser sur elles.

Une belle aventure aux temps des bûchers et des manuscrits interdits sur les pas de quelques femmes impressionnantes de force et d'érudition.


Lien : https://camusdiffusion.wordp..
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Paris au moyen âge, quelques décennies pendant lesquelles les femmes pouvaient avoir un statut particulier, n être ni épouse ni religieuse. Des femmes libres, à une époque où les hommes et la religion cherchaient à tout contrôler et à empêcher la libre pensée.

Un livre donc autour de ce sujet et où l on suit plusieurs béguines. Beaucoup de suspense, de sororité et la découverte que même dans une période sombre la lumière peut exister.
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La nuit des béguines est un roman historique. Histoirique, car il traite d'une communauté de femmes oubliées, mais ayant vraiment existées : les béguines. Les béguines étaient des femmes libres. Elles vivaient "en ville" ou au sein de propriétés closes regroupant leurs maisons, autour d'une chapelle, les béguinages. En cette fin de Moyen-Age, à une époque où les pouvoirs temporels et spirituels inaugurent un contrôle nouveau sur les hommes et les âmes, les béguines jouissent d'une étonnante liberté. Physiquement, puisqu'elles sont célibataires, par choix ou par veuvage. Economiquement, puisqu'elles possèdent leurs biens et jouissent des revenus de leur métier. Intellectuellement aussi, car elles n'ont prononcé aucun voeu. Leurs béguinages sont des républiques féminines indépendantes. Conscientes de leur chance mais humbles, engagées dans une liberté dont elles pèsent les choix et assument les risques, les béguines chantent, pensent, lisent, enseignent, soignent, cultivent et prient. Mais, leur statut et leurs succès questionnent et dérangent. Echapant à la domination masculine, du père, du mari et du prêtre, les béguines étaient un chant d'amour à la Vie, à la Terre, à l'Esprit du savoir et de la connaissance. Etaient ! Car la nuit des béguines est vraiment tombée. Pas seulement dans le livre. En effet, si de ces esprits libres demeure l'architecture harmonieuse des béguinages, à Courtrai par exemple, la dernière béguine a disparu en 2013, en Belgique, à l'âge de 92 ans. Ce livre nous les fait rencontrer, à Paris, en ce Moyen-Âge où la persécution s'annonce. La nostalgie de cette histoire ne peut que rendre lumineuse leur modernité.
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Découvert apres une émission sur france culture, étant du Nord et ayant visité des béguinages comme Brugges ou Courtrai plus intimiste, je n'avais réellement compris ce qu'étaient les béguines ce terme étant repris actuellement comme un type de maison de retraite modèle permettant à la fois autonomie et "entourement". Aline Kitner avec une fort riche et belle écriture me rappelant " La jeune fille a la perle " reprend ainsi à travers une trame romanesque se situant dans le grand béguinage de Paris au début XIV eme ce que fut cette histoire dans toute sa singularité, sa complexité et ses enjeu. Très détaillée est ainsi sans dérives ni pathos pseudo historique est rappellée ce qu'était d'abord la place de la femme à l'époque de Philippe Lebel et ce mouvement enclenché par St' Louis qui compta jusqu'à 1 million de femmes en Europe avec ce statut protègé ni religieux au sens monastique ni laïc. Ce sont des lors tous les conflits avec les ordres religieux à l'époque de l'Inquisition, l'état avec un roi en recherche d'argent et que l'on pourrait qualifier de paranoïaque, une bourgeoisie en développement dans un Paris comptant 1 million d'habitants et les corporations appréciant peu la concurrence de ces femmes... Même si parfois un peu longue l'intrigue romanesque ne m'a pas gênée car de très belle écriture et reprenant des destins féminins tels qu'ils auraient pu être et rappelant sans cesse la lutte incessante qu'ont du mener les femmes dans un univers tenu par les hommes. Bref un livre à la fois bien écrit, intéressant pour qui se montre curieux sans pour autant être un médiéviste chevronné et qui amène a réfléchir.
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