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3,83

sur 894 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Sans conteste, le plus beau livre qu'il m'aura été donné de lire en 2019. Dans une écriture déliée, poétique, délicate et raffinée, et pourtant sans cette prétention qu'ont certain-e-s "grand-e-s" écrivain-e-s qui "s'écoutent écrire", l'auteur narre l'histoire de ces femmes incroyablement libres grâce au statut de béguine que leur avait conféré Louis IX. Un récit historique mais aussi féministe sur le désir d'indépendance des femmes dans un monde dominé par les hommes qui dresse de magnifiques portraits de femmes et analyse l’ambigüité des relations entre les femmes et les hommes. Une histoire tellement moderne!
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En ce début de 14ème siècle, les béguines sont des femmes qui jouissent d'un statut particulier : ni nonnes ni complètement laïques, elles vivent en communauté, peuvent exercer un métier ou suivre des études. Les hommes d'Eglise voient d'un mauvais oeil cette indépendance qui les prive de leur autorité qu'ils prétendent naturelle. C'est dans ce contexte qu'arrive au grand béguinage royal une jeune femme dont il s'avère qu'elle a voulu échapper à un mari violent et à la tyrannie de son frère qui l'a mariée de force. Son arrivée va menacer le fragile équilibre de la communauté.

Que de femmes courageuses sont ici présentées, Ysabel la guérisseuse, Ade la lettrée, Jeanne la commerçante, Marguerite qui a écrit un livre sur la foi que l'Eglise condamne et qui finit brûlée vive ! Féministes qui s'ignorent, qui n'ont pour seul tort que de revendiquer leur liberté de vie et de pensée, elles doivent lutter contre les préjugés, dans une époque troublée où il est si facile d'accuser quelqu'un d'hérésie. C'est un ample roman remarquablement documenté, qui permet de découvrir des personnages dont on sait encore si peu de choses, malheureusement.
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1310, au grand béguinage royal du Marais à Paris, fondé par Saint-Louis, Ysabel, guérisseuse, qui connait le pouvoir des plantes, recueille une jeune femme blottie contre la porte d'entrée du béguinage. Cette jeune personne a la mauvaise idée d'être rousse, couleur considérée comme appartenant au diable et Ysabel a fort à faire pour ne pas qu'elle soit de nouveau abandonnée. Cette jeune femme a subi des sévices sexuels et doit être protégée et soignée.
Autour de Maheut, c'est son prénom, se bâtit une intrigue très convaincante. L'atmosphère religieuse de l'époque avec l'église catholique qui voudrait voir les béguinages détruits et leurs pensionnaires dans des établissements religieux cloîtrés. C'est vrai, ces femmes qui vivent seules, et, surtout, libres sans la tutelle masculine à laquelle ces dames et demoiselles se devraient d'être attachées, rattachées à un mâle. « Quoi qu'il en soit, toute femme n'étant ni épouse ni nonne est suspecte. Surtout lorsqu'elle s'acharne à prêcher, usurpant les privilèges du clergé. Et des hommes. »
Philippe le Bel veut purifier la religion catholique. « Philippe est littéralement hanté par la peur de l'hérésie. »Il s'en prend à l'ordre des Templiers « Il est vrai que depuis l'arrestation des Templiers, les rumeurs les plus effrayantes circulent. Hérésie, sorcellerie, sodomie… Les moines soldats souffrent d'un péché originel : ils ont obtenu de porter les armes et de verser le sang, tout en étant religieux. Ce statut qui contrevient à la stricte division des clercs et des laïcs dans la communauté des fidèles, à un ordre social voulu par Dieu lui-même, les expose à tous les soupçons de déviance. ». Les Templiers ont été soumis à la question « Ils ont été soumis à la question avec beaucoup d'efficacité. Selon l'inquisiteur général, c'est une méthode fiable pour emporter la vérité. Je ne permettrais pas de le contredire. Mais la vérité qu'on obtient est souvent celle que l'on cherche. » Ainsi parle Dame Perrenelle, maîtresse du grand béguinage, une personne qu'Ysabel respecte beaucoup et qui sait gérer le clos et l'extérieur.
Et puis, il y a ce livre qu'a écrit Marguerite Porete, béguine dans le nord de la France. Pour ce livre, « le miroir des âmes simples et anéanties », jugé hérétique, Marguerite meurt sur le bûcher en juin 1310. Il ne subsiste aucune trace du manuscrit
Ce même livre sera un des fils rouges du roman d'Aline Kiner. Beaucoup de très belles descriptions qui paraissent réalistes. A travers l'histoire du béguinage du Marais, je découvre la vie parisienne dans les années 1300 où, « même dans la mort, les miséreux ne peuvent reposer en paix ». Les autorités religieuses ont fort à faire avec tous les provinciaux qui montent à Paris pour se louer, qui espèrent trouver une vie meilleure. Les gueux et les miséreux ne sont plus soumis comme les serfs des campagnes.
Le clergé veut absolument assujettir les béguines, ces femmes un peu trop libres et indépendantes, très, trop, cultivées « du soupçon, ou de l'inquiétude face à la liberté des pieuses laïques, il semble que l'on soit passé à l'accusation. »
J'ai aimé cette plongée dans le Paris du moyen-âge, appris la présence de béguinages à Paris. Ah, le Paris de cette époque, sale, odorant, bruyant, grouillant, vivant qui s'oppose au calme, à la sérénité, au secret du béguinage. Les béguines ont le droit de travailler à l'extérieur du béguinage. Ainsi, dans le quartier de la soie, rue Troussevache très exactement, vit et travaille Jeanne du Faut. Elle possède un atelier où travaillent tisserandes, brodeuses, crépinières.
Le béguinage est un lieu clos protégé où les femmes pieuses mais laïques, célibataires, veuves, s'épanouissent, osent, ont des convictions et peuvent les mettre en valeurs, si elles ne sont pas contraires aux bonnes moeurs. Je comprends que cela ait chagriné ces messieurs.
Ne nous voilons pas la face, l'hérésie peut revenir et, une fois encore, ce seront les femmes et les érudits qui, en premier, en subiront les conséquences. Les premières car, voyons les femmes se doivent d'être soumises, les intellectuels car, le savoir est contraire à l'obscurantisme.
Aline Kiner a écrit un livre passionnant, un bel hommage aux béguines, femmes libres tellement humaines.
Un livre d'histoires et d'histoire qui pourrait, malheureusement, devenir d'actualité avec la montée de la religiosité et de l'intégrisme.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Ce sont des romans qui mêlent histoire et romance comme celui-ci qui me plaisent.
Les béguines ont véritablement existé. le grand Béguinage royal dans le quartier du Marais a été créé par Saint-Louis et détruit par Philippe le Bel.
Les femmes qui y vivent son soit veuves soit célibataires et refusent la mariage comme le cloître. Elles travaillent ou étudient. Certaines vivent même en dehors du béguinage. Elles vivent libres et en autonomie. L'une d'elle Marguerite Porète a été soupçonnées d'hérésie et brûlée vive pour avoir écrit « Le miroir des âmes simples ». Ça c'est pour l'histoire vrai.

L'histoire romancée commence ici, en 1310 jusqu'en 1315. Les 2 personnages principaux sont Ysabel, vieille dame qui veille sur les lieux et connaît les bienfaits des plantes. Puis, il y a Maheut, dit Maheut la rousse, qui arrive un jour au béguinage. Elle est maigre et ne parle pas. Personne ne sait qui elle est ni d'où elle vient. Les béguines vont la soigner et la protéger quand elles vont comprendre qu'elle est recherchée.

Aline Kiner dans son roman nous raconte les dernières années du béguinage, avant sa destruction par Philippe le Bel. On a aucun problème pour le lire, l'auteure utilise parfois des mots du moyen âge, mais qui n'empêchent pas de comprendre le déroulement de l'histoire. C'est un livre à lire absolument.
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Femmes, spiritualité, mentalités et amour. Quelle jolie découverte… j'ai pris ce livre sur une intuition et je ne m'y suis pas trompée ! Très beau style qui alterne entre la douceur, des relations et des sentiments et la violence de la société sur les femmes et la réflexion. On s'attache évidement aux personnages, on plonge avec elles, on est immergé dans une société oppressante. La lecture fut déliée et intense. C'est une tranche de vie, la vue d'un moment T, sur un espoir, un échec, une brèche de changement sociétal. Bref, je ne peux que recommander cette lecture.
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L'un des meilleurs romans historiques que j'ai pu lire, traitant d'un sujet peu connu en dehors des médiévistes. Une histoire prenante, des personnages attachants, construites sur des connaissances historiques approfondies.
A découvrir !
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J'ai beaucoup aimé ce livre, qui nous parle d'une époque totalement inconnue du moyen-âge, où des femmes étais complètement libres à conditions de vivre ensemble dans des lieus clos, les béginages.

Le livre est assez complexe donc j'ai mis pas mal de temps à le lire, on nous met une vrai histoire et un vrai contexte historique.

C'est le premier roman historique que je lis et je compte bien continuer, ça permet d'apprendre des choses d'une autre façon qu'en regardant des documentaires.
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Nous sommes à l'époque de Philippe le bel et des templiers. Il existe un ordre de femmes libres, qui vivent dans une communauté, et qui mènent leur vie comme elles l'entendent grâce au roi Saint Louis qui avait fondé l'ordre. Elles ne sont ni religieuses, ni des femmes complètement laïques. Elles n'ont pas eu à prononcer des voeux.
Je ne connaissais pas cette partie de l'histoire de France et encore moins cet ordre. Il était un ordre à part, dirigé par des hommes même si elles étaient chapotées par le curé de l'église. Elles pouvaient travailler, assister et soigner les pauvres, tout en honorant Dieu comme il seyait à l'époque. Ces femmes étaient aussi libres de quitter la congrégation pour se marier. Elles vivaient entre elles, en communauté, sans être revêtues d'un habit de religieuse, ni être mariée à Dieu.

Bien sûr, cet ordre ne plaisait pas à tout le monde et à une époque où l'inquisition emprisonnait et questionnait plus vite que son ombre, l'ordre n'a pas résisté très longtemps à la vindicte cléricale et des dirigeants de cette époque qui voulaient les femmes mariées donnant des enfants à leur mari comme Dieu l'a voulu.

Nous sommes à l'aube de la dissolution de l'ordre, quand Philippe le Bel s'est mis en guerre contre les templiers. Nous craignons donc fortement pour ces femmes au statut peu conventionnel et surtout pour l'une d'elle qui s'est réfugiée dans l'ordre. Nous suivons quelques femmes ;  Ysabel l'herboriste ; Ade la secrète et Maheut qui est confiée à une autre soeur pour être soignée. Déjà dans son corps, avant de soigner son âme.

Nous suivons aussi Marguerite Porete à distance, avec son miroir des âmes simples. 

Il règle une grande solidarité parmi ces femmes entourées d'hommes. Suffira-t-elle à les aider à conserver leur ordre inctact ?

Ce roman érudit se lit très facilement et nous permet de nous plonger dans l'époque, les mentalités et même de trembler pour nos protagonistes. Un très bon moment de lecture.



A recommander à ceux qui aiment les livres historiques, ceux qui sont passionnés par le Moyen-Âge et ceux qui veulent lire une belle histoire de différentes femmes dans une époque ancienne et qui ont, pour certaines, réellement existé.
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Ce roman historique est remarquable à plus d'un titre.
- une écriture de très belle facture, fluide, précise et érudite. J'adore !
- un thème : les béguines, des femmes qui désirent vivre leur vie de femmes sans subir les deux entraves de la société médiévale: le patriarcat et le rigorisme religieux.
- une trame romanesque, certes en demi-teinte, mais suffisamment présente pour entraîner plaisamment le lecteur sous le règne de Philippe le Bel, à la découverte d'un monde totalement méconnu: une communauté de femmes vivant en plein coeur de Paris. Ni congrégation religieuse, ni laïques, ces femmes sont des pionnières de l'émancipation féministe.

Dans une société totalement dominée par la religion chrétienne qui est encore indissociable du pouvoir, celui du roi et celui du pape, les femmes sont irrémédiablement soumises à l'autorité ecclésiastique et /ou à celle de leur mari et maître. On ne leur reconnait aucune autonomie en dehors de ces deux tutelles. Pourtant, Saint Louis sera le premier à reconnaître le statut de ces Béguines, femmes pieuses souvent lettrées désireuses de vivre de manière autonome leur célibat ou leur veuvage dans des communautés de femmes protégées tout en prenant part librement à la vie de la cité. Elles ne sont soumises à aucune règle de congrégation puisqu'elles ne sont pas nonnes, mais désirent seulement vivre dans la piété hors de leur famille.
A la lumière de l'actualité de 2019, cette lecture présente un intérêt tout particulier montrant sans ambiguïté ce qu'est une société patriarcale soumise aux diktats de religieux craignant de perdre leurs prérogatives et leur pouvoir. Elle nous rappelle quel long chemin la société française a parcouru pour s'en extraire et combien les femmes ont eu à souffrir de ce combat pour leur liberté et leur autonomie. Elle nous rappelle aussi combien ces victoires sont terriblement fragiles et combien il faut être vigilants lorsque l'Inquisition renaît de ses cendres.
J'en recommande vivement la lecture à tous les amoureux de romans historiques bien documentés et bien écrits, à ceux qui comme moi sont fascinés par ce long et surprenant Moyen-Age, mais aussi aux défenseurs de la laïcité et de la liberté.
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Tout simplement un très beau livre. Etant belge, je savais ce qu'était une béguine (la dernière étant décédée en 2013), mais j'ai ainsi appris qu'il y avait eu un béguinage à Paris.
Très bien documenté, ce livre m'a emportée au Moyen-Age. Sans doute une sorcière rousse m'a -t-elle envoûtée ?? :-)
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