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sur 894 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Saint-Louis avait permis à certaines femmes, pieuses mais laïques, de vivre en communauté sous sa protection et celle des murs du grand béguinage. Ses successeurs poursuivront cette protection mais....
Nous sommes en 1310 et les Templiers, les moines soldats, sont mis en cause. C'est l'époque aussi des Vaudois et des Cathares. L'Inquisition est aux aguets, le très pieux Philippe le Bel voit d'un mauvais oeil ces libertés de l'esprit.
C'est avec d'Ysabel, une vieille béguine au savoir très étendu; Ade, veuve et érudite qui a choisi le béguinage pour ne pas se remarier; Jeanne, béguine qui a choisi de s'installer marchande de soieries; et Maheut, la rousse, arrivée au béguinage dans de troubles circonstances que j'ai découvert la vie de ces femmes.
Quelle modernité dans une époque si trouble. Mais déjà L Histoire nous montre que ce qui ne peut pas être mis dans une case dérange....
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Un roman historique incroyable de poésie et qui tout du long, met nos sens en éveil. La beauté des descriptions est d'autant plus jouissive que la chute de leurs privilèges est proche. Une apogée sublime où cette communauté (rimant avec sororité) pouvait vivre, habiter, travailler et aimer en toute liberté.
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Loin des rythmes tropicaux de la biguine, même si Cole Porter nous rapproche de la bonne orthographe (when they begin the beguine, it brings back sounds of music so tender...), béguines et béguinages ont des consonances plutôt septentrionales : Belgique, Hollande, Nord de la France.
Les béguines, sortes de religieuses non cloitrées, vivent dans des petites maison individuelles, autour d'une chapelle. L'architecture de quelques béguinages survit alors que le souvenir des béguines s'estompe. Il est vrai que c'est de l'histoire ancienne : le mouvement apparait à la fin du XIIe siècle, s'étend rapidement en Europe du Nord-Ouest pendant un siècle. Dès le début de XIVème siècle il est condamné au Concile de Vienne en 1314 par le Pape Clément V pour « fausse piété ». Les béguines passent à la trappe, si l'on ose dire, avec les Templiers, dont le roi Philippe le Bel convoitait peut-être le trésor.
Le roman d'Aline Kiner nous apprend qu'il y avait un béguinage à Paris en 1310, fondé par Saint Louis (Louis IX), installé dans le quartier du Marais. L'auteur met en scène quelques béguines accueillant une jeune femme enceinte fuyant un mari violent. La description de cette sororité industrieuse et protectrice est particulièrement heureuse : une vieille béguine herboriste et guérisseuse, style Hildegarde de Bingen, une belle aristocrate farouche et fascinante, une ancienne béguine reconvertie dans le commerce de tissus et cachant la fuyarde, un moine prêcheur franciscain qui n'a pas que de bonnes intentions et qui apporte l'élément d'intrigue policière qui a fait le succès du Nom de la Rose.
Le tout dans un Paris reconstitué comme une miniature médiévale, avec son grouillement dans les petites ruelles, ses odeurs (infectes), la liturgie qui rythme le temps, des laudes aux complies, ses intrigues et ses menaces, dans un temps d'intolérance et de fanatisme.
Maguerite Porete béguine, poétesse mystique, auteur du Miroir des âmes simples, qui inspirera peut-être Maître Eckhart, est brûlée en 1310 place de grève, un siècle avant Jeanne d'Arc : « Seigneur, qu'est-ce que je comprends de votre puissance, de votre sagesse ou de votre bonté ? Ce que je comprends de ma faiblesse, de ma sottise et de ma mauvaiseté..."
Temps lointain qui trouve quelque écho dans le nôtre. Ces femmes veulent vivre libres, sans mari, et hors d'un ordre religieux. Sur le rythme de la poésie du Dit des béguines de Rutebeuf :
Tantôt elle est Marthe, tantôt elle est Marie,
tantôt elle se garde, tantôt elle se marie.
Elles réclament la liberté de sortir, de commercer, de tester. La religion ni l'Église ne le permettent. Hier comme aujourd'hui, la conditions de la femme est un combat pour son émancipation.
Dans un mélange d'érudition et d'émotion, un entrelacs de petite et de grande Histoire, Aline Kiner fait vivre les jours comptés d'un abri menacé par la tourmente, la traque des hérétiques, le procès de Templiers. Mais il n'est plus temps : la nuit des béguines est tombée !

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L'un des mérites, et non des moindres de cet ouvrage est de donner un coup de projecteur sur le béguinage, cette pratique originale née au moyen-âge et qui a perduré jusqu'au 21ème siècle. Nous sommes plongés au coeur du moyen-âge, sous le règne de Philippe le Bel. Sur fond d'histoire mouvementée (extermination des templiers, crise économique, campagnes militaires à répétition) nous suivons la vie de cette communauté de femmes au statut un peu particulier, mi- religieuses, mi- laïques aux pratiques pas toujours très orthodoxes. Au sein de cette communauté apparaissent des personnages attachant qui construisent une intrigue bien ficelée qui nous tient en haleine tout au long des 300 et quelques pages de ce roman captivant. L'écriture savante et fluide n'est pas sans rappeler le style des romans de l'amour courtois correspondant à cette époque.
Belle réussite que ce roman digne d'une médiéviste éclairée.
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Voici un roman qui a suscité ma curiosité. Tout d'abord par son sujet, le béguinage, et puis par son cadre, le Moyen Âge et enfin par ses personnages, des femmes mi-laïques mi-religieuses regroupées pour vivre seules sans tutelle masculine.

PARIS, 1310, au coeur du MARAIS, Ysabel, veuve a choisi de rejoindre depuis quelques années le grand béguinage royal crée par SAINT LOUIS. Elle recueille au béguinage une jeune femme rousse, chevelure du diable à cette époque. Cette pauvre âme, mariée de force par intérêt parental à un vieux voisin a été violentée par celui-ci et cherche refuge tout en restant mutique. Au milieu de ces femmes, solidaires et libres, qui choisissent d'étudier ou de travailler comme bon leur semble, Maheut, la fugitive est protégée.

A cette époque, les autorités religieuses tentent de réduire au silence les nouvelles idées qu'elles jugent hérétiques et menaçantes pour leur hégémonie. Ainsi les béguines de PARIS ,qui bénéficient du soutien de Philippe LE BEL , découvrent Marguerite PORETE, béguine mystique, première femme brûlée vive sur la place de Grève pour avoir oser écrire en langue vulgaire un livre remettant en cause l'ordre religieux et par conséquent l'ordre social. Dans ce grand élan de pensée nouvelle et de poursuites inquisitoires, Ysabel et ses semblables tentent de conserver leur statut privilégié tout en continuant à revendiquer leur liberté. Un mystérieux franciscain à la recherche de Maheut va venir bouleverser l'ordre établi de cette communauté…

Ce roman historique qui nous plonge dans une époque obscure et patriarcale met en avant des femmes féministes avant l'heure, libérées du carcan de leur père puis de leur mari qui décident d'elles-mêmes de leur destin. Ces figures féminines m'ont de suite conquise par leur mode de vie, leur liberté et leur envie d'étudier à une époque où leurs droits étaient presque inexistants. Les jeunes filles nubiles représentaient une monnaie d'échange pour leurs parents qui n'hésitaient pas à les marier dés leur plus jeune âge comme le symbolise la jeune Maheut. Les béguines étaient une communauté animée par une volonté profonde de culture, d'un désir affiché d'émancipation intellectuelle face aux théories religieuses et déterminée à améliorer la condition des femmes. le personnage d'Ysabel incarne parfaitement ces valeurs et j'ai particulièrement apprécié sa sagesse, son engagement et son intelligence.

Le roman d'Alice KINER est très bien documenté et sa passion du Moyen Âge transparait tout au long du récit, tout autant que son attachement à ses femmes avant-gardistes aux revendications et à la condition finalement si actuelles. Alice KINER réussit à récréer l'atmosphère de l'époque avec précision et talent si bien que même si les endroits et les décors décrits nous sont inconnus et lointains dans le temps, il est aisé de se les représenter.

Des femmes hors du commun, une époque trouble et une intrigue intelligente font de ce roman une vraie réussite. Vraiment une belle découverte et une plongée médiévale captivante au sein de cette communauté de femmes libres.

MYMY

Lien : http://cousineslectures.cana..
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La Feuille Volante n° 1199
LA NUIT DES BÉGUINES - Aline Kiner – Liliana Levy

Le béguinage royal a été crée par Saint Louis dans le quartier du Marais pour permettre aux femmes de vivre en communauté, d'étudier, de travailler, de mendier ou de prier en dehors des règles monastiques et de l'obligation du mariage, c'est à dire de se libérer de l'autorité des hommes et du clergé. Il s'agit donc une communauté mi-laïque, mi-religieuse, sans règle, qui accueille les femmes vouées à la solitude et au veuvage, mais il n'empêche qu'au Moyen-Age, ces femmes qui ne sont ni mariées ni nonnes sont suspectes et l'accusation de sorcellerie n'est jamais loin. Nous sommes en 1310 à Paris et le roi Philippe le Bel les protège officiellement mais les difficultés économiques et monétaires du royaume déterminent le roi à intenter un procès aux Templiers, officiellement pour hérésie, mais en réalité parce qu'il lorgne sur leurs richesses. Pour cela il s'appuie sur l'Inquisition friande de tortures et de bûchers. le roi soutient les béguines par respect pour son ancêtre, et dans cette atmosphère de violence et de suspicion mais aussi de désordres monétaires, les béguines vont devoir se battre pour défendre leur indépendance et leur liberté. Quelques années plus tard le roi leur retirera sa protection et le pape prononcera leur disparition.
Le lecteur va découvrir la vie de ces béguines à travers les yeux de Maheu, une jeune fille rousse et rebelle de la petite noblesse désargentée du Hainaut qui a fui une union arrangée et un mari brutal pour trouver refuge à Paris. Son refus du mariage autant que ses cheveux, la couleur du diable, font d'elle une proie autant qu'une marginale dans la société médiévale. Son parcours au sein de cette communauté atypique donne à voir un tissu social, un état d'esprit et des us et coutumes caractéristiques de ce temps. J'ai ressenti un certain plaisir à me retrouver au Moyen-Age, non que cette période m'attire à cause notamment de l'intolérance religieuse qui y régnait, mais les détails de la vie quotidienne qui émaillent le texte procurent au lecteur un dépaysement bienvenu avec cette déambulation dans les divers quartiers de Paris. de même, ce roman permet d'en apprendre davantage sur le béguinage, ce mouvement féministe avant l'heure, animé d'une volonté de culture, d'un profond désir de liberté et de réforme face aux tergiversations théologiques de l'époque autant que d'une ferme intention d'améliorer la société par l'éducation et les soins apportés aux jeunes filles et aux femmes. L'évocation de la pharmacopée médiévale est de ce point de vue intéressante. Il découvrira aussi la personnalité d'Ysabel, la vieille béguine qui connaît les plantes et les esprits, Ade, la lettrée, mais aussi l'ombre de Marguerite Porete, une femme d'exception, une authentique béguine mystique de Valenciennes dont l'unique livre, « Le miroir des simples âmes anéanties », écrit en langue vulgaire pour être compris de tous et non pas en latin, menaçant l'ordre religieux et donc l'ordre social, a été condamné pour hérésie et brûlé en même temps qu'elle en place de Grève. Elle y prône l'amour de Dieu et la possibilité pour chacun de s'épanouir dans la religion catholique en dehors des fastes, et de la hiérarchie de l'Église, trop engluée dans le pouvoir temporel et les richesses. Elle est la première femme a avoir été brûlée pour un livre. Son supplice en forme d'autodafé au nom de la trop facile mais très usitée accusation d'hérésie, introduit la figure un peu inquiétante et énigmatique d'un franciscain, Frère Humbert qui poursuit Maheu de ses assiduités religieuses et pas seulement parce que les béguines viennent en concurrence avec son ordre mais surtout parce la situation de Maheu ne correspond pas exactement à celle des véritables béguines.
Dans un style fluide et poétique, l'auteure décrit cette société médiévale inféodée à l'Église catholique essentiellement masculine qui lui impose ses rythmes, son hypocrisie et ses dérives. Elle mêle suspense, émotion et mystère autour d'un manuscrit disparu, fait cohabiter des personnages réels et fictifs et cet ouvrage se révèle au fil des pages un document instructif et passionnant.
© Hervé GAUTIER – Décembre 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Une plongée bien documentée au sein d'une communauté de femmes au temps de Philippe le Bel. L'histoire est réaliste et ne sombre jamais dans une description de sororité mièvre, ce que j'avais crains en lisant le résumé. Une lecture très instructive sur ces femmes que l'on connaît peu.
Lien : https://www.aucoindelatre.ch..
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Il serait dommage de passer à côté de ce passionnant roman historique ! Aline Kiner maîtrise son sujet de bout en bout et a sans nul doute une très solide connaissance du Moyen-âge et du XIVème siècle en particulier mais l'art du récit et la fluidité du style font oublier la somme de connaissances pour entraîner le lecteur à découvrir la vie de ces femmes libres : libres d'apprendre, de travailler, de vivre sans homme sans être recluses et surtout libres de penser en marge de l'Eglise et de croire autrement... Si le sujet est passionnant, montrant tous les enjeux de pouvoir et toutes les crispations autour de ces femmes qui dérangent, le roman mêle à la grande Histoire une kyrielle de destins singuliers, romanesques et sensibles. Un texte puissant, poétique et sensuel qui donne envie d'aller voir plus loin et d'en apprendre davantage encore.
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A beautiful fiction (heavily inspired by reality/retracing a reality that could have been) about Medevial age France. It is filled with insightful ideas about religion and the time's view on women's condition. It puts a new light on History and makes the reader consider the 1300s as closer to the present than thought before. The parallels that can be established in terms of social issues are mind-blowing.
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Paris, 1310, au grand béguinage royal.
Ysabel, vieille béguine, responsable de l'hopital, amoureuse des plantes, prend sous son aile la jeune Maheut. Cette jeune fille à la peau très blanche et à la chevelure rousse, échouée à la porte du béguinage en fuyant un marriage forcé, va perturber l'équilibre au sein de la communauté. Entre religion et politique, malgré le soutien de la communauté des frères Franciscains, la vie de ces béguines est menacé. Aucun écart de comportement n'est admis sous peine de condamnation et de procès par l'Inquisition.

Ce roman a été une vraie découverte pour moi. J'ignorais tout du béguinage et de toutes ces béguines, de cette vie si particulière du Moyen-Age.

Ce roman aborde deux thèmes : l'omniprésence et la puissance de la religion à cette époque. Cette religion qui régit tout, les actes, le comprtement de chacun, les droits des individus, les punitions et condamnations à mort. Et le féminisme avec le béguinage.

Cette communauté de femmes qui vivent entre elles, sans père, mari ou frère pour diriger leur vie “Il y avait dans le béguinage, dans cette conmmunauté de femmes si peu entravées, une liberté qu'elle n'avait jamais connue avant. Les devoirs d'une femme, dans sa demeure bourgoise, la parfait tenue de la maison et de la domesticité, l'obligation d'amour et d'obéissance envers le père, puis le mari. Les deux sentiments étant le plus souvent confondus”. Ces femmes sont instruites, elles travaillent pour gagner leur vie (parfois même très bien comme c'est le cas ici pour Jeanne de Faut et son commerce de la soie), elles gèrent leur bien sans le regard des hommes ou presque. Car, bien que ces femmes soient autonomes, les béguinages sont gérés par l'Eglise et donc des hommes. Une béguine doit être pieuse. Mais ces elles effrayent, questionnent, dérangent aussi. le commerce de Jeanne de Faut marche trop bien et fait de l'ombre à ses concurrents masculins “Certains seraient trop heureux de trainer dans la boue, une femme qui, par sa réussite, leur fait de l'ombre”. Un frère dominicain dira même “Je ne pense pas qu'il soit bon que des femmes administrent seules leur destin. Ni qu'elles prétendent à l'instruction, bien que cela soit une tendance de notre époque”.
Finalement, les femmes ne sont pas libres. Elles sont surveillées. le moindre écart ne leur est pas pardonné. Il est dangereux d'être une femme à cette époque, même béguine.

Aline Kiner a une écriture très envoutante qui nous emmène dans ce Moyen-Age sombre inconnu. Ce roman très bien documenté, nous montre l'amour de l'auteur pour cette période. On se laisse emporter par cette plume qui nous retrace la vie de ces femmes. On s'attache à la douce Ade et son amour secret et réciproque pour pour le frère Humbert, à la gentillesse et au savoir d'Ysabel la sage, on suit avec intéret la vie de Maheut, on apprend à la connaitre.

Ce roman est poignant, déroutant aussi. Il pose question sur le féminisme et la place des femmes, sujet d'actualité et qui fait encore polémique de nos jours.
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