Citations sur Cujo (60)
Dans l'allée, les mouches somnolentes avaient découvert le cadavre de Cujo et de celui du shérif Bannerman, époux de Victoria, père de Katrina. Elles ne marquaient aucune préférence pour l'homme ou pour le chien. C'étaient des mouches démocratiques.
Les crocs se refermaient à quelques centimètres du visage de la jeune femme et elle respirait dans le souffle de la bête un monde de mort, de maladie fatale, de meurtre aveugle. L'image absurde des eaux usées remontant le siphon de l'évier pour maculer le plafond d'une boue verdâtre, juste avant la soirée que donnait sa mère, lui traversa l'esprit.
Ce livre est dédié à mon frère, David, qui me prenait toujours la main pour traverser West Broad Street, et qui m'a appris à faire une baguette magique avec un simple bout de bois. Cela marchait tellement bien que je n'ai jamais pu m'arrêter d'en fabriquer.
SPOIL
Dans l’allée, les mouches somnolentes avaient découvert le cadavre de Cujo et celui du shérif Bannerman, époux de Victoria, père de Katrina. Elles ne marquaient aucune préférence pour l’homme ou pour le chien. C’était des mouches démocratiques.
Il ne serait peut-être pas mal à propos de rappeler que Cujo avait toujours essayé d'être un bon chien. Il avait toute sa vie tenté de faire ce que l'HOMME, la FEMME et surtout le GARCON attendaient de lui. Il serait mort pour eux s'il avait fallu. Il n'avait jamais voulu tuer personne. Il avait simplement été manipulé par quelque chose, le sort, le destin, ou peut-être une maladie détruisant les nerfs et qu'on nomme la rage. Le chien n'était pas responsable.
L'énorme bête semblait s'être ratatinée dans sa fourrure hirsute et couverte de sang. Ses yeux étaient brumeux, presque vides, un regard de vieillard atteint de la cataracte. Telle une machine de destruction usée, qui s'autodétruisait peu à peu mais restait encore terriblement dangereuse, Cujo montait la garde. Il ne bavait plus ; son museau n'était plus qu'une horrible plaie séchée. On eût dit un morceau de roche ignée recraché par le cratère d'un vieux volcan.
[...] Non, c'était le chien qui l'effrayait. Comment s'appelait-il déjà?
Ils avaient plaisanté à ce sujet. Tad. Tad qui appelait le chien.
Et de nouveau lui parvint la voix de son fils, fantomatique, tellement perdue et désespérée dans cette chambre à moitié vide, cette chambre maintenant terrifiante: Cujo... iciii, Cujo... Cuuujo...
Elle s'arrêta sous la véranda, les bras serrés contre elle, essayant de reprendre son calme - son calme, bon sang, son calme - et songeant à quel point il était étonnant qu'on puisse autant souffrir sans être réellement malade physiquement.
"Tu ne sais rien du vide, Vic. Je ne crois pas du moins. Tu es un homme et les hommes s'engagent. Les hommes s'engagent pendant que les femmes courent après la poussière. Nous faisons le ménage dans des pièces désertes en écoutant parfois le vent qui souffle au-dehors. Mais parfois on a l'impression qu'il souffle à l'intérieur, tu comprends? Alors on met un disque de Bob Seger ou de J.J. Cale mais on entend toujours le bruit du vent et puis les idées viennent, oh! pas de bonnes idées, non, mais elles viennent quand même. Alors tu vas nettoyer les waters, la baignoire, l'évier et puis un jour, tu te retrouves devant la boutique d'un anticaire à regarder des petits bibelots de porcelaine et tu te dis que ta mère en avait une pleine étagère, et ta grand-mère également."
[...]
- J'essaie de te dire que je passais tellement de temps devant le miroir que je me voyais vieillir, que je me rendais compte qu'on ne me prendrait plus jamais pour une gamine, qu'on ne me demanderait plus jamais mon permis de conduire quand je commanderai de l'alcool dans un bar. J'ai eu peur de voir que moi aussi j'étais devenue une adulte.
"Alors pourquoi?"
La révélation fut submergée par une vague de colère sourde. Pourquoi, c'était bien là une question d'homme. Il fallait sans doute en rechercher l'origine dans le concept de la virilité chez l'homme occidental. Je dois savoir pourquoi tu as fait ça. Comme si elle n'était qu'une simple voiture dont la soupape coincée provoquait des hoquets, ou un robot dont les programmes se seraient emberlificotés et qui servirait du steack au petit déjeuner et du café au lait pour le dîner. N'était-ce pas en fait le sexisme qui conduisaient les femmes à la folie, songea-t-elle soudain. Peut-être. C'était cette exigence impossible des hommes de tout comprendre.