AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de si-bemol


Un veilleur de nuit, ancien flic au parcours professionnel accidenté, un enfant de douze ans à l'intelligence exceptionnelle, un enlèvement accompagné d'un double meurtre, des enfants TP ou TK (pour télépathie et télékinésie) enfermés dans un étrange “Institut” où ils servent de cobayes à des adultes qui les torturent à des fins secrètes et probablement effrayantes… tels sont les ingrédients du dernier roman de Stephen King, "L'Institut".

La quatrième de couverture vante "L'Institut" comme étant son nouveau chef d'oeuvre, à la hauteur de “Charlie” et de “Ça”, et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai choisi de le lire. Mais je ressors de cette - longue - lecture un peu perplexe et pour tout dire extrêmement déçue.

Des univers carcéraux bâtis clandestinement par des organisations occultes et para gouvernementales, des humains que l'on chosifie pour mieux piller leurs ressources physiques ou mentales, des êtres dont on tente de développer les pouvoirs psychiques pour les transformer en armes de guerre… tout cela n'est pas très neuf - et a même été réellement tenté par l'union soviétique (pour ce qui est des pouvoirs psychiques) pendant la guerre froide. Ce sont des thèmes très présents au cinéma comme dans la littérature - je pense notamment à “l'unité” de Ninni Holmqvist, à “Auprès de moi toujours” de Kazuo Ishiguro ou même à “La servante écarlate” de Margaret Atwood (romans autrement profonds et dérangeants)... Mais ils ne sont pas traités, ici, de manière particulièrement originale ni, en tous cas pour moi, convaincante.

A quoi s'ajoutent les inévitables gamins héroïques (et très américains) qui triomphent toujours de tout dans l'esprit de “Maman, j'ai raté l'avion” (c'est dire !), le flic injustement déclassé, forcément valeureux et intègre, les “méchants” vraiment très méchants et les “bons” prêts à tout au péril de leurs vies pour que triomphent la justice et le bien… autant de poncifs et de clichés qui font de "L'Institut" une histoire convenue et sans surprise qui se traîne en longueur sur près de 600 pages jusqu'à son dénouement, là encore sans beaucoup de surprise.

"L'Institut" ne tient pas, loin s'en faut, les promesses pour le moins exagérées de l'éditeur dans sa présentation, et je n'ai rien retrouvé ici de l'atmosphère étrangement vénéneuse propre à l'univers de Stephen King, ni de son art subtil et diabolique de biaiser lentement le quotidien jusqu'à le distordre en une réalité autre - et parfaitement horrifique. D'un autre auteur, "L'Institut" aurait été pour moi un bon moment de divertissement - sans plus. Mais, s'agissant de Stephen King, c'est tout simplement une véritable déception.

[Challenge Multi-Défis 2020]
[Challenge Pavés 2020]
Commenter  J’apprécie          575



Ont apprécié cette critique (49)voir plus




{* *}