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Critique de Wazlib


On connaissait la tendance récente de King à flirter du côté du roman policier, sur ses dernières publications, et ce dernier venu semble hériter de cette nouvelle mouvance, allant même jusqu'à emprunter un personnage à sa trilogie policière Bill Hodges. "L'Outsider", s'il est décidément un roman fantastique, gardera tout du long cette teinte "noire", d'enquête, particulièrement marquée dans la première moitié de roman, s'érigeant en roman policier somme toute assez classique: un meurtre horrible, un coupable désigné et une série d'indices cntradictoires.
Et cela marche plutôt bien, au sens où l'on gagne au passage la traditionnelle recette King, parvenant à nous dresser des personnages et lieux hauts en couleurs en quelques phrases. Et comme à l'habituelle, cela se lit si bien que les pages défilent sans effort. Et l'on s'enfonce dans cette intrigue, autant par sympathie pour ce bon vieux (et malheureux) Terry Maitland que par impatience pour le virage horrifique que va inévitablement prendre le récit...

Et pourtant, nous ne sommes (encore!) pas dans un grand récit du conteur du Maine. Cela m'attriste car de 2007 à 2013, King avait pour moi écrit parmi les meilleurs de ses romans (22/11/63, Duma Key, Joyland, Histoire de Lisey...) et je n'avais pas attendu pour déclarer une nouvelle ère d'écriture chez King, avec des récits plus humains, nostalgiques et tout simplement... Beaux.
Mais force est de constater que les derniers venus, depuis, ne sont pas de la même trempe. Entre l'espèce de drouille pseudo-féministe "Sleeping Beauties" (très mauvais) et la novella à l'allégorie douteuse "Elévation", "L'Outsider" vient se placer là sans véritable renouveau. On n'est toujours pas sur de la grande qualité, et si l'on ne peut pas reprocher au roman d'être désagréable à lire, il n'emporte pas vraiment l'adhésion du lecteur.

Comme dit précédemment, le premier tiers du roman use de ficelles policières bien connues mais somme toute efficace. King sait toujours y faire pour créer une ambiance et nous emmener avec lui dans ses histoires tordues. Mais passées ces pages, la narration prend une toute autre tournure (vous n'aurez aucun mal à voir la zone de brisure) et bascule dans quelque chose de bien plus conventionnel, et donc bien moins excitant. Et on se retrouve avec quelques centaines de pages tristement téléphonées. Cela fait déjà un bon moment que le lecteur sait "à peu près" à quoi s'attendre alors que les personnages semblent se mouvoir dans de la gelée; et une fois tout le monde bien au fait de ce qui se trame, le récit engage alors un dénouement long et franchement, un peu ennuyeux...

Et oui, on a trop lu King pour être surpris par "L'Outsider". le ressort fantastique, sans m'aventurer à spoiler, est presque usé jusqu'à la corde: comment ne pas penser à Tak, l'entité minière de "Les Régulateurs" et "Désolation", lorsqu'on lit la fin de "L'Outsider"?
Alors, une partie de nous se contente malgré tout: lire Stephen King, cela reste tout de même un plaisir très particulier qu'on ne se boude pas. Mon histoire avec l'auteur est si longue que je l'apprécie presque inévitablement: cela a marqué mes débuts dans la lecture et en a ponctué toute l'évolution. Alors, loin de moi l'idée de dénigrer le King. Et j'imagine que de plus jeunes lecteurs pourront découvrir l'auteur avec ce type de récits avec un oeil naïf, et l'apprécier comme il se doit...

Quoi qu'il en soit, je souhaite ardemment que King, plutôt que singer ses anciens romans, décide de poursuivre cette veine plus contemporaine et moins horrifique engagée il y a quelques années. Parce qu'alors, ce serait vraiment le pied.
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