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Citations sur Les cochons au paradis (34)

« Ça se fait aujourd’hui. De mettre des cœurs, des foies tout neufs sur les gens, fait remarquer Alice.
- Je sais. Mais je trouve pas ça bien, d’échanger des pièces avec les morts juste pour rester là à embêter les jeunes. Quand on est usé, je dis que c’est le signe qu’il est temps de partir.
- Je suis bien d’accord », dit Alice. Elle remarque une fleur qui pousse dans le fossé, on dirait une fleur de pissenlit qui aurait perdu la raison. Elle est aussi grosse qu’une tête d’enfant.

« Posez-moi la question dans dix ans, je chanterai peut-être un autre refrain, poursuit Cash en riant.
- Je sais, c’est dur d’admettre qu’on est vieux, pas vrai ? Souvent je me dis comment est-ce que c’est arrivé ? Soixante et un ans ! Quand j’étais jeune, je regardais les gens de cet âge et je pensais qu’ils devaient se sentir différents au fond d’eux-mêmes. Aussi différents de moi qu’un chien, ou un cheval. Je croyais que ça devait leur sembler tout naturel d’être ridés et courbés, au bout du rouleau.
- Et pourtant, on ne sent pas comme ça, n’est-ce pas ?
- Non, dit Alice en passant la main dans ses cheveux courts. On se sent normal. »
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Depuis quelques jours Taylor voit des Indiens partout : un profil de chef indien sur une Pontiac. Une petite fille au regard innocent sur la paquet de margarine à l’huile de maïs. La caricature au nez crochu, mascotte des Indiens de Cleveland. Taylor se demande à quoi pensait Annawake quand elle a dit qu’il ne fallait pas que Turtle perde le contact avec son côté indien. Pas à des plumes, tout de même, mais alors à quoi ? Taylor elle aussi est en partie indienne, Alice autrefois lui parlait souvent d’une arrière-grand-mère cherokee. Qui n’a pas un ancêtre indien au fond de ses tiroirs ? Même Elvis Presley en avait un. Où situer la frontière ? Peut-être qu’être Indien n’est pas si facile à définir, pas plus que ne l’est le fait d’être blanc.
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Jax pleure. Il ne sait pas à qui en vouloir d’avoir tout perdu. Le prédateur ne fait apparemment rien d’autre que ce qu’il a à faire. Dans l’état de nature il n’y a ni culpabilité ni vertu, seulement la réussite ou l’échec, qui se mesurent à la survie et rien de plus. Le temps est seul juge.
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Pour Taylor, regarder par-dessus le parapet est amplement suffisant, des mètres et des mètres de mur blanc de béton jusqu'au fond du canyon. Les galets tout en bas semblent minuscules et lointains, comme le rêve de votre propre mort. Elle serre le bras de sa fille avec une telle force que l'enfant pourrait bien en garder la trace. Turtle ne dit rien. Elle a été marquée par tant de choses déjà dans la vie. L'amour maternel de Taylor, d'une nature un peu particulière il est vrai, est celui qui de loin recèle le plus de bonté.
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"Il s'appelle Harland, dit Alice. Le type que j'ai épousé. Ça n'a pas donné grand-chose. Finalement, j'ai pas pu me faire au silence.
- Oh, comme je te comprends. Je crois que Roscoe a épuisé tout son vocabulaire quand il m'a demandé de l'épouser. Tout ce qu'il reste maintenant c'est "où t'as mis ça?" et "à quelle heure est ce qu'on mange ?"
Alice respire un peu plus librement. Se plaindre du comportement des hommes est la levure des amitiés féminines, semble-t-il, ce qui les fait gonfler et lever.
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Jax prend appui sur un coude et se met à lui montrer des constellations : La Grande Ourse, qu’Annawake connaît depuis qu’elle a appris à marcher, et les Pléiades.
- Les quoi?
- Pléiades. Les sept sœurs.
Elle avale une longue gorgée de bière et grimace en direction du ciel. « Vous autres, vous devez avoir de meilleurs yeux que nous. En Cherokee, il n’y en a que six. Les six mauvais garçons. Anitsutsa.
- Anitsutsa ?
- Oui. Ou disihgwa, les cochons. Les six cochons au paradis.
- Désolé, mais vous me faites marcher.
- Pas du tout. C’est l’histoire de six garçons qui ne voulaient pas faire leur travail. Ils refusaient de récolter le maïs, de réparer le toit de leur mère, de s’occuper des préparatifs des cérémonies – il y a toujours des choses à faire pour les cérémonies, ramasser du bois, réparer les abris, des choses comme ça. Ils n’avaient pas l’esprit communautaire, si vous voulez.
- Alors ils ont été changés en cochon.
- Attendez, ne brûlez pas les étapes. C’est eux qui se sont changés en cochons. Vous comprenez, la seule chose qui les intéressait, c’était de jouer à la balle et de s’amuser. Toute la journée. Alors les mères en ont eu assez. Un jour, elles se sont réunies et elles ont rassemblé toutes leurs balles de sgwalesdi. Ce sont des balles de cuir grosses comme ça. Annawake soulève un abricot vert. Avec du poil à l’intérieur. animal ou humain, je ne sais pas trop. ils ont mis les balles dans une marmite et les ont fait cuire.
- Miam, Miam, fait Jax.
Elle jette l’abricot, en faisant attention de ne rien viser. « Bien, les garçons rentrent donc pour déjeuner après avoir joué toute la matinée, et leurs mères leur disent : « Voici votre soupe! » et elles versent les vieilles balles cuites toutes trempées dans leurs assiettes. Les garçons se mettent en colère. » C’est tout juste bon pour des cochons » , et ils s’en retournent au lieu de cérémonie, et se mettent à courir autour du terrain de jeux, en demandant aux esprits de les écouter, leur criant que leurs mères les traitent comme des cochons. Et les esprits les ont écoutés, je suppose. Ils se sont sans doute dit : « une mère sait ce qu’il faut » , et ils ont changé les garçons en cochons. Ils ont continué à courir de plus en plus vite jusqu’à ne plus être que des ombres. Puis leurs petits sabots ont quitté le sol, ils sont montés au ciel et ils y sont toujours.
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qui n'a pas un ancêtre indien au fond de ses tiroirs? même Elvis Presley , en avait un.
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Quelle qu’ait été votre nuit, le matin gagne toujours.
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C' est cela le problème quand on s' éloigne de sa famille, se dit il on perd complètement sa jeunesse, il ne reste pour tout bagage que la fatigue que l' on transporte à l' intérieur de son corps.
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Il y a une chose chez les gens qu’on ne comprendra jamais assez, c’est à quel point ils sont à l’intérieur d’eux-mêmes.
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