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Citations sur Vostok (11)

Il s'est campé, jambes écartés, au milieu du toit et il a déployé le drapeau de notre Union soviétique, le grand étendard rouge de la révolution prolétarienne. Nous étions une expédition de quatre tracteurs géants, nous venions de parcourir 1 400 kilomètres et nous arrivions après trois semaines de voyage, portant le carburant, la nourriture, la chaleur, j'avais le coeur fier pour l'équipe, pour notre grand pays.
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Vostok est un promontoire. Ton frère et ses copains voient nos cabanes pourries et les vieilles machines soviétiques, et le froid, et le vent, mais toi tu sais que c'est un lieu tout au bout du monde et que rien n'y est comme ailleurs.
(Vassili à Leo)
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Vostok dort, d'un sommeil semblable à la mort; le bruit des moteurs s'éloigne de plus en plus, le vent siffle et emporte les paroles.
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Juan dit : "Irvin et moi cherchons un trésor. Une pierre précieuse. Une clef enchantée. Là dedans."
Il désigne les machines. Leo les examine. Des consoles modernes. Un autre, plus ancienne, épaisse, les bords renforcés, la coque avec une sorte de métal rayé. Irvin travaille dessus, il laisse avec réticence Leo en regarder l'écran. Des textes incompréhensibles défilent, comme si les entrailles du système étaient mises à nu, elle n'y comprend rien.
"Une clef pour quoi faire ?"
- Pour ouvrir le Vault des Andins.
Ouvrir le Vault des Andins. Elle croit à une blague, attend le rire moqueur, qui ne vient pas. Juan se tient debout, les mains dans le dos, elle l'a déjà vu ainsi, quand il reçoit une nouvelle recrue. Le regard tranchant, jugeant chaque attitude, chaque réaction. Mais elle est sa soeur, pas un tueur à son service, elle ne fait pas partie de sa bande, merci.
Irvin crache : "Tu as compris ce qu'il disait ou il faut te le redire lentement ?"
- ça va, oui.
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La vie de la base dépend de la centrale électrique. Un bâtiment à l'écart contenant deux moteurs diesel qui tournent en permanence pour générer le courant dont nous avons besoin. Il s'agissait à l'origine de moteurs de bateau, robustes et et fiables, installés séparément des lieux de vie. Ils sont le coeur battant de la base, source de lumière et de chaleur, objet des soins constants d'Anatoli Kouprine, chef électromécanicien lors de mon deuxième hivernage. La cause du départ de feu n'a jamais pu être déterminée : un court-circuit, un fût d'essence mal refermé diffusant ses vapeurs dans un espace confiné, une étincelle... La négligence, la malchance.
(Extrait du livre "La base du bout du monde" par Veronika Lipenkova).
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Vers minuit. Les autres sont allés se coucher, Leo aussi est épuisée. Dans le salon, au milieu des odeurs de cuisine, de la vaisselle accumulée et des cadavres de bouteilles, ne restent que Juan et Jazmín. Lui, enfoncé dans le canapé, la tête droite et les yeux clos. Jazmín à ses pieds, la tête sur ses genoux. Leo se dirige vers le vestiaire, commence à enfiler son armure. Il fait – 49 °C dehors.
« Où vas- tu ? »
Est- ce qu’il a ouvert les yeux ? Il ressemble à un gros chat, ou au dragon sous la montagne, dont on ne peut jamais dire s’il dort.
« Chercher de l’eau pour le fondoir. Il en faudra demain. »
Il hoche la tête, pousse l’épaule de Jazmín, la force à se réveiller, à se lever. « Va l’aider », et Jazmín à peine réveillée marche jusqu’au vestiaire. Leo murmure : « C’est bon, je vais m’en sortir, ne t’en fais pas », et elle installe Jazmín sur un banc. La tête calée entre les vestes en laine polaire, Jazmín se
rendort très vite. Son arme est là, sur sa hanche, à portée de main, elle pourrait être utile. Leo se souvient alors des moqueries de Vassili à Juan. Que crains- tu ? Les voleurs ? La nuit ? Il n’y a ici ni l’un ni l’autre. Elle sort, la nuit est pourtant là, le ciel est mangé par les ombres, l’air lui mord cruellement le visage. Elle marche vite, la neige s’enroule en tourbillons entre ses jambes. Ne pas oublier : si elle tombe ou se coince quelque part, elle est morte. Voilà ce qu’elle racontera à Miguel et Anika quand elle reviendra. Je n’avais pas le droit de tomber, pour ne pas mourir.
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Aujourd’hui, se moquant de l’apocalypse annoncée, les gamins de Cárcel vont jouer à courir dans les pentes jusqu’à avoir l’impression de s’envoler, et s’envoleront parfois, saisis par les rafales, les mamans vont leur hurler de rentrer à la maison, ou bien sortir dans la bourrasque pour saisir les plus petits par le poignet et les tirer à l’intérieur. Le vent va siffler furieusement dans les poteaux, arracher des bâches, des morceaux de plastique, des toits en tôle, des portières de voitures. Quelques navires vont fuir le port et trouver refuge en haute mer, entre les vagues hautes comme des montagnes ; un ou deux peut- être ne reviendront pas. Cela durera deux jours, peut- être une semaine, puis la ville se réveillera de son cauchemar, les écrans montreront les autoroutes encombrées, un camion éjecté du viaduc et suspendu au- dessus du vide, un gosse en larmes dont la maison aura été écrasée par la chute d’un arbre ou d’un poteau électrique, et on affichera les records. La tempête la plus forte, les vents les plus violents, la mère de toutes les tempêtes, non, pas l’Última, mais presque, et chacun comprendra qu’avant les choses étaient différentes, avant que des fous ne jouent avec les vents, les nuages, l’eau et la terre. Tout cela est vrai, Leo a demandé la vérité, les chiffres à Teddy. Il y a dix ans, les températures étaient plus basses, les vents moins violents, les tempêtes moins fréquentes. Il y a dix ans, aucun dirigeable automatisé ne dérivait au-dessus des montagnes pour les asperger de peinture blanche et en changer l’albédo, aucun drone n’ensemençait les nuages ni les océans, personne encore ne prétendait prendre la place de Dieu pour commander aux mers et aux vents. De cette façon, les Andins garantissent leur pouvoir et leur fortune, l’eau douce ruisselle depuis le Tupungato, première source de leur puissance avant même le cuivre qu’ils produisent et qui leur assure la protection des puissants de l’hémisphère Nord.
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Vania était le chef de l’expédition, il parlait et la douleur lui vrillait le ventre, il essayait d’imprimer des mots, des menaces, des ordres dans l’esprit des autres. Veronika, le menton posé sur les mains, hochait la tête, rassurante, mais il n’avait pas confiance en elle ni en aucun d’eux. Juan, en écho, se débat aussi contre une assemblée qui ne lui est pas acquise. Il joue l’assurance détendue, assène des certitudes, cherche l’acquiescement dans le regard de chacun, répond aux questions, oui, l’avion pourra encore se poser, il peut se poser jusqu’en mars sans risque, le pilote le lui a assuré et il touchera une prime de 10 000 dollars pour revenir les chercher, il aura de puissantes motivations pour ne pas les abandonner sur la glace pour l’hiver, parce que personne ne veut passer l’hiver ici.
« Demain, nous ferons un point sur les réserves, le carburant, la nourriture, je pense que nous avons largement assez avec tout ce qu’on a découvert dans le bâtiment B, mais chacun saura où nous en sommes. Bonne nuit à tous. »
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Il avait raison, bien sûr. Mais j'ai levé le menton :
- "En quoi est-ce que je trouble l'ordre et la sécurité ?
- Es-tu mariée ?
- Non, bien sûr...
- Voilà"
Il m'avait mouchée. Tous les types me regardaient en souriant, même ceux que je considérais comme mes amis, mes soutiens. En moins d'une seconde, le temps de dire "voilà", cette mauvaise blague, et une jeune femme au milieu des hommes devenait une grenade dégoupillée, une putain en puissance. Mironov m'avait eue.

(Extrait du livre "La base du bout du monde" par Veronika Lipenkova)
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Nous sommes dans le noir, dans le froid. Nous sommes à la merci de la nuit et de ses fantômes. Nous avons tous peur, jamais nous n'avons eu autant l'impression d'être abandonnés.
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