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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce roman est un vrai polar d'une rare intelligence. Tout d'abord l'auteur choisit de situer son intrigue dans l'année 63 charnière dans la lutte pour les droits des afro américains. Ensuite, le lieu, il a choisi une bourgade de l'Alabama profonde, dont l'ambiance poisseuse et la population majoritairement rétrograde se ressent à chaque page. La construction du polar est faite en trois actes qui s'articulent remarquablement bien. Les personnages suscitent un véritable intérêt qu'on soit dans la compassion comme Aaron, Duke ou l'agent du FBI ; ou dans un véritable rejet comme les frères Cole, Wallace, Miller ou Atkinson. Ce roman dénonce non seulement la ségrégation violente et le KKK, mais surtout la complaisance de certaines autorités à l'égard du KKK et l'implication de notables. le personnage d'Olsen est vraiment réussi avec son idéalisme, qui est soumis à rude épreuve. le final est époustouflant et inattendu. J'ai retrouvé dans ce roman quelque chose me rappelant l'excellentissime "Missipi Burning". Pour un premier roman c'est un vrai tour de force, alors n'hésitez pas à plonger dans l'Alabama de 63 confronté au Klan.
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L'histoire :

Été 1963. Alabama. Plongée dans le sud des États-Unis sur fond de discriminations raciales et de lutte du mouvement des droits civiques. À l'heure où démarre le récit, les quelques milliers d'âmes de la ville de Woodbridge ignorent encore que leur petite communauté est sur le point d'imploser sous la pression d'une mentalité étriquée qui a peu évolué depuis la guerre de Sécession. Dans ce microcosme sévit en effet un racisme ordinaire dont, par bête conviction ou lâche habitude, pâtissent les Noirs par la faute des Blancs ; les nostalgiques de l'esclavage se consolent avec la ségrégation et on voit presque poindre l'ombre des sinistres cagoules pointues du Ku Klux Klan derrière chaque peuplier. le Klan est d'ailleurs très actif dans ces contrées. Y adhérer revient à appartenir à une sorte de confrérie qui exalte la suprématie de la race blanche et toute autre idée « progressiste », de celles qui laissent des traces sur la peau claire d'épouses au foyer soumises pour leur faire passer toute velléité d'émancipation.

Un jour funeste, le corps sans vie d'une jeune Blanche est retrouvé dans les bois. Il s'agit de Meredith Clarence, la fille rebelle d'un homme d'affaires prospère, lequel fait la pluie et le beau temps où qu'il passe. Les circonstances de cette mort se révèlent particulièrement abjectes puisque la victime a subi des violences sans nom avant de succomber. Cette dernière qui prenait fait et cause pour les Noirs vivait justement une passion amoureuse avec un garçon de couleur. le coupable est donc tout trouvé, pas besoin de chercher bien loin... Or il s'avère qu'avant le drame, Meredith, qui sentait sa vie menacée, avait pour ainsi dire lancé deux bouteilles à la mer en alertant par écrit le FBI tout comme un reporter du cru.
Tandis que les autorités maison s'apprêtent à bâcler l'enquête, le Bureau envoie sur place l'agent fédéral Dwayne Olsen. On peut supposer que laisser un seul homme se débattre dans un endroit qui tient autant du brasier que de la mare aux crabes dénote d'un certain manque d'allant à voir éclater la vérité. Alors jusqu'où ira la détermination d'Olsen ?

Silence on lit !🎬

Nicolas Koch a l'art des atmosphères. D'authentiques tableaux d'Edward Hopper. Dans la touffeur de l'été, la tension monte crescendo au point de sentir la sueur perler le long de l'échine. Jusqu'à ce que l'orage éclate. Au fil d'une écriture « cinématographique », en osmose avec les champs, les forêts profondes et les inquiétants marécages qui servent d'écrin au comté de Woodbridge, les pages se tournent d'elles-mêmes comme défilent les images d'un film.
Côté protagonistes, ceux-ci sont plutôt bien troussés mais je décernerais un accessit à deux seconds rôles. D'une part Paul Wesley, le besogneux pisse-copie de la feuille de chou locale qu'on peine à imaginer en gendre idéal. Il endosse ainsi les habits d'un anti-héros dont les failles finissent par le rendre très touchant. Ensuite, chapeau bas pour l'avocate Angelina Woods. Alors qu'elle cumulait les handicaps ; elle est née femme, voyez-vous… noire de surcroît, la vie lui a pourtant souri. Intellectuellement brillante, elle réussit même à conjuguer la beauté à l'intelligence. Tout un programme et une raison supplémentaire pour l'agent Olsen de redoubler de persévérance.

En tout cas, on dévore là un vrai polar à la sauce américaine avec une intrigue construite sur le plan d'une tragédie en trois actes : Péché, Embrasement, Rédemption. Il est bien évident qu'aucune oeuvre de fiction n'a vocation à donner une réponse aux grands problèmes de société, elle peut au mieux susciter une prise de conscience. Compte tenu des thèmes abordés, qui trouvent une bien triste résonance avec l'actualité, le dénouement ne pourra qu'interpeller le lecteur. Cette rédemption ouvre-t-elle une brèche pour l'espoir ou la résignation ?
Lien : http://scambiculturali.over-..
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Thriller dans l'ambiance ségrégationniste du sud américain des années 60
Coup de ❤️ pour ce roman que j'ai dévoré!!

On est en 1963 à Birmingham, Alabama, état du Sud profond, réputé ségrégationniste.
Les jeunes blancs se promènent avec le dixie flag (drapeau symbole du Sud blanc, des suprématicistes et du Ku Klux Klan). On est plongé dans le combat de M. Luther King, dans des terres où « le seul crime des noirs est d'être nés de la mauvaise couleur ». Partant de ce postulat, la « justice » est expéditive, tranchante et souvent édictée en dehors des lois fédérales.
Mérédith, jeune fille blanche, participe à la marche pour les droits civiques et la liberté... elle y rencontre un jeune noir Aaron.
Quelques semaines plus tard, le shérif Miller, police de Woodbridge, est appelé sur un lieu de crime...
Mérédith Clarence vient d'être sauvagement assassinée, battue et violée. Elle venait d'envoyer au journal local une lettre dans laquelle elle disait se sentir en danger.
Sans autre forme de procès, Aaron, qui entretenait une relation avec elle, va être désigné coupable et lynché à mort ainsi que sa famille... « le seul crime avait été de naître trop noir sur une terre trop blanche ».
Dwayne Olsen, agent du FBI, est dépêché sur place. Malgré le soutien d'un journaliste, il va se heurter à l'omerta et aux virées punitives des membres actifs du Klan.

L'auteur installe ses personnages et utilise l'assassinat de Mérédith pour aborder la thématique au coeur de ce roman : le contexte social de l'époque et le racisme dans sa forme la plus malaisante, la plus brute, la plus stupide...
On ne peut rester insensible à un roman tel que celui ci... on ne peut aussi qu'être révolté de ces pratiques, j'aurais envie de dire d'un autre âge... mais 1963, c'était hier!! Les descriptions sont quasi cinématographiques et l'auteur parvient à nous plonger dans l'ambiance des États du Sud, sa chaleur étouffante, ses odeurs...
L'écriture est extrêmement bien documentée... j'ai eu bien évidemment un fort attachement aux personnages de Mérédith & Aaron mais aussi pour l'agent du FBI.
Franchement, si vous êtes intéressés par cette triste période de l'Histoire, n'hésitez pas à vous plonger dans ce roman et son ambiance oppressante.
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Cher Nicolas,
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Il y a ces livres qui deviennent difficile à lâcher, ceux dont on se dit qu'après cette page, on va les reposer, et pour lesquels on s'aperçoit que finalement ne pas savoir ce qui va survenir, juste là, après cette phrase pleine de suspense, est plus préjudiciable que le manque de sommeil, le retard pris sur tes autres activités, ce qu'il faut faire et que tu ne feras pas. Ces livres, où tu sais qu'après ce chapitre il y en aura d'autres, même si tu penses que tu peux cesser quand tu veux, sauf que tu n'en as jamais envie….
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Quand j'ai commencé ton roman, j'ai estimé qu'il me faudrait plusieurs jours pour le lire…oui parce que généralement les thrillers je les dévore doucement, m'octroyant quelques pauses pour ne pas me laisser submerger par l'angoisse. Je suis fragile de l'émotion, alors parfois je tourne les pages avec précaution… Enfin, ça, c'est ce que je pensais pendant les dix premières pages, jusqu'à cet instant où j'ai vu que c'était plus qu'un thriller.. .
Certes, le crime, point de départ de cette histoire est tellement effroyable que tu ne veux qu'une chose, en retrouver les auteurs. Mais, il y a surtout, cette époque pendant laquelle se déroule ton intrigue, insupportable dans ce qu'elle nous montre, ce reflet d'une humanité qui oscille entre deux consciences, la violence contre la paix, les droits civiques contre les droits spoliés, ces années qui vivent la ségrégation et sa violence dans une Amérique Sudiste qui refuse d'avancer.
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Et puis, cette ambiance qui t'emporte, car tu sens que la moindre étincelle peut déclencher une tempête plus violente, plus destructrice que celle annoncée, que les éléments vont devenir incontrôlables. Et ces personnages, ces visages que tu découvres progressivement, ces moments où tu oscilles entre l'empathie et le rejet, celui où tu espères contre celui où tu doutes, cette alternance entre espoir et désespoir, le bien contre le mal.
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Tout cela porté par cette écriture, cette construction qui fait monter la pression, qui avance ses pions, qui délivre tellement de messages que tu es là, obsédé par ton récit, suspendu à tes mots…alors voilà j'ai lu ton roman d'une traite et j'ai aimé ça !!!
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Je dois dire que j'ai tout simplement dévoré les 500 pages de ce roman. On est plongé dans l'ambiance du sud des États-Unis en pleine ségrégation raciale, un sujet à la fois dur et complexe. Les personnages sont attachants notamment l'agent du FBI, mais je ne m'attarderais pas trop sur les personnages, tout simplement pour ne pas spoiler l'intrigue et vous faire vivre l'arrivée de ces derniers au fur et à mesure que vous tournerez les pages du roman.

L'intrigue est parfaitement menée, un vrai jeu de piste complexe à travers ce comté de l'Alabama. Jusqu'à la fin, on est perplexe et le final viendra conclure une très bonne histoire.

L'écriture de Nicolas est fluide et très agréable à lire. J'y ai trouvé une petite touche de Connelly qui ne déplaira pas aux fans de l'auteur Américain dont je fais partie.

Pour conclure, ce roman a été un véritable coup de coeur. J'ai vraiment passé un agréable moment à lire un « Un fruit amer ». J'ai découvert le roman à travers le blog d'Anaïs et j'ai pu rencontrer et discuter longuement avec Nicolas lors du salon Livre Paris.

Je vous recommande donc la lecture de cet excellent livre pour vous plonger dans l'univers sombre du Ku Klux Klan.
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Bonsoir, je vous parle ce soir d'un thriller "Un fruit amer"de Nicolas Koch que j'ai gagné dans un concours des éditions de Saxus. Je les remercie de m'avoir permis de découvrir ce thriller haletant, rempli d'angoisse et de tension. Nous sommes en 1963 en Alabama. C'est la lutte pour obtenir des droits entre blancs et noirs. Malgré l'abolition déjà lointaine de l'esclavage, certains suprémasistes considèrent les noirs de la ville comme des esclaves ou presque. Certains travaux ne sont pas autorisés, le KuKluxKlan règne en maître. Une jeune femme blanche, fille d'un notable du coin, est retrouvée violée, battue à mort. Pour la police cela ne fait aucun doute c'est l'oeuvre d'un noir. Cette jeune femme avait quelques jours avant adressé une lettre à un journaliste local et au FBI. Un agent va venir pour essayer d'élucider cette affaire mais va se retrouver plongé dans des luttes qui vont bien au delà de l'assassinat de cette jeune femme. Un très bon moment de lecture .
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Nicolas Koch
Un fruit amer...
Ne lisant pas la 4eme de couv, j'ai eu très peur au début du livre...1963 Alabama...KKK...Je ne suis pas fan de ce genre....mais je dois dire que c'est tellement bien écrit Je me suis laissée prendre à cette histoire...pauvre Meredith ...les salauds ont bien l'air de ce qu ils Sont...il pousse de drôle de fruits sur les arbres dans le comté de Woodbrige.....mais du mal à voir le côté fiction ...très réaliste et tellement d'actualité encore..
Merci Nicolas ...
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Lorsque j'ai reçu ce livre, je me suis dis "ouhlà, il a l'air d'avoir beaucoup de pages". Un roman bien lourd, une couverture douce comme je les aime, une multitude d'images qui représente parfaitement le résumé et le récit, bien entendu. Je remercie la maison d'édition de Saxus pour cet envoi.

1963, Alabama. La population noire a enfin récupéré des droits, malheureusement dans certaines contrées où les campagnes sont profondes, les mentalités sont toujours bien ancrées dans l'esclavagisme et rien d'autre. Lorsque la fille de l'un des plus "gros" de cette communauté est retrouvée morte dans un bois, violée de surcroit et torturée, il faut trouver le coupable. Meredith est une jeune femme de 19 ans, blanche, qui sortait avec Aaron, un jeune homme noir. Il est désigné coupable sans même chercher à savoir si c'est bien le cas. Une affaire dans une Amérique profonde où les gens vivent dans une peur permanente, s'ils ne sont pas les investigateurs du Klan.

Cela fait un moment que j'essaye de faire une chronique dite "normale" dans ma tête, mais c'est difficile, dans le sens où je suis complètement retournée après avoir terminé ma lecture depuis quelques jours. Je m'excuse d'avance si je pars un peu dans tous les sens. Il n'est pas rare que je regarde des films sur le sujet : l'intégration de la population noire dans un monde qui les a traité comme des choses et non des êtres humains. Mes envies de dégommer ceux qui ne voient que la couleur d'une peau, alors que nous sommes tous pareils (plus ou moins cons, mais tout de même) revient en force. J'ai ressenti ce même type d'émotions en lisant cette histoire. Même si l'auteur indique que ce n'est qu'une fiction, j'imagine très bien que ce qui est décrit a existé, malheureusement. Changer les méthodes de réflexion, changer les mentalités si bien ancrées... c'est peut-être plus facile dans une grande ville que dans une bourgade au fin fond du Sud.

"Un fruit amer" est découpé en trois parties. L'acte 1, Péché ; l'acte 2, Embrasement ; l'acte 3, Rédemption. Les titres n'ont pas besoin de plus de détails. L'enquête monte crescendo, mais garde une certaine lenteur. La chaleur étouffante semble prendre les personnages et le lecteur dans ses griffes, amenant le tout sur une route pavée d'embûches. L'atmosphère est lourde, il y a cette pression permanente, ce stress qui ne cesse de grimper en flèche. L'auteur amène les personnages tranquillement, posant les bases, expliquant leur vie, leur famille, leur pensée (j'ai grincé des dents à plus d'une reprise.) Nous les voyons évoluer les uns avec les autres, les uns contre les autres. Nous plongeons directement dans une communauté qui a du mal, non qui ne veux que des blancs partout. le reste doit aller ailleurs. L'écriture est fluide, les mots s'enchaînent, les chapitres défilent, les émotions submergent et j'ai dû m'arrêter à la fin de l'acte 1. Je n'ai pas pu faire autrement, tellement j'ai ressenti de sentiments contradictoires. La haine, la tristesse, l'envie de meurtre, la vengeance... Je n'ai pu reprendre ma lecture que le lendemain tellement j'étais sur les nerfs. Ce récit m'a énormément fait penser à "Mississippi Burning" un film qui date de pas mal d'années. L'auteur en parle succinctement, et j'en étais ressortie de la même manière qu'à la fin de cette lecture : perdue. Comment aurais-je réagis à cette période ? J'ai déjà mon idée, prête à me battre pour que les droits soient pour tous.

L'enquête est sur plusieurs plans. Oui, il y a cette jeune femme qui est décédée dans d'atroces souffrances, mais ce n'est pas le plus important. Il se passe bon nombre de problème pour une si petite ville. C'est le départ d'une mise à feu à Woodbridge qui ne va pas s'éteindre. Les opinions des personnages sont plutôt tranchées même si certains préfèrent se cacher derrière leur rideau de fenêtre. Militer pour que les droits de tous soient pris en compte est dangereux. Il faut savoir ce que l'on veut, être courageux au risque de se retrouver six pieds sous terre ou au contraire être lâche et avoir un semblant de vie ? Mérédith fait partie de ceux qui osent. Une jeune femme blanche qui ose aller dans les rangs des marcheurs noirs pour montrer qu'elle les comprend, qu'elle veut la même chose. C'est mal vu, par son père, par la plupart de la communauté blanche qui voudrait que chacun reste à sa place. Son père est influent. Il fait partie de ceux qui ont "le droit de vie ou de mort" sur les autres. Ne désirant pas de noirs dans son entreprise, il montre bien tout le mépris qu'il a pour ces personnes. D'ailleurs, Rose qui travaille pour lui n'échappe pas à son courroux.

Le Klan est revenu depuis quelques temps. Il a changé de nom, mais c'est bien un Ku Klux Klan qui est là, présent de plus en plus. N'importe qui peu y entrer, ce n'est pas illégal. (Laissez-moi rire... jaune) Avec toutes ces horreurs, ces mots, ces atteintes à la vie privée, les chasses, les rafles, les meurtres... Ce coin d'Amérique revient en arrière, reprend un passé pour mieux ôter ce qu'ils appellent une maladie. Tant qu'ils ne sont pas pris, ils ne craignent rien. Les témoins ? Il suffit de les supprimer, plus de témoins. Ceux qui tenteraient de parler ? Une suppression simple, rien de tel que des forêts où pourrissent les cadavres. La police ? Joker ! Dans ce type de coin reculé, le shérif a deux possibilités : soit il fait partie du Klan, soit il ferme les yeux. Dans tous les cas, il ne se passera rien de répréhensible pour ceux qui portent des cagoules pointues blanches.

Ce n'est donc pas la mort de Mérédith qui lance le processus, c'est sa lettre qu'elle a envoyé au FBI, Washington, et accessoirement à un journaliste Westley. Elle se sentait en danger. Lorsque l'agent Owen Dwayne arrive sur place c'est déjà trop tard, son corps refroidi déjà à la morgue. Il ne met pas un pied dans la fourmilière, il remue carrément la merde pour avoir le fin mot de l'histoire, quitte à ce que sa carrière en pâtisse. Il est jeune, envoyé par ses patrons pour autre chose, il se retrouve dans une histoire difficile. Il n'a pas de préjugés, s'en fou de mettre les pieds dans le plat. Son caractère va avec son métier et ce qu'il va découvrir. Il n'a pas froid aux yeux et les événements que nous lisons le prouve. Tout s'enchaînent. le racisme est profondément ancré encore dans les esprits des habitants. Certains ne veulent pas montrer qu'ils sont du côté des anciens esclaves par peur. C'est un sentiment qui est mis en avant sans utiliser ces mots. Les actes, le manque de gestes le montre facilement.

Les personnages sont nombreux. le journaliste fouineur, le shérif malade qui laisse passer trop de détails, l'agent du FBI qui se retrouve comme un cheveu sur la soupe, Mérédith qui n'a pas eu de chance, Aaron qui a osé aimer une femme qu'il n'aurait pas dû, les parents de Mérédith, Rose la soeur d'Aaron, les frères Cole qui sont aussi débile que méchant et bien d'autres encore. Chacun à sa vision des choses, sa manière de montrer ce qu'il ressent. La haine est un moteur que certains savent utiliser pour les amener à se salir les mains. L'Homme est un loup pour l'homme est tout à fait parfait pour ces situations. Il n'y a que l'être humain qui est capable d'autant d'horreur, au nom de quoi ? Une interprétation de la bible ? Il aurait mieux valu pour certains de ne pas apprendre à lire.

C'est effrayant, de voir que l'auteur a réussi à décrire ce que j'ai souvent imaginé de cette sale époque. C'est une situation étouffante. On aimerait que ce ne soit qu'un mauvais rêve. "Un fruit amer" pourrait être considéré comme une sorte de témoignage, un rappel du passé. Il ne faut pas oublier tout ce qui s'est réellement passé. C'est angoissant de ne pas savoir ce qui va se passer. La résolution de l'enquête n'est pas le plus important, même si l'on sait ce qui s'est produit. Il y a beaucoup d'éléments qui sont mis à jour. En conclusion, un thriller oppressant qui ne laisse pas indifférent. En espérant que les erreurs du passé ne se reproduisent plus jamais.

http://chroniqueslivresques.eklablog.com/un-fruit-amer-nicolas-koch-a162062314
Lien : http://chroniqueslivresques...
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Un roman dense, qui respire la haine raciale et la lutte pour les droits civiques, où ségrégation et KKK y tiennent des rôles importants.
Sous couvert du crime d'une blanche, forcement perpétré par un noir selon la police locale, Nicolas Koch nous dépeint un pan peu reluisant de l'histoire du Sud des Etats Unis, justement la période où un certain Martin Luther King prenait la parole et entrait en lutte au côté de la communauté noire du Sud.
Ce roman n'est pas un roman sur le célèbre prédicateur noir mais bien un polar qui se passe dans la région à la même époque ségrégationniste.
L'auteur parvient très bien à faire ressortir tous ces éléments et à bien nous transmettre l'ambiance lourde qui y régnait, de plus son écriture haletante arrive à nous capter tout du long...
Personnellement j'ai lu ce roman juste après avoir lu une biographie de Martin Luther King, ces deux ouvrages se complètent donc magnifiquement.
Une lecture que je recommande vivement, même sans lire au préalable une biographique du prédicateur:-)
Très belle réussite et très bon moment de lecture !

Merci à Babelio et aux éditions de Saxus pour cette belle découverte.
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"J'ai fait un rêve ..."

Le célèbre pasteur américain, Martin Luther King Jr., prononça un des plus grands discours de l'histoire des Etats-Unis sinon de l'humanité. C'était le 28 août 1963.

L'histoire d'Un fruit amer de Nicolas Koch se situe quelque peu en amont de la même année, alors en pleine ségrégation raciale, c'est le meurtre brutal d'une jeune fille blanche qui va mettre le feu aux poudres d'une situation déjà sous haute tension raciale d'un comté de l'Alabama, Woodbridge.
Dépêché récemment sur place pour une autre affaire, l'agent spécial du FBI Dwayne Olsen ignore encore tout du piège dans lequel ses supérieurs de Washington l'ont envoyé ...

"Ici, en Alabama, c'est chez nous ..."

L'auteur ne s'en cache pas, s'il a déjà publié plusieurs ouvrages historiques, il revendique aujourd'hui son premier roman, un thriller édité chez de Saxus, Un fruit amer.
Autant ne pas tourner autour du pot, les premières pages donnent rapidement le ton, une ambiance qui vous glace le sang pour peu que vous soyez sensible et humain, essayez de vous mettre, un petit instant, à la place d'une personne de couleur dont toutes les lois vous oppriment, vous agressent, vos valeurs, vos droits et la liberté d'être ne sont pas à l'ordre du jour, dans cette tension irrespirable et une atmosphère suffocante, j'ai été aspiré par une plume brillante quand il s'agit de vous faire sentir la morsure du brasier, de ressentir les souffles de haine raciale, de respirer les odeurs nauséabondes, l'entame percutante et révélatrice d'un grand roman attend le lecteur au détour des chapitres pour confirmer tout le talent d'un auteur mais aussi un potentiel croissant à nous faire ouvrir les yeux, comme une piqûre de rappel, comme si l'actualité quotidienne ne suffit pas, plonger dans le passé pour comprendre le présent et inversement, j'ai fait un cauchemar ...

"D'un côté il y a les blancs et de l'autre, eh bien, une sous-classe, celle des noirs ..."

Comme pour la chasse aux juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale, cette sensation de persécution vécu par les gens de couleur pourrait faire écho à tous peuples du monde entier brimés et spoliés de leur héritage ancestral, aujourd'hui comme hier, distinguer des races supérieurs d'autres, pris en tenaille dans les pinces d'acier et glaçant des discours de suprématie et d'hypocrisie enragée, d'injures racistes ou discriminatoires, aussi accablants et hostiles que les regards ou les gestes se répercutent dans les moeurs et la noirceur du coeur, l'auteur a réussi le pari fou de reconstituer cette peur oppressante de l'Amérique profonde de 1963, de jour comme de nuit comment trouver la force de se relever encore, chaque fois, dans l'espérance et le salut d'une ère nouvelle, les personnages sont tous criants de justesse d'authenticité, dans les camps opposés, j'ai adhéré au style spontané et quasi familier de l'auteur à nous faire pénétrer au plus près du coeur de l'âme de chacun, dans le tourbillon des pensées en gestation, dans les échanges verbaux autant que de ses combats dérivés, un thriller exceptionnel est alors en train de d'émerger et de s'affirmer, mots après mots, page après page, la longue et lente marche vers des destins funestes marquent leurs empreintes, le climat torride et sauvage du Dixie Land (comprenez les Etats du Sud comme le Mississipi et l'Alabama) n'est pas étrangère à cette torpeur qui ne manque pas de vous faire traverser votre échine, des séquences bouleversantes achèveront de vous convaincre que la manière forte de vous impliquer émotionnellement, pour ne pas interroger votre niveau d'empathie, le souffle de la liberté n'est alors qu'une utopie réservée aux écrivains ou autres artistes marginaux.

Le loup et l'agneau ...

Ce contexte historique et social, Nicolas Koch l'a judicieusement dilué dans le récit pour se concentrer davantage sur une intrigue tortueuse dont vous saisirez assez tôt toute la complexité et l'urgence d'un état proche de la loi martiale où chaque coup porté par l'autre, allusion au jeu d'échecs, les blancs et les noir, chaque pion pèsera de tout son poids pour faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre, le rythme flirte avec le crépuscule et l'imprévisible de l'humain, une lecture anxiogène quand les protagonistes s'épuisent et semblent demeurer impuissant, cette lente et inexorable fuite d'un brasier n'est que le début d'un mauvais rêve.
Effrayant et d'une noirceur comme seul les grands auteurs sont capable d'écrire et de décrypter la part sombre de l'humain dans toutes ses couches, il n'en faut pas plus pour saluer encore, si la première partie (sur les trois du roman) ne vous a pas convaincu jusque là.

Le Ku Klux Klan et moi ...

Rien ne manque à l'appel des sirènes de ce que le thriller nous offre de plus haletant et addictif, un contexte politique et historique explosif, des lieux de perdition ou baignés d'une aura irrationnelle, des personnages tourmentés mais terriblement humains à la fois, une interaction toujours cohérente dans la progression du récit, l'ambiance est clairement l'un des arguments réussis pour capter la température et la radiographie d'une société en proie avec ses vieux démons, les cendres brûlantes de la haine et du racisme, collectivement ou individuellement, le combat reste le même pour tous, survivre ...

Une humanité rongée et gangrenée par le poids du passé et de ses fantômes obscurs, le fossé creusé entre les riches et les pauvres, la frontière délimitant les blancs et les noirs, rarement un roman ne m'aura autant fait saisir l'essence de la différence et par dessus-tout du mal, l'acidité latente, remonter aux sources n'est pas une sinécure pour découvrir l'indicible, j'ai vécu cette lecture en apnée, s'imprégner de chaque page comme si le diable pouvait se cacher entre les lignes et vous sauter au visage à la première faiblesse, Un fruit amer c'est un aussi un peu le combat entre David et Goliath.

Inévitablement, cette image prégnante de la caméra de Alan Parker dans Mississipi Burning, une référence cinématographique en la matière, a surgi pendant ma lecture, cette succession de voitures affublées du drapeau sudiste sillonnant la longue et rectiligne route, aidée par le relief du vallon, apparition et disparition se relayant jusqu'à voir finalement apparaître le spectre de la mort aux portes des opprimés, cette montée de la violence délétère, l'arbre qui est le témoin de scènes atroces se voudra l'ultime repère que l'histoire retiendra, les racines n'ont pas fini de repousser comme l'herbe piétinée, le sang coagulé dans les veines d'un monde devenu de plus en plus aliéné et poussé à son paroxysme.

Un thriller sans concession, Un fruit amer est un premier roman exemplaire pour comprendre et ressentir toute l'épouvante d'une situation aux prises avec la folie des hommes, un sentiment de malaise grandissant au fil des pages, ne versant jamais dans le spectaculaire, c'est du brute de décoffrage, je retiens notamment cette image reflétée à travers l'un des personnages-clés, l'incompréhension et la stupeur devant la fatalité, cette question qui deviendra vite le leitmotiv de tout un chacun ... "Pourquoi ?"

Vous aurez peut-être une partie de la réponse à la fin de la lecture, une plume marquante et bouleversante, indiscutablement une nouvelle force littéraire vient de balayer des idées reçues, pas de manichéisme ni de facilité narrative, un pavé de 500 pages lancé dans la mare pour réveiller les consciences, pour espérer un monde juste et égal, pour continuer à scander "Plus jamais ça", surtout un grand thriller, une claque magistrale qui m'a littéralement sonné !!!

Coup de coeur et au coeur !!
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