AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La nuit juste avant les forêts (11)

Lorsque je t al vu, J al couru, couru, couru, mais personne n'a fait obstacle, je m'étais préparé, je m'étais mis de leur côté, je les avais écouté, cachant ma différence, et à présent ma fuite les surprend, je suis déjà au coin de la rue quand ils se réveillent, qu’ils me reconnaissent comme étranger, qu'ils mettent leur connerie à mes trousses, se préparant à me surprendre ailleurs, en bas, tout à l'heure, cependant moi, déjà je t'abordais, je disais : je t'ai aperçu tournant le coin de la rue, pardon, je suis à moitié ivre, je ne dois pas être à mon avantage, mais j'ai perdu ma chambre, je cherche une chambre pour cette nuit seulement, une partie de la nuit, car dans peu de temps je ne serai plus ivre, je demande cinq minutes...
Commenter  J’apprécie          260
Je t'aime, camarade, camarade, moi, j'ai cherché quelqu'un qui soit comme un ange au milieu de ce bordel, et tu es là, je t'aime
Commenter  J’apprécie          70
lorsque je travaillais, mon salaire, moi, c'était un drôle d'oiseau tout petit qui rentrait, que j'enfermais, et qui, dès que j'entrouvrais la porte, s'envolait tout d'un coup et ne revenait jamais, il ne restait plus qu'à le regretter tout le reste du temps
Commenter  J’apprécie          50
(...) parce que, mec, qu'est-ce que tu crois ? comment avoir une idée sur quelqu'un sans avoir baisé avec elle ? cent mille ans avec elle sans baiser, et tu ne sais toujours rien, que les grandes phrases qui te rendent dingue, qu'est-ce que tu connais d'elle avec les grandes phrases, si tu ne sais pas comment elle est avant, si tu ne sais pas comment elle bouge, comment elle respire, si elle parle et fait des histoires, ou si au contraire tu lui plais vraiment bien, et qu'elle ne dit rien, se retient, garde tout en secret juste pour toi et pour elle, qu'est-ce qu'on connaît de quelqu'un si on ne sait pas comment elle respire après avoir baisé, si elle garde les yeux ouverts ou fermés, si on n'écoute pas, longtemps, le bruit et le temps qu'elle met pour une respiration, où elle pose son visage et comment il est maintenant, plus le temps est long où elle respire et que tu l'écoutes, sans bouger, respirer, plus tu connais tout d'elle, (...)
Commenter  J’apprécie          40
Tu tournais le coin de la rue lorsque je t’ai vu, il pleut, cela ne met pas à son avantage quand il pleut sur les cheveux et les fringues, mais quand même j’ai osé, et maintenant qu’on est là, que je ne veux pas me regarder, il faudrait que je me sèche, retourner là en bas me remettre en état - les cheveux tout au moins pour ne pas être malade, (...)
Commenter  J’apprécie          40
Pourtant de toute façon, ils finissent tous par vous coller à l'usine, tandis que l'idée que je te dis, c'est: un syndicat à l'échelle internationale - c'est très important, l'échelle internationale (je t'expliquerai, moi-même, c'est dur pour bien tout comprendre), - mais pas de politique, seulement de la défense, moi, je suis fait pour la défense, et alors là, je me donnerai à plein, je serai celui qui exécute, dans mon syndicat international pour la défense des loulous pas bien forts, fils directs de leur mère, aux allures de jules plein de nerfs, qui les roulent et qui tournent, tout seuls, en pleine nuit, au risque d'attraper les maladies possibles.
Commenter  J’apprécie          40
« Tu tournais le coin de la rue lorsque je t’ai vu, il pleut, cela ne met pas à son avantage quand il pleut sur les cheveux et les fringues, mais quand même j’ai osé, et maintenant qu’on est là, que je ne veux pas me regarder, il faudrait que je me sèche, retourner là en- bas me remettre en état, les cheveux tout au moins pour ne pas être malade – mais en bas sont les cons, qui stationnent, il faudrait être ailleurs, personne autour de soi, plus cette question d’argent et cette saloperie de pluie, à l’aise, qu’on n’ait plus à bouger, tout son temps devant soi, avec l’ombre des arbres, mais le travail est ailleurs, c’est toujours ailleurs qu’il faut aller le chercher – pas le temps de s’expliquer, pas le temps de planer, pas le temps de se coucher dans l’herbe, le travail est là-bas, et encore là-bas, plus loin et encore plus loin, pas question de parler, pas question de dormir, pas question de planer, si tu veux travailler, déménage : c’est toujours, toujours le désert, mais qu’on s’arrête un bon coup et qu’on dise : allez vous faire foutre, je ne bougerai plus et vous allez m’entendre : AILLEURS, TOUT EST PAREIL !, je voudrais être comme n’importe quoi qui n’est pas un arbre, caché dans une forêt au Nicaragua, comme la moindre colombe qui voudrait s’envoler au-dessus des feuilles, avec tout autour des rangées de soldats avec leurs mitraillettes, qui le visent, et guettent son mouvement, oui, toute ma vie je voudrais me balader, courir de temps en temps, m’arrêter sur un banc, marcher lentement ou plus vite, sans jamais parler – si j’avais pu imaginer, je l’aurais inventer comme cela, telle que je la voyais quand je l’ai abordée : petite, pas solide, toute blonde avec des reflets et des boucles, pas trop de boucles et pas trop blonde, juste ce qu’il fallait pour y croire, et que ce ne soit pas possible de ne pas courir derrière : tu n’as pas du feu, s’il te plait, camarade, pardon, des yeux qui regardent comme on peut seulement l’inventer, et que cela brille exactement comme je l’aurais inventé, pour planer, un soir où c’est désert et où rien ne se passe – mais il y a d’autres soirs, malgré la pluie, malgré cette saleté de lumière et la nuit qui encombrent tout, où il traine des filles, non pas une par hasard, mais plusieurs l’une après l’autre, de plus en plus belles, mais pas belles comme tu crois, belles comme c’est pas possible, à vous rendre cinglé, d’heure en heure des filles plus impossibles, on ne sait pas quand ça va s’arrêter, cela monte, on se met à planer, on n’imagine plus rien, et quand on a fini de croire que cela peut être mieux, qu’on peut devenir encore plus cinglé à les regarder, il en débarque une comme celle-là, où il faut tout lâcher pour courir derrière, obligatoirement, oubliant que la pluie et le manque d’argent vous ôtent des moyens, mais celle-là, on est obligé de courir l’aborder, avec ses cheveux, ses yeux par en dessous, son air pas solide et pas trop de boucles : camarade, camarade !,alors c’est justement là : camarade,camarade !, là qu’ils nous attendent, c’est par là qu’ils nous prennent, là qu’on va se faire avoir comme le dernier des cons, alors, la principale idée, c’est s’empêcher de bander, pour toujours et partout, s’empêcher de bander et de jouir, se tenir à tout prix, car c’est là qu’ils nous guettent et qu’ils nous baiseraient, de toutes nos forces possibles et par tous les moyens, il faut se l’attacher, se priver même de cela, pour être bien certain de pas se faire niquer !, nous autres, camarade, il faut se priver de tout et se l’attacher solidement, et ce sera aux rats de jouir, camarade, et moi, l’exécuteur, ce sera mon heure à moi de cogner – alors, tout d’un coup, moi, j’en ai ma claque, cette fois ça y est, je ne me retiens plus, j’en ai ma claque, moi, de tout ce monde-là, de chacun avec sa petite histoire dans son petit coin, de leurs gueules à tous, j’en ai ma claque de tous, et j’ai envie de cogner, et moi, je vais cogner, j’ai envie de taper, mec, jusqu’à ce que tout finisse, jusqu’à ce que tout s’arrête, et alors, tout d’un coup, tout s’arrête pour de bon : o.k, je me lève, je cavale à travers les couloirs, je saute les escaliers, je sors du souterrain, et dehors je cours, je rêve de bière, je cours, de bière, de bière, je me dis : quel bordel, les airs d’opéra, la terre froide, les putes et les cimetières, et je cours, je ne me sens plus, je cherche quelque chose qui soit comme de l’herbe, les colombes s’envolent au-dessus de la forêt et les soldats les tirent, je cours, je cours, je cours, camarade, je te trouve et je te tiens le bras, j’ai tant envie d’une chambre et je suis tout mouillé, camarade, camarade, j’ai cherché comme un ange au milieu de ce bordel, et tu es là, ne dis rien, ne bouge pas, je t’aime, je te regarde et le reste, de la bière, de la bière, quel bordel, camarade, et puis toujours la pluie, la pluie, la pluie, la pluie. »
Commenter  J’apprécie          30
Tu tournais le coin de la rue lorsque je t’ai vu, il pleut, cela ne met pas à son avantage quand il pleut sur les cheveux et les fringues, mais quand même j’ai osé, et maintenant qu’on est là, que je ne veux pas me regarder, il faudrait que je me sèche, retourner là en bas me remettre en état — les cheveux tout au moins pour ne pas être malade, or je suis descendu tout à l’heure, voir s’il était possible de se remettre en état, mais en bas sont les cons, qui stationnent : tout le temps de se sécher les cheveux, ils ne bougent pas, ils restent en attroupement, ils guettent dans le dos, et je suis remonté — juste le temps de pisser — avec mes fringues mouillées, je resterai comme cela, jusqu’à être dans une chambre : dès qu’on sera installé quelque part, je m’enlèverai tout, c’est pour cela que je cherche une chambre, car chez moi impossible, je ne peux pas y rentrer
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (320) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Le Cid (Corneille)

    Que signifie "Le Cid" en arabe ?

    le seigneur
    le voleur
    le meurtrier

    10 questions
    820 lecteurs ont répondu
    Thèmes : théâtreCréer un quiz sur ce livre

    {* *}