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Ce grand monologue, soliloque, qu'importe, cette grande respiration âpre et rythmée est un appel au secours. Une bouée de mots jetée dans l'océan de solitude, d'errance et de désillusion du personnage central de ce texte.
A l'instar de Patrice Chéreau, la première fois que j'ai lu Koltes, je n'ai rien compris, aussi bien le sens, que la forme. Cela m'a découragée car je sentais dans cette écriture une richesse et une palpitation unique. Donc, j'ai respiré un grand coup et je m'y suis remise. Epouser le rythme, les mots, sans forcément vouloir absolument comprendre, juste ressentir. Se laisser envahir par le mystère de cette langue et en même temps l'éblouissante clarté du propos. Une gemme brute qui se doit d'être sertie telle quelle.
Dans cette pièce (mais aussi les autres ?) la rage présente ne peut s'allier qu'à la désespérance et à la sublimation des mots.
Ce jeune homme, anonyme parmi les anonymes, veut retenir pour un instant, une nuit, quelques heures, la silhouette accostée dans une rue. Il parle, parle… Il déverse sur cet inconnu des mots, des idées, des défaites, des espoirs. Qu'importe ce qu'il dit, entrechoqué d'émotion il ne veut pas être seul dans cette nuit pluvieuse et sordide ou les hommes se moquent, s'agressent, se frappent, s'oppressent. Ou l'amour n'a plus sa place, lui qui le réclame tant. Il s'agite, s'emporte, réclame la pitance de l'attention pour retarder la venue du vide. le néant de sa vie, dans cette ville hostile, étrangère et pourtant sienne où on veut l'asservir. Lui, l'esclave, lui l'homme démuni et bafoué. C'est une révolte amère, presque stérile, mais qu'importe. Un bras d'honneur à la vie et son miroir sans tain.
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Je n'aurais jamais cru aimer ce genre d'ouvrage ! le texte est dense, sans aucun point. Les seules ponctuations venant rythmer notre lecture sont les virgules, les tirets et certaines parenthèses.

Je ne connaissais pas Bernard-Marie Koltès. Je ne l'aurais sans doute jamais connu si mon compagnon n'avait pas commencé à m'en parler et son frère de m'offrir ce livre.

Avant toutes choses, si vous n'avez pas l'habitude de ce style d'écriture : accrochez-vous ! Les six premières pages vous paraîtront un calvaire. Vous ne saurez pas comment le lire, quel rythme adopter... Et puis, vous allez reconnaître ce personnage, penser que vous l'avez déjà rencontré, que son discours vous semble familier...

Ce livre est vraiment bon, il me tarde d'en lire d'autres de ce même auteur.
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Parce que cette pièce écrite en 1977 est toujours vivante et vibrante.
Le texte m'avait retourné lorsque je l'avais vu joué par Denis Lavant en novembre 2000 aux abbesses. elle reste encrée en moi.
Elle se rappelle a moi, chaque fois ou je croise un SDF perdu dans sa misère et dans sa lumière.
Le théâtre ou il ne reste plus que le choeur d'un coeur !

Cette pièce, cette phrase, ce plan séquence est la plus belle de Koltès.

Lisez la, écoutez la, lisez là où vous êtes.
Actuellement elle peut être écouter en streaming sur le site de la médiathèque jusqu'au 21 novembre 2020. (voir le lien ci dessous.
Lien : https://tsuvadra.blog/2020/1..
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Ce long monologue, d'une traite, est une mise à nu.
Le personnage nous semble tout d'abord anodin - et puis, qu'est-ce qu'il nous veut, avec ses histoires un peu banales, un peu sordides? C'est ce que se demande le spectateur qui se fait interpeler par cet inconnu qui n'attend aucune réponse. Mais, peu à peu, les mots cessent de se bousculer, et la souffrance parle, à vif. La solitude surtout, le désir irrépressible d'être entendu, écouté, compris, aimé, désir qui se sait d'emblée voué à l'échec.
Koltès pousse un long cri qui résonne profondément en nous: le solitaire trouve écho en chaque solitaire qui l'écoute.
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Cette oeuvre, je l'ai vu sous quatre aspects : trois pièces de théâtre et le texte original. Chaque pièce interprétait le texte de manière unique et semblait donner corps à une oeuvre différente, prouvant les multiples interprétations possibles de cette unique phrase. Et pourtant, si les pièces seront certainement moins "lourdes" et difficiles à suivre, c'est la pièce qui l'emporte.

Non pour son côté "agréable", car il faut bien le dire, lire un texte de 64 pages doté d'une seule et unique phrase n'est pas de tout repos pour notre cerveau (personnellement je l'ai lu d'une traite). Mais par sa force stylistique, car cette unique phrase se justifie pleinement dans son écriture ; utilisant tous les outils possibles pour rendre le point final uniquement justifiable à la dernière page. C'est cela qui m'a charmé ; j'aime les essais stylistiques. le fond en lui-même, n'avait que peu d'intérêt pour moi.

Cependant, cette "lourdeur" pour notre cerveau explique aussi pourquoi un tel écrit sera loin de plaire à tous. Conseillez-le à la majorité, la majorité l'estimera indigeste et ce sera parfaitement compréhensible. Conseillez-le à des personnes appréciant les exercices de style ou tout autre essai de forme et là vous ferez mouche.
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Lecture assez déroutante. le texte est court car il tient en peu de pages, et long car ce n'est qu'une seule phrase (dénuée de point finale d'ailleurs). Les premières pages peuvent être difficiles, il faut trouver son rythme, mais personnellement j'ai assez vite été happée par les pensées de cet homme qui divague.
J'aimerais le voir sur scène pour le sentir différemment et admirer la performance de comédien que ce texte exige.
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Ce texte est un jeu, un défi, un exercice de style, au cours duquel l'auteur a pris le parti de tout dire dans une unique phrase, une unique respiration, une soixantaine de pages en apnée ; en utilisant pour cela tous les artifices imaginables, car même les points d'interrogation peuvent ponctuer un dialogue sans l'interrompre, non ? ça se voit mieux si on ne met pas de majuscule après, n'est-ce pas ? et comme le personnage est un homme qui erre dans la ville en interpellant les passants, le genre de type qu'on esquive dans la rue en l'ignorant et en le pensant fou de s'adresser ainsi à tous, la forme choisie est totalement justifiée, et ça donne bien envie de voir ça au théâtre, car ça doit être aussi un tour de force pour un acteur, une pièce constituée d'une unique tirade ; moi je m'arrête ici, à peine une page et je suis déjà essoufflé ...
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C'est l'histoire d'un type qui aborde un inconnu dans la rue. Il lui parle de tout et de rien pour essayer de le retenir, pour ne pas passer la soirée seul ; il lui raconte ce qu'il a vu, ou fait, ou subit, et ce qu'il pourrait faire, aimerait faire, ou voudrait pouvoir faire.

C'est un monologue écrit du début à la fin en une seule phrase – techniquement ; en fait on pourrait remplacer les virgules par des points sans que cela ne change rien à la syntaxe. Écrire en "une" phrase n'a pas pour but d'impressionner le lecteur en concurrençant Marcel Proust ou Claude Simon, mais (à mon avis) de créer une impression de continuité dans le discours, de rendre compte d'un flot de paroles ininterrompu, langoureux, évitant l'intonation marquée que forcerait le couple Majuscule/point.

Hélas, cette nouvelle (ou cette pièce) n'aborde pas un thème particulier mais s'éparpille dans toutes les directions ; sont évoqués le communisme, les jolies femmes, les vols dans le métro, la vie dans la rue, les voyous qui trainent, sans se fixer sur rien de précis ; notre héro aborde son inconnu pour lui servir digression sur digression, puis c'est fini.

Koltès m'avait bien plus impressionné avec Dans la solitude des champs de coton, dont le style est plus poussé, le rythme moins immobile, l'histoire plus fixée sur un thème, et donne matière intéressante à interprétation.
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Un long monologue criant la souffrance d'un homme seul, qui vous interpelle par ses phrases hachées, haineuses, et son cruel besoin d'amour.
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Une voix et un corps qui s'imposent au lecteur ou à l'auditeur. le monologue du protagoniste récolte les mouvements du monde et du moi dans un langage rythmé, parfois cru mais jamais vulgaire. La violence du mot et du monde font bouger les limites de la phrase et des représentations.
Un texte fort à la présence indéniable.
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