Midnight

[...] tout simplement elle aimait la nuit. Même enfant, elle l'avait préférée au jour [...] L'obscurité faisait du bien. Elle adoucissait ce que le monde diurne avait d'anguleux, estompait les couleurs violentes. Avec le crépuscule, le ciel paraissait reculer, l'univers s'agrandir. La nuit était plus vaste que le jour et la vie, dans son royaume, semblait offrir d'avantage de possibilités.

Il avait envie de descendre à un niveau de conscience où les réflexions sur le sens de la vie ne le troubleraient plus, où les défis intellectuels seraient absents, où il serait une créature dont l'existence se définirait essentiellement par des sensations, où chaque décision serait prise uniquement sur la base de ce qui lui ferait plaisir: un état qu'aucune pensée complexe ne viendrait assombrir. Oh, Seigneur, être débarrassé du double fardeau de la civilisation et de l'intelligence supérieure!

— Hé bien, je l'ai vu sur la table du crématorium avant qu'ils ne le glissent dans l'incinérateur. Il avait été... éviscéré. Presque décapité. Horriblement ... déchiqueté. Il avait l'air aussi mutilé que s'il avait sauté sur une mine antipersonnel.

Cette soupe protéinique primitive était consciente bien que sans cerveau, capable de voir et d'entendre bien que sans yeux et sans oreilles, sans entrailles mais affamée.