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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un magnifique roman qui aborde conjointement les thèmes de l'exil, de l'enfance, de l'amour, de l'oubli, des racines, du transgénérationnel (famine ukrainienne des années1930 Holodomor) sur fond de catastrophe nucléaire de Tchernobyl.
Léna et Ivan vivent près de Tchernobyl dans la ville soviétique moderne de Pripiat en 1986. Ils s'aiment depuis leur plus jeune âge d'un amour pur et total. La catastrophe les sépare : Léna part en France, Ivan reste. Ils évoluent dans deux mondes séparés mais ne s'oublient pas. Léna grandit difficilement car sa mère la pousse à oublier ses racines. Léna s'aide de sa grand-mère attachée à ses racines ukrainiennes, de la littérature et de la Nature car ce roman est aussi une ode à la Nature, une Nature qui survit à tout ou presque puisque la forêt proche de Tchernobyl a su renaitre de ses cendres, une forêt luxuriante, une zone verte dont on pourrait presque oublier qu'elle est contaminée par les radiations.
Ivan et sa famille sont restés et le roman nous raconte les conséquences de la catastrophe pour eux et les habitants de la zone, l'oubli impossible pour Ivan.
Un roman poétique, écologique, onirique et réaliste tout à la fois.
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A crier dans les ruines est un roman qui porte magnifiquement son titre. Ce texte est un chant d'amour, un amour si fort qu'on ne peut l'exprimer qu'en criant. C'est un roman beau et fort que nous a écrit Alexandra Koszelyk. J'ai immédiatement été prise d'affection pour la jeune Lena, son insouciance, son amitié forte avec Ivan, là-bas, tout près de Tchernobyl, à Pripiat.
Un magnifique cri d'amour donc. A Ivan d'abord. Les deux jeunes gens se rencontrent enfants, à une époque où ils ne vivent que l'un par l'autre, l'un pour l'autre et où tout le monde trouve cela touchant. Ivan et Lena se connaissent, se comprennent, se créent un monde à leur image qu'ils ont du mal à quitter. Quand la catastrophe de Tchernobyl éclate, les deux origines sociales scellent deux destins opposés : la jeune bourgeoise fuit Pripiat avant même le décret national et arrive à émigrer en France tandis que le fils de berger se voit conduit dans des camps de transit puis un appartement à Kiev. Pourtant, chacun reste attaché à cette part de lui-même qui continue de vivre en l'autre, par des lettres, des objets. L'enfance, puis l'adolescence, l'âge adulte enfin, auront beau apporté avec eux la colère, le temps et la désillusion, ils n'effaceront jamais l'amour.
Mais ce n'est pas tout. A crier dans les ruines est un chant d'amour lancé aux racines, l'Ukraine. Alors que ses parents parviendront à s'occidentaliser car ils ont emmené avec eux tout ce qui était leur essentiel, Lena, privée de son essentiel, refusera toujours de tourner la page. A travers sa grand-mère, à travers son attachement pour tous les exilés, grâce à ses statuettes, à sa fascination pour les ruines, elle reste persuadée que sa place est ailleurs, là où tout a commencé, où tout s'est terminé, où tout est à reconstruire. Elle s'acharnera à garder de ce pays les images de bonheur non ternies par la catastrophe nucléaire. C'est une quête profondément intime qui nous est décrite, celle d'une enfant à qui on a volé la vie et qui se rendra compte au bout d'un certain temps qu'il lui faut la récupérer.
Cette histoire est également un chant d'amour à la nature, contre les dérèglements humains. Face à la folie du nucléaire, à l'inconsidération des hommes, les descriptions de Pripiat, au retour de Léna, ont quelque chose de bucolique. J'ai été très sensible à cette touchante ode à la nature qui reprend ses droits, à cet éloge des arbres, de la sève et des animaux qui ont vaincu la radioactivité.
Enfin, et ce sera mon dernier argument pour vous inviter à découvrir cette oeuvre, j'y ai lu un hymne vibrant au pouvoir de la littérature. Prisonnière de son passé, exclue par sa langue et sa culture, Lena se plonge dans les livres. Elle parvient, grâce aux mots des autres (et ils sont nombreux : Camus, Platon, Kundera, Sophocle, Barbey d'Aurévilly…), à comprendre ses maux à elle. Alors que le silence et les tabous ont fait de sa vie une pièce sans âme, Lena trouve ailleurs l'expression de la foi, de l'appartenance, de la révolte et de l'amour. C'est la raison d'être de la littérature, selon moi, et j'ai trouvé que c'était présenté de façon subtile et très touchante.
Bref, je crois que le message est passé. Ce fut un réel coup de coeur ! Ne me remerciez pas de vous donner d'autres idées de titres à glisser sous le sapin, c'est un plaisir !

Lien : https://livresque78.com/2020..
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Magnifique roman qui oppose deux familles près de la centrale nucléaire. Un père très proche de la nature et l'autre de la technologie. Cela n'empêche pas les enfants, Léna et Ivan de s'aimer et de devenir inséparables jusqu'au jour de la catastrophe. La famille de Léna s'expatrie en occident. Léna nous raconte cet exil, la volonté de sa famille d'oublier et d'avancer. Léna fait elle aussi son bout de chemin mais reste attachée à ses racines. Elle ne cesse de penser à Ivan. Les lettres de l'un et de l'autre restent dans un tiroir. A la trentaine, Léna tourne le dos à ses parents et repart sur les traces d'Ivan. le retrouvera-t-elle ?
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Léna et Ivan sont complices depuis leur plus tendre enfance.

De familles bien différentes, ce n'est pourtant pas la raison qui viendra bouleverser leur amour naissant de jeunes adolescents mais injustement la plus grande catastrophe nucléaire de l'histoire.

Nous sommes en 1986, alors qu'ils vivent dans la majestueuse ville de Prypiat, en Ukraine, entre nouvelle urbanisation et verdure, l'explosion du réacteur quatre de la centrale de Tchernobyl, auprès de laquelle ils vivent, entraîne le départ précipité de la famille de Léna pour la France.

Celle d'Ivan, elle, décide de rester sur la terre de leurs ancêtres à laquelle elle croit profondément malgré le danger.

A cet instant, alors qu'ils croyaient très fort en une situation temporaire, se brise l'innocence de l'enfance confronté au dur monde des adultes et de l'injustice de la vie.

Une fois en France, Léna croit qu'Ivan est mort et doit apprendre à vivre dans un pays qu'elle ne connaît pas en s'efforçant d'oublier conformément à ce que désirent ses parents.

Ivan, lui, survit dans ces ruines, s'accrochant dur comme fer au retour de sa belle.

Vingt ans ont passés désormais …

Mais on a beau essayer de se construire en tentant d'enfouir ses racines, on se construit rarement sur les regrets comme sur des fondations bancales …

Léna décide de retourner dans la ville de son enfance.

Mon ressenti sur cette lecture.

Lorsque j'ai décidé de commencer ce roman, j'avais tout à coup très envie de le découvrir tant j'en ai entendu du bien.

Il faut dire que l'ambiance historique dans laquelle se situe cette romance n'est pas de celle que l'on rencontre souvent : c'est la première fois que je lisais un livre traitant de la catastrophe de Tchernobyl ; les sujets réalistes qui ressortent le plus souvent dans les romans étant plutôt les guerres. C'est d'ailleurs cela au départ qui avait très certainement retenu mon attention.

Tout de suite, nous sentons que nous allons entrer dans un lieu sacré, un sanctuaire, avec Léna qui revient sur les traces de son enfance. Cette ville fantôme restée en suspend à travers les années, révèlent la vie de ceux et celles dont le destin a basculé et qui ont dû, un matin, partir sans rien, sans se retourner. On ressent tout le drame qui a pu se jouer dans ce lieu.

Puis, nous partons dans l'enfance et l'adolescence de nos deux héros, redonnant sa splendeur et surtout la vie à chaque endroit de Prypiat. C'est comme si tout s'animait de nouveau.

Se superpose également les lettres d'Ivan qui traduise l'absence de Léna, afin de faire ressortir ses espérances sans trop en dévoiler non plus.

C'est une façon de construire le récit que j'ai beaucoup aimé.

Que ce soit suivre l'innocence de deux enfants, à leur amour naissant d'adolescents, en passant par la découverte de ce que fut réellement, techniquement et humainement ce drame, j'ai accroché totalement au récit au point d'avoir des difficultés à poser mon livre.
La suite sur www.placedesbouquins.com
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•RADIOACTIVEMENT VOTRE•
.
🦊 Avant toute chose, il convient d'établir qu'Alexandra Koszelyk écrit divinement bien. Ils sont rares ces romans où le style est présent, où le déversement des phrases en devient poétique. Chaque mot est pesé pour en tirer toute son essence. La délicatesse de nombreux passages, sans en faire une démonstration, n'est réservée qu'à bien peu. Vous cherchez de la littérature ? Elle est ici, elle respire ici dans l'antre de Tchernobyl. Non, le nuage de l'élégance ne s'est arrêté à la frontière française. Il est au coeur de ce roman à la limite de la prose poétique. Pourtant, le contexte était dur, profond, radioactif, terrible et ancré dans nos mémoires tétanisées•••
.
🦊 Cette histoire fut mon combustible, une histoire d'amour qui m'a longtemps fait penser au film Jeux d'enfants, telle une scintigraphie sentimentale à travers le temps. En 1986, Léna et Ivan filent le parfait amour, toujours associés, toujours collés l'un à l'autre. Deux enfants à l'amour innocent, qui, la majorité du temps se consume doucement avec pertes et fracas. Leur chute fut le jour même de la catastrophe de Tchernobyl. La scène où cette dernière devient réelle et palpable, Alexandra Koszelyk arrive à en faire un moment rayonnant. Tout bascule et ces deux êtres seront séparés par la tragédie. Nul ne sait à l'époque ce qu'il se trame à Pripiat mais certains désertent, d'autres ferment les yeux, englués dans un système communiste. Ce drame reste en toile de fond, parsemant le récit d'émanations toxiques. le départ en France de Lena laisse Ivan désemparé. Les lettres qu'il lui écrit, ne pouvant lui envoyer sans adresse, viennent former un solide noyau protecteur. Elle revient ainsi vingt ans après en Ukraine où la nature reprend ses droits. À crier dans les ruines. À chuchoter dans le chaos. À exulter d'amour. L'Ukraine, ce pays meurtri par les drames successifs. Cette population qui souffre, ce climat explosif, font que ce roman comporte un réacteur poignant, émouvant, d'une humanité évidente. On embarque avec ces deux personnages incarnés, on n'en sort pas indemne. Oui, j'ai été irradié par le talent d'Alexandra à manier les mots de manière subtile•••
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"Les fleurs poussent aussi parmi les ruines" (Marylin French)
Dans un amas de pierres, stigmates d'un monde disparu.
Des éclats rouge au milieu du gris.
Traces de vie dans la mort.
Des coquelicots sur les ruines de Tchernobyl.

La pierre, statue minérale
Visage impassible pour un déni d'émotion.
Un pansement sur la douleur, une éponge sur les larmes.

La pierre. Verticale.
Mur. Entre les êtres. Entre les corps. Entre les mondes.
La pierre. Horizontale.
Pont entre les âmes. Union entre les univers.

Et au milieu coule une rivière.
Le Styx, fleuve des Enfers, qui mènera Lena de Pripiat en Ukraine à la France normande.
Un fleuve bordé de coquelicots rouges.
Rouge sang. le sang des victimes. le dans tes pères. le sang des frères. le sang des siens.

Le coquelicot, symbole d'un bonheur éphémère.
Fleur de consolation pour réparer les êtres et les âmes. Apaiser la douleur de Lena, meurtrie par le déracinement.
Le coquelicot, symbole d'une terre qui apaise les souffrances, de racines indispensables pour se construire. Se reconstruire.

Dans ce roman des oppositions, l'auteur brosse une esthétique de la dichotomie. le récit s'articule autour de nombreux antagonismes; nature/science, est/ ouest, destin/hasard.
La métaphore filée de la pierre répond à cette dialectique.
Ramifiée en deux branches opposées , elle sera verticalité, allégorie de la division par un mur et horizontalité, symbole d'union entre deux mondes rejoints par un pont.
La verticalité elle-même divisée en deux branches, destructrice tant que minérale , alors que naturelle elle symbolise les racines, fondements d'un renouveau et d'une identité retrouvée .

Les racines, fondement d'un roman solide, ancré dans une réalité connue de tous, fragmenté en multiples ramifications, qui se font les nombreuses branches d'un récit multiple, symbolique et riche de sens. Un arbre de vie. Symbole d'une nature qui ne renonce pas. Des êtres qui ne renoncent pas.
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Une histoire d'Amour publiée chez Aux Forges de Vulcain ne signifie pas une romance loin de là. Après lecture je vous le confirme. Là on est dans l'Amour Unique, sublime, absolu, inconditionnel d'autant qu'il y a en lui l'exaltation et les illusions de l'adolescence, à la vie à la mort.
On va donc avoir toutes les thématiques universelles de l'adolescence mais bousculées par les événements du 26 avril 1986.
On retrouve toute l'innocence de l'enfance. C'est deux êtres que tout devait séparer vont vivre de manière fusionnelle. A l'âge des premiers émois amoureux ils vont être projetés hors de leur Eden sans avoir coqué la pomme. Deux coeurs purs emportés par l'histoire.

On va découvrir les déchirante séparations et comment ils vont devoir survivre chacun de leur côté. On va avoir toute la thématique des barrières, barrière culturelle, barrière de la langue, barrière es-ouest etc..
En parallèle on a l'Ukraine déjà éprouvée par l'histoire qui va subir ce drame qui va la faire sortir de son innocence, ignorance, du déni et de l'incompréhension.
Je me sui remémoré cette époque là, j'avais à peine plus que nos héros, j'habitais près d'une centrale et on n'était pas plus informés qu'eux ? le sommes nous plus aujourd'hui ? Qu'avons nous appris de cette catastrophe ? Les infos, les réseaux sociaux, internet
Ce roman retrace aussi les bouleversements politiques et socio-économiques qui ont suivi. La chute du mur de Berlin la Pérestroïka etc.
Mais ceci n'est qu'une infime partie du roman. Il développe aussi d'autres sujets comme la culture, la langue, l'Histoire et ses éternels recommencements. Histoire avec un H majuscules et l'histoire familiale avec ces conséquences.
L'exil, un autre traumatisme. On va découvrir comment chaque membre de cette famille va survivre, s'adapter ou pas. Trois générations sous un même toit, trois visions de la vie et de l'histoire. Les non-dits, ces traumatismes refoulés. Qui dit exil, dit départ, déracinement, changement de langue, modification de l'identité, et de manière induite il a ceux qui sont restés. Thèmes de l'abandon, de la trahison, du sacrifice…
Ce que j'ai aussi beaucoup aimé ce sont toutes les références littéraires qui vont servir de substrat. La place des « passeurs de mots » de contes et légende, on a tous besoin d'une Mme Petitpas. Complété par la place de l'écrit et de l'oral, les chants et des lettres vont compléter les parts manquantes. Sa rencontre avec une autre âme soeur féminine qui va lui faire découvrir un autre aspect des racines familiale.
De la forêt à la mer, de la terre à l'eau en passant par le feu nucléaire on y retrouve ce qui fait l'âme slave, cette nostalgie, ce côté tragique, ce vague à l'âme entre rire et larmes. Il y a beaucoup de souffrance et de violence et pourtant c'est l'espoir qu'on ressent, on se raccroche à chaque signe.
Ce roman est un coup de coeur par qu'il est bien écrit, riche et intense, il y a un crescendo dans ce qu'on ressent. Alexandra Koszelyk a su donner un côté universel en intégrant la littérature, les mythes et légendes. Léna aura eu besoin d'un voyage intérieur et une reconstruction de son histoire pour retrouver son Ithaque, mais son « Pénélope » aura-t-il eu la force de l'attendre alors qu'il vit abandonné dans les décombres et les tombes ?
Il y a beaucoup de sujets qui entre en résonnance avec ma vie.
L'autre jour je parlais d'un autre roman et je disais qu'il traité de la thématique de la famille. Pour moi c'est un sujet qui m'accompagne depuis toujours alors c'était une évidence je n'ai pas développé. La personne en face qui ne me connais pas depuis longtemps m'a demandé de développer. Et je lui répondu « la famille est une micro société, on est sensé être protégé et en fait on retrouve dans ce microcosme toutes les grandes sentiments, c'est reflet de l'extérieur, le mensonge, la trahison, la violence pas toujours la sécurité attendue ainsi que l'amour. » Eh bien cela se confirme dans cette histoire.
Si vous croyez que je vous ai dévoilé ce roman vous vous trompez car ce n'est pas forcément ce qui aura retenu votre attention. Certains seront pris par la force d'évocation, le phrasé, les mots, d'autres cette quête de soi et de l'autre, d'autres c'est l'aspect politique et historiques… allez savoir ce qui vous plaira dans cette intrigue !
Je ne vous ai pas parlé des personnages aux fortes personnalités et à leur intériorité puissante… ni des lieux traversés…
Je comprends pourquoi ce roman est encensé par les libraires et les lecteurs…
Allez-y les yeux ouverts !

Lien : http://ramettes.canalblog.co..
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Premier roman de cette autrice française, il s'agit d'une des plus belle découvertes de cette rentrée littéraire. Cette histoire qui s'étire sur une vingtaine d'année se place quelque temps avant le jour de la catastrophe de Tchernobyl, le 26 avril 1986. Nous sommes à Pripiat, ville moderne de l'Est, nichée dans un écrin de verdure. Léna est une jeune fille brillante d'une dizaine d'année, fille de deux ingénieurs travaillant à la Centrale et Ivan, son camarade, est le fils d'un agriculteur très attaché à ses terres. Alors qu'une amitié hors du commun lie ces deux êtres, l'accident nucléaire vient tout bouleverser. Les parents de Léna quitteront précipitamment le pays pour rejoindre de la famille installée en France tandis que les proches d'Ivan ne pourront se résoudre à partir. Vingt ans plus tard, quelle sera la vie de ces deux personnages ? Parviendront-ils à se retrouver ou Tchernobyl les aura-t-elle définitivement séparés ?
Au-delà d'une poignante histoire d'amitié, d'amour entre deux êtres, c'est avant tout une mémoire plus collective qu'Alexandra-Koszelyk parvient à nous dépeindre. Le style est simple mais élégant à travers un langage parfois épistolaire posé avec beaucoup de pudeur. Les différents protagonistes nous feront revivre les espérances et les effrois de l'Est, l'atmosphère de la Guerre Froide et la chute du Mur.
Il existe aujourd'hui de nombreuses images sensationnelles liées à cette triste période historique. Mais peut-être, peu sont-elles aussi juste que les mots A crier dans les ruines.

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Dès les premières pages j'ai été absorbée par la vie de Lena et Ivan et transportée en 1986. 1986, juste avant le drame de Tchernobyl, où deux adolescents vivent leur vie comme il se doit, mais cette vie là, c'était avant ce 26 avril 1986. C'est avec beaucoup de révolte et tristesse que j'ai vécu avec eux l'explosion de la Centrale. Tout d'abord, on a demandé aux habitants de Pripiat et de la zone de trente kilomètres alentours de tout quitter, sans rien emporter et surtout sans leur donner d'explication ! Dimitri, le père de Lena étant l'un des scientifiques travaillant à la Centrale a de suite entraîné son épouse Natalia ainsi que Lena à Kiev afin de rejoindre la France le plus rapidement possible accompagnée de la mamie Zenka.
Natalia et Dimitri ont déjà tiré un trait sur leur passé. Quant-à Lena, elle, pense bientôt revenir à Pripiat retrouver son ami Ivan... Et là, une longue vie d'interrogations va s'engager pour Lena en France et Ivan, resté près de la zone irradiée.
Lena va s'engager à fond dans ses études quand à Ivan, il va écrire régulièrement à Lena mais garder les lettres dans l'espoir de les lui faire lire à son retour...

Ce livre, en plus du roman, nous permet de nous interroger sur les dangers du nucléaire... Vivre à moins de trente kilomètres d'une Centrale... Les habitants de la zone de Tchernobyl obligés de tout quitter... le nombre de victimes immédiates et à ensuite... les malformations, les cancers... Et de suite également après l'explosion, les changements de couleurs des arbres, les animaux qui deviennent fous... etc...

Aujourd'hui, la zone est visitée par des cars de touristes sous haute surveillance, la nature a repris ses droits... mais la radiation est toujours là... et l'on retrouve les maisons, les HLM aux fenêtres éventrées où les arbres poussent au travers des fenêtres. Tout est resté tel que les habitants on laissé leur lieu de vie... tables, chaises, jouets... poussiéreux mais pas que...

Un ouvrage poignant, bouleversant, percutant ! A LIRE si ce n'est déjà fait !
Lien : http://binchy.canalblog.com/..
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Le 26 avril 1986, Lena et Ivan n'étaient que des adolescents de 13 ans qui s'aimaient d'un amour tendre et profond, alors que le réacteur n°4 de la centrale de Tchernobyl explosait.
Une catastrophe écologique et humaine qui a jeté les 40.000 habitants de Pripiat sur les routes, les obligeant à quitter leur terre natale pour un exil forcé.
La famille de Lena quitte l'Ukraine pour la centrale de Flamanville en France où son père est embauché comme ingénieur nucléaire.
Celle d'Ivan s'installe dans un camp à Kiev, abandonnant sa ferme et ses cultures polluées pour toujours par les radiations.
Alexandra Koszelik nous fait vivre cette catastrophe de l'intérieur comme l'ont subie les victimes, avec brutalité et incompréhension. En nous glissant dans la peau de ses deux personnages que le destin a séparés, elle nous amène à ressentir l'effroi et la douleur d'une population sacrifiée.
En faisant revenir Lena à Pripiat 20 ans après, l'auteure nous laisse espérer qu'un avenir est toujours possible dans ces ruines devenues une attraction touristique.
Entre déracinement et déchirement, ce roman parle de la difficulté à se reconstruire loin de ses racines, de la vie qui prend le dessus malgré tout, des souvenirs qui restent au delà de l'absence, des origines que l'on n'oublie jamais.
L'histoire d'un exil qu'un amour naissant, brisé avant d'éclore, a rendu si difficile. A travers la vie de Lena, nous découvrons une face méconnue du traumatisme mais j'ai regretté que le devenir d'Ivan, et de toute cette jeunesse restée en Ukraine, ne soit évoqué que brièvement en fin de récit.
C'est néanmoins un beau roman que j'ai pris du plaisir à lire, malgré ce petit goût de manque sans lequel je l'aurais trouvé passionnant.

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