Ce roman n'est pas une romance au sens strict du terme selon moi, mais une très belle histoire d'amour, un duo inséparable depuis l'enfance que
L Histoire va séparer. Puis les mensonges, les déménagements, les frontières qu'on ne peut passer, le temps qui passe. Deux êtres qui ne se sont jamais oubliés malgré tous leurs efforts.
Lena qui fuit l'Ukraine et sa ville natale Pripiat, en pensant revenir, ne comprenant pas la gravité de ce qu'il vient de se passer.
Ivan qui reste sur sa terre, même mourante, notamment par l'amour de la terre que son père lui a légué.
De l'attente, des souvenirs, de la rancune, de la passion, tout se mélange dans cette histoire qui raconte si bien la permanence d'un amour aussi profond.
Mais ce n'est pas qu'une histoire d'amour, loin de là. C'est un rapport à la terre, au territoire, à ses origines, à qui on est, d'où on vient. Une culture arrachée et qui tente de survivre en France, mais confrontée à la nécessité de l'intégration. Un besoin viscéral de comprendre son identité par son lien à sa ville natale, son pays. En face, un garçon qui n'a jamais pu quitter ce territoire, attaché, obsédé peut-être, malgré le danger.
C'est aussi un rapport à la ruine, à la destruction (et la reconstruction), cette zone morte où la nature continue de vivre mais l'humain n'est plus la bienvenue. Lena se passionne alors pour les ruines, l'archéologie et les contes, ce passé qui ne cesse de se soustraire à ses interrogations. J'ai aimé ces thématiques, c'était puissant et profond, sans oublier la plume très poétique et ciselée de l'autrice.