Hélas, rarement ouvrage aura mieux mérité son titre. Cette série remarquable consacrée au capitaine de marine marchande Calec et à ses aventures est passée près du naufrage.
En effet, le dessinateur habituel
Patrick Jusseaume, frappé par la maladie, n'a pu mener cette histoire à bon port et a du abandonner le navire à mi-route, laissant le gouvernail à l'auteur,
Jean-Charles Kraehn. On s e souvient que déjà dans le tome précédent ("Le cargo Maudit"), Kraehn avait du terminer les dernières pages.
Cet album est donc coupé en deux, abordant des rivages graphiques différents.
Cette situation est exposée par l'éditeur au début et on ne peut que compatir au drame humain que cela a vraisemblablement représenté.
Toujours est-il que la qualité du dessin de la première partie est, en particulier sur les dernières pages, assez problématique (les visages des pages 32 et 33 par exemple, sont terriblement loupés).
C'est d'autant plus dommage que l'histoire évoquant les trafics d'armes et d'esclaves toujours présents le long des côtes d'Erythrée est plutôt intéressante, fleurant bon l'influence des récits d'Henry de Monfreid et se permettant même des clins-d'oeil assumés en direction du Tintin de Coke en Stock (ce qui n'est pas une première puisque dans "Escale dans le passé", les frères Durand évoquaient évidemment les Dupondt). J'ai quand même trouvé qu'on était loin du niveau de la trilogie indochinoise où on sentait davantage l'engouement des auteurs.
On ne peut que souhaiter un prompt rétablissement à Jussseaume. En attendant, l'album est bancal et les retrouvailles attendus avec Calec, un peu gâchées.