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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ce que j'en ai retenu

- de l'importance des universités dans l'Allemagne d'avant-guerre : formation des futures élites, stimulation intellectuelle essentielle, liberté d'étude. Et la fin de cet état de fait avec la montée du nazisme, la restriction des libertés et surtout le basculement d'une partie de la jeune génération en faveur de cette nouvelle idéologie qui promettait de sortir l'Allemagne de la décadence. “Une Allemagne puissante renaîtrait, en échange de leur acquiescement et peut-être à condition qu'ils ferment les yeux sur les actes du nouveau régime qu'ils n'approuvaient pas totalement.”

- du fait que le prestige de l'armée et des valeurs militaires restaient intacts en Allemagne, valeurs sur laquelle Hitler s'est appuyé.

- de la fracture idéologique d'une société : Nazisme / Protestantisme ou l'opposition de deux religions : “tu crois au salut par le sang du Christ et je crois au salut par ce sang noble qui coule dans les veines de tous les Aryens”. Conséquence : remplacement du crucifix par le portrait du Fuhrer

- de la montée en puissance d'Hitler : une centralisation des pouvoirs de plus en plus forte

- de l'annihilation de la résistance de l'Eglise protestante : Les Eglises sont unifiées, l'evêque sera désormais nommé (campagne interdite pour le candidat non gouvernemental, bulletin de vote truqué).

- Des tragiques erreurs d'appréciation qui ont égaré l'opinion allemande, et en particulier les autorités religieuses : au départ les Eglises ne se sentent pas concernées par HItler, insistant sur la distinction séculaire des deux royaumes. Durant plusieurs années, elles se sont méprises sur la nature et les objectifs du nouveau régime qui souhaitait la suppression de l'autonomie de la société civile et des corps intermédiaires, dont les Eglises, au profit d'un Etat tentaculaire.
Ce que j'en ai pensé

J'ai été totalement passionnée par ce livre, d'un bout à l'autre, malgré quelques longueurs à certains endroits. C'est un “essai romancé qui profite du récit de la vie d'un homme, sous le pseudonyme de Karl Hoffmann, en Allemagne dans les années 1930, pour analyser la montée du nazisme, ses racines historiques et intellectuelles. Mais il le fait à travers la politique hitlérienne vis-à-vis des Eglises protestantes. J'y ai énormément appris, non seulement sur l'histoire de l'Allemagne mais surtout sur la psychologie, la culture, l'état d'esprit des Allemands dans l'entre-deux-guerres. Ce qui est essentiel car cela explique en grande partie le succès d'Hitler et le déclenchement de la Seconde guerre mondiale.

L'angle de vue religieux est donc très intéressant et très peu connu, y compris pour des laïcs. Puisque comme le dit très bien Karl, le nazisme a été la tentative de remplacer une religion (le protestantisme, 98% des Allemands de l'époque) par une autre (le culte à Hitler, à l'Allemagne militaire, etc.). “Le problème du nazisme c'est qu'il ne se développe plus désormais en tant que puissance politique ; c'est en train de devenir une religion. Et ils ne tolèreront aucune religion rivale.”

Deux points m'ont cependant gêné, et ils étaient en cela bien expliqués dans la postface de mon édition :

Tout d'abord, la tendance à la surestimation, dans le roman, de la résistance à Hitler, y compris au sein des Eglises. A le lire, on a l'impression que tous les protestants ont fait bloc (ce qui aurait signifié d'ailleurs la population entière …). Mais il faut penser que le roman a été publié en 1942 et donc que le protagoniste n'avait pas de recul sur les choses, ni idée de l'ampleur de phénomène de résistance en Allemagne. Il ne pouvait juger que par rapport à ceux qui l'entouraient et aux événements de sa région. En réalité, les Eglises ont eu beaucoup d'atermoiements pour ne pas placer les fidèles dans un dilemme entre la loyauté confessionnelle et la loyauté nationale => elles étaient donc plutôt dans une attitude de non-alignement.

Ensuite, et c'est expliqué à la fin, ce qui m'a beaucoup déçue : certes c'est une histoire vraie, mais la chronologie et les événements de la vie de Karl n'ont que peu de rapport dans le détail avec la vie du vrai Karl Hoffmann (Léopold Bernard)

Cependant, cela reste un roman captivant sur l'ascension implacable du nazisme vue par un résistant. Kressman Taylor a réussi le tour de force d'en faire une réflexion passionnante sur les faiblesses des hommes, le “génie” d'Hilter, tout en mettant en scène des personnages forts représentatifs de la société allemande de l'époque. Il reste tout de même remarquable qu'une Américaine ait pu, en 1942, se livrer à un tel réquisitoire.

Un grand “roman” ? “essai” ? “document”? Un peu tout à la fois. A découvrir dans tous les cas.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Kressmann Taylor nous raconte l'histoire de Karl Hoffmann, c'est un nom d'emprunt, telle qu'il lui a racontée en 1940, sous protection du FBI, dans sa volonté de témoigner des agissements des nazis envers l'Eglise. Karl étudiait la théologie à Berlin et a subi les pressions des nazis comme tous les théologiens, pasteurs et prêtres afin de se soumettre à une religion d'Etat, le seul Dieu possible étant Hitler. Ce livre est édifiant par sa clarté, la description lente, la manière dont il relate la manipulation et le piège qui se referme sur les insoumis. "Karl" a pu s'évader à temps vers les USA pour ce témoignage. Mais aux USA, plus surprenant, il sera aussi confronté à des allemands favorables à Hitler et risquera d'être renvoyé en Allemagne qui traque les fugitifs.
Le livre est complété par un témoignage du fils de Kressmann Taylor qui a rencontré aux USA plus tard "Karl" alors que sa mère avait regretté avant de mourir de'avoir perdu le contact avec lui. Poignant.
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Ce livre est un récit autobiographique d'un jeune pasteur,Karl Hoffmann, étudiant en théologie et fils de pasteur, qui fuit en Amérique pour échapper aux nazis.

Le lecteur apprend que les nazis tentent d'utiliser l'Eglise luthérienne comme outil de propagande. Mais ils vont se heurter à une résistance secrète, notamment de la part de Karl Hoffmann.
Au fil des pages, le lecteur assiste à la montée du nazisme en Allemagne et qui s'effectue même au sein de l'Eglise.
Karl Hoffmann nous fait partager ses activités de résistance dans la paroisse de son père mais aussi dans la faculté de théologie que les nazis ont investi pour enseigner leur idéologie.

Un roman captivant qui éclaire une autre facette de la résistance allemande à travers l'Eglise protestante. Une belle leçon de courage et d'engagement de la part de certains intellectuels et religieux allemands face au désastre annoncé.

Ce livre explique également le mécanisme insidieux et implacable qui a plongé le peuple allemand dans la tyrannie nazie: d'intimidations quotidiennes en petits renoncements.

Petit bémol: ce roman manque quelque peu d'objectivité mais qui reste passionnant du point de vue historique.

Enfin, la postface de l'historienne Brigitte Krulic, indique que les faits relatés s'inscrivent parfaitement dans la chronologie de l'Histoire: ce qui donne une autre dimension au livre.

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Sous forme de roman, une histoire vraie d'un pasteur allemand qui tenta de résister à l'idéologie nazie qui voulut utiliser l'église luthérienne pour sa propagande. Belle oeuvre sur une résistance qui disposait de moyens infimes face à une machine de destruction systématique de tout ce qui pouvait lui paraître aller à l'encontre de son action. Ecriture tout à fait porteuse de ce contexte dans lequel la montée inexorable du nazisme rencontre une opposition intellectuelle qui ne reniait pas ses convictions.
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Lentement, jour après jour les portes des uns se ferment alors que celles des autres s'ouvrent.

Patience et longueur de temps vont laisser s'installer le loup dans la bergerie.

Culte pour les uns, croyance pour les autres et dérives en eucharistie pour tous.

Terreur et pleurs vont s'instaurer en nouveaux psaumes, jusqu'à cette croix qui, sans cesse, sera portée puis transmise et, une fois de plus sauvée.

Texte aussi bien romanesque qu'historique et biographique à découvrir dans un style plein d'une richesse propre à une femme de combat telle que l'auteure.
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Ce livre évoque l'histoire vraie d'un jeune pasteur allemand, Karl Hoffmann, au moment de la montée du nazisme en Allemagne. Ce livre montre comment ce parti politique va essayer de s'emparer de l'Église luthérienne allemande. Mais c'est grâce à des gens comme ce jeune pasteur, qui refusent cette manipulation, que l'Église va réussir à garder ses convictions coûte que coûte. Ce livre est très intéressant, car en plus de montrer que des Allemands ont résisté à un pouvoir qui employait la force, au risque de leur vie, c'est également une réflexion sur la concurrence entre
deux “dieux” : celui des Chrétiens et des Protestants, mais aussi ceux que se forgent les hommes (notamment Hitler ici qui est déifié par le peuple). Livre rare et original qui a le mérite de ne jamais tomber dans le pathétique!!!
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Extrêmement connue pour son "Inconnu à cette adresse", Kressmann Taylor a écrit un autre livre, "Jour sans retour", plus long, celui-là, et dont on parle trop peu.
Ce livre raconte l'histoire dans les années 30 de Karl, un jeune étudiant en théologie allemand, fils de pasteur, protestant, donc a priori épargné par la fureur anti-juive du IIIè reich. On y découvre la fulgurante de l'instauration du régime nazi, qui dès le départ, s'est infiltré dans toutes les strates du pays pour y faire régner son ordre. Au commencement, il s'agit de convaincre, par un tralala rutilant de démonstration de pouvoir, force costume, force logo (la croix gammée) et des tartines de discours vengeur sur musique pétaradante et iconographie glorioleuse. Y compris dans les plus grandes universités allemandes où régnait le débat, l'échange, la célébration de la pensée. Y compris dans la chrétienté, que ce soit chez les protestants ou chez les catholiques, où l'adoration d'un dieu unique et barbu là-haut dans les cieux avec sa toge blanche fut soudain tournée en ridicule, jugée passéiste, puis vilipendée parce qu'elle osait se parer de misérabilisme et faire concurrence aux dieux guerriers nazis et leur glorieux prophète Adolph.
Certains marchent au truc, ça sonne si bien, l'orateur est impressionnant, le pas de l'oie résonne, les costumes sont beaux, on adhère, on y est… Mais j'ignorais à quel point cette période de séduction a duré peu de temps. A la question "comment le peuple allemand a-t-il pu sombrer dans cette violence cauchemardesque ?", Katherine Kressmann Taylor répond : le peuple allemand n'a eu le choix que quelques instants. Sitôt une partie du peuple conquise, du cantonnier au grand bourgeois en passant par les notables, la machine s'est mise à accélérer pour le voyage sans retour, comme dit le titre du livre. le fils de pasteur, Karl, constate effaré que dès qu'on lève le plus petit doigt pour afficher un certain désaccord avec des "vérités" que soudain on nous assène, on est écrasé, réduit au silence, puis menacé, et enfin, comme son père qui refuse que son église et son culte soient dénaturés par l'imagerie nazi, envoyé en camp. Dès le début des années 30. Dans ces camps de "rééducation" et de travail, on fait plier les volontés, on écrabouille les personnalités, on affame, on humilie, on punit sévèrement toute rébellion, et ce sont des hommes détruits qui reviennent au foyer. Quant aux femmes, finie la rigolade de faire des études ou de s'affirmer, elles doivent repeupler le pays de beaux enfants blonds et vigoureux, faire autant d'enfants que possible, et par ailleurs, obéir à leur mari.
Ce qui est impressionnant, c'est la vitesse avec laquelle cette dictature s'est infiltrée partout. Finie la séduction, c'est la force et la peur qui règnent. En un claquement de doigt, le monstre était là, partout, tout le temps, comme si le joli flacon ouvragé contenait de l'acide, qui une fois le bouchon sauté, s'est répandu dans la moindre faille pour ronger toute la société. Prévoir que le petit caporal très doué pour enflammer les foules par ses discours revanchards allait peut-être conquérir plus de monde que prévu, c'était possible. Mais qui aurait pu prévoir à quel point les nazis avaient un cahier des charges extrêmement carré qu'ils ont appliqué d'une main de fer, à peine avaient-ils glissé un doigt de pied dans le gouvernement officiel, sans laisser respirer personne, et qu'ils iraient jusqu'au bout de leur démence ?
Il y a eu des partisans, des séduits, des amoureux des passionnés des hystériques du régime nazi, parmi ce fameux peuple. Mais il devait aussi y avoir une pelletée de gens indifférents, qui ne faisaient pas attention, qui vivotaient dans une Allemagne libre mais en crise, au jour le jour. Et qui, s'ils ont froncé les sourcils en étant témoins d'une violence de rue, s'ils ont actionné leur réflexion à propos de choses acceptables et d'autres moins, l'ont fait trop tard. le choix, ils ne l'avaient plus. Réfléchir devenait une activité dangereuse. Sans parler de ceux à la réflexion un peu plus vive, s'opposant franchement, mais sans imaginer une seconde que ce sport leur était désormais interdit et qu'ils risquaient leur vie, tout simplement, à le pratiquer. Est-ce que la phase de séduction a duré une semaine, un mois ? A lire ce livre, on a l'impression qu'en quelques jours, c'était bouclé. C'est en tous cas un document exceptionnel sur les procédés d'une dictature à prendre tout un pays dans un étau à une vitesse inouïe. Ce pan de l'histoire, je ne sais pas si on l'étudie en Allemagne, mais en France, c'est une zone totalement inconnue. Ce livre devrait être lu par tous ceux qui ont le droit de vote. C'est très impressionnant. Si on y joint le très court et percutant "Inconnu à cette adresse", on a tout en main. Et on peut mieux se méfier de tous ces êtres petits et aigris, cultivant la haine, et prêts à toutes les outrances pour se faire élire parce qu'ils sont persuadés de détenir LA vérité qui sauvera le pays...
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La vie d'un pasteur allemand au coeur de l'Allemagne lors de la montée du nazisme : glaçant et très instructif mais ardu !
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Je conseille. Se lit comme un puissant témoignage dans une Allemagne d'avant-guerre gangrénée par l'appareil nazi. J'ai beaucoup appris. Roman ou essai, un bon moment de lecture.
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Très beau livre sur une page peu connue de l'Histoire (pour ma part) : parcours d'un futur pasteur qui raconte les changements politiques en Allemagne entre 1931 et 1938, année de de sa fuite aux Etats-Unis. le narrateur raconte comment petit à petit le nazisme a touché l'Université (qui avait un système et un pouvoir très particuliers à l'époque) puis l'Eglise et la société entière. le lecteur découvre les rouages de cette mécanique qui a d'abord touché le peuple allemand et la religion dès les années 30 avant de s'attaquer au monde entier. Un sujet original qui en fait un très bon livre malgré quelques longueurs.
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