Dans un crayonné rageur et vibrionnant, les détails se dissolvent, les traits se liquéfient, les silhouettes deviennent anguleuses. Les visages ne sont pas beaux. Ils ne sont plus que ce que la mémoire en restitue : un halo de contours et de saillies. La précision des souvenirs se délaie avec le temps. Pas de nostalgie de l'enfance dans ce récit qui suinte la tendresse et l'empathie. La pudeur d'un dialogue parcimonieux s'efface devant la seule perception du lecteur.
Les superbes couleurs d'aquarelle débordent de leurs cadres contraignants en tâches pigmentées. C'est une émotion brute que cherche à transmettre Vincent Bailly.
La corpulence virile et musclée
D Hubert tranche avec la fragilité filiforme de Barbara. Tout semble séparer ces 2 êtres. L'aspect éruptif de son géniteur s'oppose au côté mutique et réservé de Barbara. Ne serait-ce pas les symptômes de la même incapacité à exprimer leurs sentiments ?
Entre absence et alcoolisme, un temps affublé de vêtements rouge sang et d'un visage maléfique de croquemitaine, Hubert Pellerin opère une mue notable en gentil senior retraité en cours de récit.
Car si la violence est consubstantielle à la boxe, cette impétuosité n'est que canalisée par ce sport. Hubert est fondamentalement dépressif et instable. Barbara le sait pour l'absoudre immédiatement : son géniteur n'était-il pas le rejeton d'une famille trop nombreuse qui l'avait contraint à lutter pour exister ?
Ces 2 êtres s'aiment. À défaut de se l'être avoué, la mort
D Hubert permet de le proclamer.
Superbe oeuvre collective.