Après dix ans d’absence, le Faust de Gounod revient sur la scène de l’Opéra de Paris. Une musique légère, plus proche d’Offenbach que de la méditation de Goethe, et qui sait languir et charmer, accompagne la grave tendresse du dialogue amoureux et nous fait aimer les amours de Faust et de Marguerite. Les mélomanes en apprécieront la magie surannée. Mais tout le monde sera sensible à cette éternelle et actuelle question : comment une femme peut-elle triompher de Don Juan ?
Autant l’infidélité stimule l’homme tout en le culpabilisant un peu, autant elle culpabilise la femme tout en la stimulant… un peu. Dans ces conditions, pouvoir confier à son mari le surplus de joies ou même d’ennuis que procure un amant, c’est se donner le feu vert et se décharger du lourd fardeau de la faute qu’une femme souffre de porter alors qu’un homme se flatte de le transgresser.
La vie sociale offre de multiples occasions à un homme d’entrer en contact avec la passion d’un autre homme, sans avoir nécessairement besoin des amants transparents de son épouse. Par ailleurs, rapporter à la maison ses aventures amoureuses oblige le sexe « fort » soit à avouer des fiascos (quelle humiliation !), soit à accumuler à tout prix de brillantes performances (quelle fatigue !). Mais dans les deux cas, ces trophées déposés devant l’autel conjugal privent l’aventurier de son image de franc-tireur et lui donnent le triste sentiment de « travailler »… pour le plaisir de sa femme, davantage que pour le sien propre.