Le livre du rire et de l'oubli est un recueil de nouvelles. Je ne voudrais pas contredire son auteur,
Milan Kundera, mais je n'y arrive pas. Il insistait pour prétendre le contraire, stipulant qu'il s'agissait d'un « roman en forme de variations », c'est une façon de voir la chose, mais je n'y adhère pas. Oui, les thèmes se mêlent et s'entremêlent, donnant parfois l'impression évanescente d'une certaine unité ou continuité, surtout que la plupart des histoires se déroulent autour de Prague, quelque part après l'instauration du communisme mais… Il y a ce mais, qui provient de mon esprit trop cartésien pour suivre l'auteur dans son emballement.
Quelques unes de ces histoires m'ont beaucoup plu. La première, celle de Mirek qui cherche à récupérer chez son ancienne maitresse des documents compromettants (je rappelle qu'on est au début de l'ère communisme, les intellectuels sont activement surveillés, toute critique du régime est sévèrement réprimée) me semblait particulièrement réussie, surtout avec son dénouement inattendu. Quant à la suivante, celle de Marketa, Karel et sa mère, si elle n'était pas enlevante, elle était tout de même intriguante. J'avais gardé un bon souvenir de la seule autre oeuvre que j'avais lue de cet auteur,
L'insoutenable légèreté de l'être. Ça remontait à assez loin, mais j'étais très emballé à l'idée de redécouvrir sa plume (évocatrice, incisive, un brin humoristique quand on considère qu'il attaque avec l'absurde) et les premières nouvelles m'ont répondu positivement à mon attente.
Puis les choses se sont gâtées. Cette histoire des deux américaines qui commentent Rhinocéros… bof. Mon intérêt s'est ravivé (légèrement) avec celle de Tamina puis après je n'ai plus rien compris. Il me semblait que le livre devenait un essai, où il est question de musique, de poètes et d'écrivains morts, de considérations sur la philosophie et la littérature (sa théorie du litost, quand je lis avant de me coucher, pas évident !). J'ai trouvé que c'était long, dense et ennyeux. Puis, on nous ramène à Tamina mais aussi sur la politique, ce fameux dirigeant communiste Gottwald, mais c'était trop tard : l'intérêt n'y était plus,
Kundera m'avait déjà perdu. Puis, j'ai rêvé ou le tout finissait en un voyage fantastique sur une ile peuplée d'enfants cruels ?
Comme beaucoup de recueils de nouvelles, il me semblait que
le livre du rire et de l'oubli était inégal. Ça n'enlève rien à la portée ou à l'importance de l'oeuvre mais, dans tous les cas, ça m'en a éloigné. Il est vrai qu'elle aborde et soulève des thèmes marquants (et délirants !), des thèmes qui m'interpèllent. L'exil et la nostalgie réussissent toujours à m'accrocher et me retourner. Toutefois, j'avais l'impression que ça allait dans tous les sens. Si les liens, les variations dont parlait
Kundera étaient bien présents, permettaient-ils d'établir une trame narrative continue ? J'en doute. Je termine ce livre encore profondément mystifié…