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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Indonésie. Asie du sud Est. le plus grand archipel du monde. le quatrième pays le plus peuplé au monde. le premier pays à majorité musulmane au monde. Moluques, Sumatra, Bornéo, Bali, Java...plus de 13 000 îles. Leur géographie, l'histoire de leur colonisation, de leur occupation, de leur indépendance a façonné leurs visages. Complexité ethnique, culturelle, spirituelle, linguistique.. Et pourtant nous en savons, ici, que très peu…
Cela commence comme un conte, une légende…C'est l'heure où les morts sortent de leur tombeau..
Les âmes reviennent. Les fantômes du passé ressurgissent, hantent le présent. Rien n'est direct chez Eka Kurniawan. Tout est en filigrane, mais on comprend la filiation de la malédiction. L'origine du mal. On peut effectivement lire les belles de Halimunda comme un conte, en méconnaissant l'histoire indonésienne...mais quel dommage cela serait de se soustraire à l'intelligence de ce récit.
A travers cette saga familiale, où l'étrange, le merveilleux, l'onirisme du récit porte et fait naître la réalité de l‘Histoire, l'auteur nous nous plonge dans l'histoire contemporaine indonésienne  et nous la fait entendre: de l'époque coloniale sous le pouvoir des hollandais à l'invasion japonaise aux camps où les Hollandais étaient enfermés, à la lutte pour l'indépendance, à l'arrivée des communistes et de leurs massacres en 1965 par l'armée de Soeharto.
Sans aucun doute pour comprendre l'Indonésie d'aujourd'hui il faut lire Aka Kurniawan, mais également Pramoedya Ananta Toer, auteur qui me tarde également de découvrir.
Les belles de Halimunda, un roman épique, étonnant, et qui nous ouvre les portes de l'âme indonésienne.

Astrid Shriqui Garain
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Halimunda est une ville imaginaire de la côte sud de Java, dont l'histoire est marquée par des femmes à la beauté fatale. Sans oublier le colonialisme, la Seconde Guerre mondiale, les révoltes populaires, les rivalités – masculines essentiellement – et une pincée d'onirisme qui remue la poussière et l'éclaire.

Le roman m'a paru être un arbre renversé : une multitude de branches, à la lecteurice de grimper, de se balancer et de sauter de l'une à l'autre pour remonter aux racines et, peut-être, comprendre. À l'occasion, on pourra trouver un endroit stable où se lover et se laisser bercer par la joliesse d'une péripétie ou d'un sentiment.

Aux premières pages de l'ouvrage, Dewi Ayu, la prostituée la plus célèbre de la ville, sort de sa tombe vingt et un an après sa mort et rentre chez elle, où elle trouve sur la véranda sa dernière-née : une jeune femme à la laideur extravagante. Son voeu avait donc été exaucé : la beauté de ses aînées ayant semblé n'apporter que catastrophes et tourments, Dewi Ayu s'était efforcée de rendre la quatrième la plus repoussante possible. Ce qui ne l'empêche pourtant pas de recevoir de curieuses visites nocturnes…

De phrase en phrase, le récit se forme, entre l'horreur et la beauté. La violence reste généralement calme, servie par une écriture déconcertante. le style est limpide et sobre, mais chargé d'une poésie qui déplace les émotions réflexes. On sourit face à l'horreur et frissonne devant la tendresse. Eka Kurniawan tisse un long conte où figures légendaires et réalisme historique s'alimentent et, doucement, redéfinit les amours.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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C'est un livre que l'on a du mal à lâcher car il nous entraîne dans un enchaînement de filiations souvent incestueuses sur 5 générations. C'est un livre qui m'a intéressé à titre documentaire car il m'a renseigné sur l'histoire de l'Indonésie depuis la présence coloniale néerlandaise jusqu'à nos jours, en passant par la seconde guerre mondiale, la lutte pour l'indépendance, la dictature et la répression des communistes.
Mais ce qui m'a le plus attiré dans ce roman c'est son approche littéraire surprenante : mélange de réalisme trivial et de surnaturel, alternance de passages qui s'attachent aux sentiments et de passages très crus, façon très distanciée de décrire à la fois les motivations des personnages et la vie corporelle, que ce soit dans les scènes de violence ou dans les scènes d'amour, façon de ne pas juger les personnages dans leurs attitudes souvent immorales ou violemment néfastes. Malgré cette distanciation, on finit par s'attacher aux personnages contrastés que nous côtoyons au long de ces 600 pages.
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J'ai découvert Eka Kurniawan, jeune romancier indonésien lorsque Sabine Wespieser avait publié L'Homme-tigre, publication qui avait eu lieu lors de la rentrée littéraire été-automne 2015. Je l'avais lu de mon côté en 2016, si je me réfère à une chronique courte publiée à l'époque sur Babelio. J'avais trouvé ce roman intéressant par sa structure narrative mais j'avais émis quelques réserves. Je n'avais pas réussi à m'attacher au destin des personnages et j'avais trouvé trop de répétitions dans les événements qui nous étaient racontés plusieurs fois. Ce roman avait été traduit par Étienne Naveau, enseignant-chercheur à l'Inalco, spécialiste de la langue indonésienne et de la culture, de l'Histoire de cet archipel. Ce livre fut publié grâce au soutien du CNL. Il faisait moins de 300 pages.

Avec Les belles de Halimunda, publié lors de la rentrée littéraire été-automne 2017, Sabine Wespieser mettait en lumière le premier roman de l'écrivain qui est admirateur en particulier du grand auteur indonésien Praomedya Ananta Toer dont le Buru Quartet traduit depuis l'indonésien a été publié intégralement en 2017 et 2018 par les éditions Zulma qui le rééditent d'ailleurs progressivement en poche. Ce premier roman de Kurniawan est d'une grande densité narrative et c'est surtout un pavé de plus de 600 pages. Il a été également traduit par Étienne Naveau et publié grâce au CNL et au concours de LitRl qui est un programme du Centre national du livre et du ministère de l'Éducation et de la Culture de la République d'Indonésie. Je rappelle que pour ses écrits et ses opinions, Praomedya Ananta Toer fut enfermé longtemps au bagne de Buru, lieu que l'on retrouve dans Les belles de Halimunda à un moment donné. Dans ce livre, nous retrouvons des thématiques qui tiennent à coeur visiblement à Eka Kurniawan. Ces dernières sont la vengeance, la condition féminine, les relations familiales troublées, la violence ainsi qu'une part de « réalisme magique ». Ses romans se passent au XXe-XXIe siècles ou comme ici traversent une grande partie de l'Histoire de l'archipel indonésien tout en y mêlant des légendes.

J'ai été totalement envouté par cette histoire terrifiante d'une génération de femmes maudites en amour notamment, de femmes qui doivent lutter pour survivre, en commençant par Dewi Ayu, la prostituée la plus célèbre de la ville qui sort de sa tombe au début du roman. La construction narrative de ce roman est extrêmement brillante, ce n'est pas linéaire et il faut bien sûr s'accrocher pour nouer tous les fils narratifs. Nous passons souvent à l'histoire d'une des filles de Dewi Ayu au nombre de quatre à l'autre ainsi qu'à l'histoire par la suite de leur descendance. J'ai adoré découvrir la dure réalité de la colonisation néerlandaise puis de l'occupation japonaise et par la suite la chasse qui fut faite contre les communistes. Ce roman ne nous épargne rien en matière de violence : viols, massacres en particulier. Les animaux ne sont pas en reste parmi les victimes et cela m'a fait beaucoup de peine. C'est un magnifique roman sur la force qu'ont des femmes pour survivre dans des moments très troublés de leur vie ou pour résister aux hommes. C'est aussi un roman très sensuel, avec des scènes extrêmement torrides, remarquablement écrites. Les personnages de ce livre sont beaucoup plus attachants que ceux de L'Homme-tigre, même ceux qui sont plus violents, c'est-à-dire les époux de deux des filles, en particulier Mamane Gendeng et le fascinant Shodancho. Kliwon est un personnage pour lequel on entre en empathie. Les enfants ensuite de ces couples vivent également des choses terrifiantes, sont très perturbés, c'est le moins que l'on puisse dire. Ce livre n'est sans doute pas à mettre entre toutes les mains mais ceux qui aiment l'Histoire, les sagas familiales – un arbre généalogique en début de livre et qui est bien utile nous est proposé – ainsi que le « réalisme magique » cher à Garcia Marquez dont j'ai tenté de lire Cien años de soledad en langue espagnole directement, idée vite abandonnée vu la difficulté ne pourront que trouver ce roman passionnant. Il faudra que je lise le roman de « Gabo » en français.

En avril 2019, Sabine Wespieser éditera un troisième roman d'Eka Kurniawan et je le lirai bien évidemment. le titre est déjà tout un programme : La vengeance se paie cash. Ce roman sera « très réaliste et ultra-contemporain ». Là encore, les femmes auront un rôle important. Il y aura d'ailleurs à nouveau un personnage de prostituée. Je me réjouis que Sabine Wespieser publie cet écrivain asiatique extrêmement talentueux. Je souhaite que le partenariat avec Folio en poche puisse se poursuivre pour donner accès au plus grand nombre de lecteurs à ce romancier.
Lien : http://passionlectures.over-..
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C'était mon livre de l'été! Je le conseille pour découvrir une partie de l'histoire d'Indonésie et pour se laisser porter par l'histoire folle (et parfois fantastique)de femmes sur plusieurs générations. Si la taille du livre peut effrayer certain, il se lit franchement bien.
Mon bémol peut-être, j'avoue que j'ai eu besoin d'écouter une interview de l'auteur pour comprendre quelques subtilités de l'histoire mais malgré cela ça reste un bel ouvrage très bien traduit!
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Sabine Wespieser éditeur vient de publier le premier roman de l'écrivain indonésien Eka Kurniawan, Les belles de Halimunda. Paru en 2002 dans sa langue originale, c'est un véritable coup de maître. Plus de 630 pages pour raconter l'histoire d'une famille qui court à sa perte après la faute originelle de l'aïeul. Ce colon hollandais, pour agrémenter la fin de sa vie, soumet une jeune fille autochtone et détruit ainsi l'histoire d'amour qu'elle vivait avec un autre homme.

C'est le début de l'histoire, et pourtant le roman commence de toute autre façon : une ancienne prostituée, Dewi Ayu, sort de sa tombe vingt et un ans après sa mort pour une raison que l'on n'apprendra qu'à la fin de l'épais volume. Grâce à de subtils retours en arrière, Eka Kurniawan met en haleine son lecteur qui, courant à la recherche des antécédents des personnages, ne voit plus défiler les pages ! L'écrivain indonésien est aussi un maître dans l'évocation du sordide, s'approchant ainsi d'un Céline lorsqu'il évoque des meurtres ou des viols qui ont aussi un substrat politique dans la mesure où ils découlent de la lutte livrée pour le pouvoir dans la ville de Halimunda. Ce gros roman nous fait ainsi traverser les heures troubles de l'Indonésie, de la fin de la colonisation au massacre de milliers de communistes en 1965 en passant par l'occupation japonaise.
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Les Chiens de Halimunda

Les chiens élevés par les Néerlandais déchirent les autochtones.
Le chef militaire reprend leur élevage pour libérer la ville des sangliers.
Ce sont les chiens qui poursuivent l'héroïne sur la plage.
La princesse ayant voué de se marier avec le premier homme qu'elle verrait, se maria avec un chien.
À Halimunda, on jettera des cadavres aux chiens, on se dissimulera en chien, on massacrera les chiens , les chiens tueront des hommes.

Qui sont-ils, ces chiens?
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Critères de notation /5
Style : 1
Histoire (originalité, intrigue, suspens) : 1
Personnages : 1
Documentation : 1
Fin : 1
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La destinée des filles de Dewi Ayu, prostituée revenue à la vie 20 ans après sa mort.
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