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sur 225 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« L'homme ivre me paie son plein et sa bière, en marmonnant je ne sais quoi. Je l'observe partir. Via les écrans de vidéosurveillance : sa démarche de flamant rose claudicant. Chuintement des portes automatiques. Il zigzague jusqu'à sa voiture, qui se trouve à la pompe n°5.

Le chiffre 5, en Chine, c'est le chiffre du Wu, du rien, du vide. À l'origine et à la fin de toute chose. C'est le chiffre du non-agir, du non-être, du pompiste. »

Alexandre Labruffe a exercé le métier de pompiste dans une station service en région parisienne pendant plusieurs mois. Dans ce récit, il livre comme dans un journal de bord sous la forme de courtes entrées ses observations et ses pensées.

Véritable lieu de passage, sa station service le fait osciller entre des clients qui ne le voient même pas et des rencontres improbables, déroutantes. Cela ira de clients mystérieux venant déposer au nom de quelqu'un un livre avec des pages cornées et des mots surlignés à une rencontre amoureuse étonnante. Sans oublier bien sûr les habitués, équivalents de piliers de comptoir refaisant le monde à coup d'affirmations péremptoires.

C'est aussi le théâtre de ses observations, de ses pensées, de ses rêveries voire de ses délires. Les films de série B qu'il projette sur la télé de la station viennent parfois rejoindre la réalité et la rendre encore plus confuse. Y-a-t-il vraiment du mouvement dans la maison abandonnée d'en face ? L'échange de livres dans sa station l'impliquerait-il dans un trafic qui le dépasse ?

Alexandre Labruffe signe là un récit original et inventif, plein d'imagination mais aussi véritable miroir du quotidien où l'ennui laisse place à la rêverie.
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J'ai découvert Alexandre Labruffe lors d'un entretien radiophonique au sujet de la sortie de son roman "un Hiver à Wuhan"où il a été rappelé la qualité de son premier ouvrage "Chroniques d'une station service".
Dans ce premier roman, il est question d'un pompiste Beauvoire (nom évocateur) officiant en périphérie de la région parisienne. Cette station au milieu de nulle part, semble à la fois hors du temps et au "carrefour du monde". L'auteur nous plonge dans les réflexions du narrateur philosophe au regard acéré, nous fait suivre un ballet quotidien de personnages variés, ordinaires ou loufoques, cotoyer des histoires d'amour ou de trafics. L'écriture est dépouillée, caustique, avec des chapitres courts qui rythme la vie de cette station. On ne s'ennuie pas en lisant ces chroniques, et l'on portera peut-être un autre regard sur les pompistes à l'avenir !
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travaillant dans une station service, où il s'ennuie souvent, l'auteur observe ses clients, les faits dans sa station, le monde, les relations sentimentales de ses proches, ses propres lâchetés, et tient une sorte de journal. Parfois une phrase, parfois deux pages. Certains faits restent mystérieux ( pourquoi des clients se passent des romans avec des phrases soulignées), d'autres évoluent ( par exemple sa relation avec une cliente asiatique dont il tombe amoureux). Mais son regard reste lucide, plein d'humour et il y a quelque chose de poétique dans la manière dont il relie le lieu à ses états d'âme. Il se moque des autres mais surtout de lui-même. On se dit avec cette lecture que la station-service est effectivement un lieu représentatif de notre époque
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Une lecture de laquelle on sort avec le sourire.
On plonge dans la tête d'un narrateur pompiste qui préfère ses rêveries/réflexions philosophiques au réel qui l'ennui. C'est drôle, cocasse et grotesque mais plus profond que ça en a l'air. Je me suis éclaté à lire ce court roman.
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Amoureux des histoires sans histoires, ce livre est pour vous.
Il ne propose pas une aventure, une épopée ou même une intrigue romanesque. Il se contente de rendre compte, avec humour et finesse, de la vie dans une banale station-service et celle de son banal employé. Proche du flux de la conscience, nous entrons dans le quotidien de la pensée de ce pompiste qui entre contemplation cynique et rêverie absurde, nous propose sa vision du monde de l'autre côté du compteur d'où il est.
Pleine de références littéraires et de réflexions sur la société, cette lecture n'est pas pour autant futile. A chaque page elle propose d'évoquer un souvenir, une émotion ou une réflexion sur l'art, l'amour, la société, la politique ou n'importe que autre sujet à vrai dire...
Un roman court et drôle qui se lit avec facilité, allez-y sans trop hésiter.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Il y a quelques décennies, ce petit livre aurait pu être intitulé "Journal d'un pompiste" mais le narrateur, ici, se contente d'encaisser les sommes correspondant aux volumes de carburant que les clients ont eux-mêmes versés dans le réservoir de leur véhicule et le cas échéant aux boissons, bonbons, magazines érotiques, cartes routières... en vente dans la station. Il relate les événements le plus souvent minuscules qui surviennent dans sa boutique (sa "capsule"), sur le parking et aux alentours immédiats. Il nous fait part des réflexions qui lui viennent pendant ses parenthèses de temps libre, qui se situent à une altitude largement supérieure à celle des brèves de comptoir standard : par exemple celle-ci, attribuée par lui à Baudrillard : "Tout le monde demande le plein. Mais personne n'a jamais demandé le vide." Il joue aux dames avec un ami qui lui rend visite régulièrement, installe sur un espace inoccupé de son local des mini expos photo que son patron, lors de sa tournée hebdomadaire, lui demande d'enlever illico, participe de temps à autre aux conversations des clients qui s'incrustent, échafaude des scénarios à propos de ceux, insolites, qui ne font que passer. Et comme la vie ne se résume pas à une distribution d'hydrocarbures, il raconte aussi des fragments de son existence hors de la station, entre autres sa relation avec Seiza, une Japonaise qui n'est d'abord qu'une cliente (cycliste) venant ponctuellement acheter un paquet de chips tous les mardis avant qu'il puisse découvrir qu'elle prend des cours d'hojōjutsu et qu'elle cuisine à merveille les plats typiques de son pays.
Ce livre, d'ailleurs, fait par moments penser à un recueil de haikus.
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Personnellement, j'adore ces livres qui partent d'un lieu commun et qui permettent de déployer plusieurs textes (une occasion de vous reparler de L'Odeur de chlore, où la même chose se produit avec une piscine).
J'avais donc beaucoup d'espoir pour cet ouvrage. Je n'ai pas été déçue, par les premières pages du moins. le narrateur raconte des petites scènes de la vie de tous les jours, remarque des détails impromptus, comme cet homme en soutane qui porte des rangers. J'ai trouvé ce personnage très intéressant, il avait l'air aussi paumé que lucide, réfléchissant au sens du monde et de sa vie. Qui suis-je ? Voire que suis-je ? Quelle utilité, rôle, ai-je dans ce monde ? D'ailleurs ce monde, parlons-en. Où va-t-il ? Dans quelle société vit-on ?

Ce vendeur d'or noir aborde aussi des questions écologiques, en posant des questions sur notre façon de vivre, notre modèle de société. Il parle de sa station-service, de ce que représente ce lieu pour les gens ou pour la société. Au niveau du style, j'ai trouvé qu'il y avait une vraie singularité, une vraie proposition,c ‘est ce que je recherche aussi dans mes lectures.

Mais (vous l'aviez vu venir), j'ai été révulsé par la manière dont sont traités les personnages féminins, quasiment inexistants. Systématiquement décrits via leur physique ou par leur lien avec un homme. Jamais de la manière des personnages masculins. Ca m'a vraiment gênée, je n'ai plus la patience en fait, tout simplement. Je suis las de lire des livres où les femmes n'ont pas le même traitement que les hommes. Sur ce point je n'ai pas trouvé le recul du narrateur, présent sur d'autres sujets.

Je suis donc déçue par cette lecture qui est passée à quelques mots de ce que je recherche en littérature.
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La structure du texte avec de petits chapitres très courts, quelquefois constitués d'une seule phrase peut freiner au premier abord mais ce découpage n'a aucun impact sur la lecture. Cela crée un ensemble au style fluide. A hauteur de comptoir de station service, de petits enjeux narratifs si bien menés qu'on prend beaucoup de plaisir à suivre le protagoniste.
Humour garanti.
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C'est un premier roman très attachant.
Le récit est, comme indiqué dans le titre, une chronique des petits événements de tous les jours qui arrivent au narrateur dans son cercle de travail : une station-service de la région parisienne.
Le livre est écrit en brefs petits chapitres (près de 200) certains de quelques mots seulement. Comme des pensées, des réflexion, des haïkus. Si ça semble un peu foutraque, c'est plus élaboré qu'il n'y paraît. le style est enlevé, sympathique, ironique, à l'image de notre héros qui répond au nom de Beauvoire.
Il nous raconte les clients, ses amis, sa soeur, son beauf, ses amours, toute sa vie . Ça pourrait être lassant mais c'est vif, drôle, lunaire et poétique, farfelu et déjanté, comme Beauvoire qui a une bonne dose de psychologie, de philosophie et d'humour … et il en faut dans cet environnement qu'on devine pas très folichon.
Tout au long de ses heures interminables de service, notre héros veut tromper son ennui ; il observe donc ses semblables avec beaucoup de tendresse et d'empathie, il regarde en boucle Mad Max sur l'écran de la station service, il joue aux dames, il écoute meugler une vache dans le silence de la nuit, il essaie de comprendre la vie.
Car ces chroniques racontent plus que les péripéties de Beauvoire : on y croise un monde en déliquescence et pourtant plein de promesses et de beauté.
« Bien que située en périphérie urbaine, entre un hôtel et un HLM à l'abandon, ma station-service est au centre du monde ; Lieu de ravitaillement, de passage, de transit ; Début ou fin de route : je suis à la croisée des chemins (à l'orée de possibles) que j'observe, la plupart du temps, avec la nonchalance d'un zombie mélancolique. Parfois, avec le sérieux d'un anthropologue hypocondriaque. »

Un bonheur de lecture.





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Le protagoniste de ce très court roman est pompiste dans une station service de la banlieue parisienne.
Il passe son temps à regarder en boucle des films, il se fait l'observateur des gens qui passent furtivement dans sa station, le temps de faire le plein d'essence, de boire un café ou d'acheter du soda allégé et des chips grasses et outrageusement salées.
Il organise régulièrement des expos photos en douce de son patron, il joue aux dames avec un ami ou tente de séduire une mystérieuse femme japonaise.
Il a la « nonchalance d'un zombie mélancolique », comme il le dit lui-même et ses réflexions sur les gens, la vie, la société de consommation, la ville, l'amour, le cinéma et bien d'autres choses encore sont un régal à lire, tantôt drôles, tantôt philosophiques, tantôt absurdes ou incompréhensibles, tantôt profondes, cyniques ou hilarantes, mais souvent justes.
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