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3,49

sur 226 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le sous-titre aurait pu être "brèves de pompe” ! Pompiste à Pantin le narrateur livre ses pensées banales, philosophiques, érotiques, décousues et humoristiques ; ses réflexions sur ceux qui passent et ne le voient pas, ceux qui se posent au comptoir pour refaire le monde.

Des habitués, des gens de passage, sa soeur et ses amis qui prennent la station pour un lieu d'expo à la mode. Il joue aux dames avec un ami, plonge dans les nanars de zombies et autres films noirs, rêve devant des jambes sur un vélo avec un paquet de chips... Des morceaux de vie d'un pompiste de nuit : la sienne et celle de ceux qui passent.

Lecture sympathique et reposante.

CHALLENGE RIQUIQUI 2020
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"Le chiffre 5 en Chine, c'est le chiffre du Wu, du rien, du vide. À L'origine et à la fin de toute chose. C'est le chiffre du non-agir, du non-être, du pompiste."

Je retrouve ces phrases courtes, tranchées, ces cris silencieux face à l'absurdité d'une époque vide de sens et emplie de consommation, consumation.
À défaut d'une indignation beuglée nait chez Labruffe un constat incisif. Constat brut et détonant d'une société carbonisée transportant vers un proche néant l'homme déjà fossilisé.
Délectable poésie apocalyptique, cerveau propulseur de réflexions, succession de pensées en injection, Labruffe est un turboréacteur, un avion de chasse ovni lancé en pleine vitesse sur la planète pour la stimuler.

"Tout le monde demande le plein. Mais personne n'a jamais demandé le vide"

Vacuité d'un système, zombis du quotidien perfusés au coca zero et chips aux oignons.
Quel pouvoir nous reste-t-il avant la poussée d'un troisième oeil ?
La post culture apocalyptique, dystopique nous à-elle-déjà imaginés en être demystifiés mais plastifiés ?
Précisément, nous sommes dans l'ère du néant, en panne d'essence.
Accessoirement, Labruffe invoque Baudrillard.
Concrètement, je me shoote , m'enfile des lignes de virtuosité et de maîtrise me menant aux confins d'une construction littéraire artistique des plus cinématographiques.

"Je me dis qu'une pensée est un feu d'artifice figé".
 
Labruffe en est l'artificier.
Réservoir inépuisable de traits d'esprit , il carbure à l'à propos et la substance première de ses élucubrations est un pur elixir d'essentialisme sous des airs flegmatiques.
De contemplations en imaginations, il nous offre un subtil roman distillant l'intelligence et l'humour corrosif, au même titre que" Wonder Landes" et " Un hiver à Wuhan", et ca vaut de l'or (noir).

Totalement addicte et momentanément désoeuvrée de ne plus pouvoir aller au ravitaillement ayant épuisé cette bibliographie.

"Je respire l'odeur humaine, aggravée de fleur morte et de pétrole, qui offense le jardin [Colette]"
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Plate-forme pétrolière en pleine mer de Pantin, la station-service s'avère être un point de ravitaillement pour tout voyageur en quête d'essence. "Parfois je regrette l'époque dorée du super et je me dis que le sans-plomb est à l'essence ce que le préservatif est au sexe". "Je fais le plein. C'est de l'ordinaire. Chose de plus en plus rare. Mais je sais où la trouver en France. (Je connais le secret de l'ordinaire)."
Il y a différents flux comme différents courants de pensée, mais il y a aussi ... le coca zéro (à quand la voiture qui tourne au coca ?), les chips, les barres chocolatées, les sandwichs industriels, et ... des langoustes, qui, bizarrement, se vendent dans cette station-service, point de ralliement pour tous ceux qui voyagent en banlieue parisienne à défaut d'être sur la route 66. le pétrole, l'or noir, ce flux des bas-fonds, se prête ici à la littérature urbaine et ... à la fulgurance poétique. Mais pour apprécier ce livre, il faut être comme le pompiste celui ou celle qui a le permis (80% des annonces l'exigent) et qui aime l'odeur de l'essence (100% des annonces l'oublient)
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En quête d'originalité et de romans légers mais intelligents pour la rentrée littéraire ? Sautez sur ces chroniques truculentes, pleines d'humour et d'humanité.

Grâce à son écriture fluide, ce petit roman, aux chapitres très courts (certains ne contiennent qu'une seule phrase), nous embarque immédiatement dans le quotidien de son héros pompiste, qui travaille de nuit dans une station-service de la banlieue parisienne. Au fil des pages, on s'attache sans s'en rendre compte à ce personnage distrait, tellement tête en l'air qu'il en devient parfois agaçant, mais plein de poésie. Son nom, que je vous laisse découvrir, lui va comme un gant ! Les références cinématographiques, littéraires et les jeux de mots s'enchaînent avec les clients pour notre plus grand plaisir. le thème de la fin du monde fait des apparitions régulières dans l'esprit du protagoniste, qui semble la guetter avec une "attente curieuse" : une apocalypse que l'on imagine pourquoi pas joyeuse ou farfelue, à l'image de ses rêveries intempestives.

J'ai trouvé le travail de l'auteur d'autant plus intéressant qu'il aborde l'air de rien et avec humour des idées sur l'écologie et la société de consommation. On peut même passer à côté, que le roman ne perd en rien son aspect déjanté, ses petites intrigues délicieuses ou banales, toujours inventives. En revanche, comme dans la vie, il ne faut pas s'attendre à un dénouement idéal ou parfaitement clair, une question notamment demeure en suspens, mais c'est ce qui rend cette histoire si crédible, tendrement moqueuse, à mi-chemin entre le fantasme et la réalité.

Cela donne presque envie de s'arrêter dans la prochaine station-service pour discuter avec le pompiste, tant qu'il en est encore temps, tant que l'automatisation n'a pas encore touché la profession. Dans cette vision élargie du quotidien, l'imagination du héros-narrateur nous invite à réinventer l'ordinaire.

Je vous conseille vivement ce roman ! C'est avec le sourire qu'on referme le livre d'Alexandre Labruffe.
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⛽️ « 131
Mon souffle coupé. Est-ce la cruelle Nipponne ? Que faire ? Retourner à la fête ? Faire demi tour ? Un tête-à-queue ? Il est trop tard.
131 bis
Comme dirait Camus : « Heureusement il est toujours trop tard. » »
(P.110)

⛽️ A quoi carburez-vous ? Aux Haribo acidulés, aux chips saveur barbecue, aux sandwiches sous vide ? Dans la station service du pompiste Beauvoire, pas de place pour l'ennui. En 189 chroniques, un lieu aussi banal et quasi insignifiant qu'une station service devient le théâtre de l'absurdité la plus totale, savamment orchestrée par l'auteur. Rien ne devrait se passer dans ces lieux de passage, hormis un plein, un café, une pause pipi vite expédiée. Et pourtant…

⛽️ Ces gestes, aussi vides de sens soient-ils, laissent place à d'autres, des appels au secours, des questions existentielles, des actes désespérés. Qu'il s'agisse de connaître l'avenir de l'essence et de l'homme, de livres qu'on dépose et que d'autres viennent chercher, de messages cachés à l'intérieur, de coups de foudre improbables, de troc essence/homard, de prêtres en rangers qui font le plein sans payer, la station est bel et bien un lieu tout sauf banal, où l'être humain cherche un réconfort, une normalité qui lui échappe, un sens qu'il a perdu. Dans ce théâtre loufoque, notre pompiste devient le protagoniste drôle et cynique d'intrigues complètement déjantées.

⛽️ Alors si vous êtes en panne et que vous avez besoin d'un refill, lisez ce livre et vous ferez le plein de bonne humeur !
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Ça commence de façon tout à fait étrange... on fronce les sourcils en se demandant ce que c'est que cet ovni puis au fur et à mesure la jubilation prends le dessus totalement ! Un humour de fou, des références philosophiques et cinématographiques à propos ! Des situations simples de ces gens qui s'arrêtent un temps à la station-service, des situations mystérieuses et loufoques qui échappent au narrateur. Bref J'ai aimé... beaucoup ! Et j'aurais adoré lire une cinquantaine de pages de plus. Jubilatoire !
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Voila typiquement, le genre de roman qui va fonctionner par le bouche à oreille. Car avouons le, personne n'a envie de lire des Chroniques d'une station-service. J'ai tendu l'oreille et entendu de belles choses sur ce roman d'Alexandre Labruffe et maintenant que je l'ai lu, je vais ouvrir la bouche pour en parler et rassurez-vous c'est bien d'un roman qu'il s'agit. malgré le titre et malgré les chapitres courts qui, lorsqu'on le feuillette, laisse vraiment penser qu'il s'agit de Chroniques d'une station-service, d'anecdotes de pompistes.

Alexandre Labruffe nous immerge au côté d'un pompiste de nuit, lequel partage son quotidien, les bizarreries de son travail et de ses clients et on ne peut qu'aimer toutes ses folies possibles. Chroniques d'une station-service, c'est l'histoire de ce narrateur, son analyse de la vie, ses aventures ubuesques et ça fonctionne super bien. Les chapitres courts, très courts donnent au roman beaucoup de punch.

Les personnages/clients récurrents apportent cette touche qui décale un peu tout et Chroniques d'une station-service se teinte d'une forme d'étrangeté sans toutefois que l'humour ne disparaisse.

En tous cas, Chroniques d'une station-service me donne très envie de lire d'autres romans d'Alexandre Labruffe et découvrir son univers.
Lien : http://livrepoche.fr/chroniq..
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Il s'en passe de belles à la pompe !
Ce livre est composé d'une suite de réflexions qui, mises bout à bout, finissent plus ou moins par former une histoire. le pompiste, employé d'une station-service en bord de périphérique, est le narrateur et principal protagoniste de ce roman. J'ai beaucoup aimé l'idée de se mettre à la place d'un personnage que peu de gens remarque alors qu'il observe avec acuité le microcosme qui défile à sa caisse. L'histoire, ou plutôt les histoires partent un peu dans tous les sens et toutes ne trouvent pas une résolution claire, ce qui m'a un peu laissé sur ma faim. Néanmoins, les tranches de vie relatées sont assez croustillantes à se mettre sous la dent. Les références sont nombreuses et pertinentes et le ton désabusé de l'auteur est très drôle.
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Une station service, dit le narrateur, pompiste philosophe, sociologue et un peu perché, est le lieu du début de l'aventure des possibles. « Passage obligé des gangsters, des fuyards, elle est le pivot du récit des marges ». Et le fait est que cinématographiquement parlant, cette ode à la station service n'est pas sans convoquer un imaginaire de road movies crépusculaire. Mais celle du narrateur se situe à Pantin, en face d'un campanille, à l'enseigne lumineuse clignotante fantasque et à côté d'une maison abandonnée, du moins devrait-elle l'être.

Notre héros, fort peu héros, contemple de ce poste d'observation la vie qui y vient ou s'en va, 189 petits morceaux satiriques, burlesques, fantasques, pertinents et décalés de tranches de vie, dont la sienne, qui n'est pas si simple … Entre deux films de série B, de zombies ou coréens post apocalyptiques, deux parties de dames avec son ami Nietzland, deux coups de fils à son père, dont la vie sentimentale tordue échoue dans les bras d'une psychologue, il se fait voler sa clef USB par un clochard et tombe amoureux d'une cliente au comportement érotique tordu …

Durant les heures qu'il passe derrière le comptoir, il se rêve en Baudrillard, souvent dépassé par ce qui se passe autour des pompes ou des rayons, ce qui s'y dit, il glose autour d'une phrase ( « les migrants surjouent l'exil ») ou d'une figure récurrente : l'habituée du mardi qui vient en vélo acheter un paquet de chips à l'oignon, tous les mardi, à la même heure, en talons aiguilles, laissant derrière elle flotter une sorte de halo qui tétanise le coeur de notre pompiste. Des inconnus lui confient des livres à code secret, ce qui n'est pas sans l'inquiéter. La station service serait-elle un repère terroriste … Entre deux contemplations, et tergiversations, le narrateur organise des expositions clandestines sur les murs, en format A3, avec post it explicatifs, des stations services américaines, puis des pétroliers, son patron passe de temps en temps pour le remotiver par nouvelles techniques de vente du sandwich … Mais l'essentiel de son temps, le pompiste le passe à regarder le monde passer et ce monde est burlesque, drôle, bancal, un poil surréaliste, dans une écriture qui mêle aphorismes doucement déjantés et ironie du dérisoire …

C'est une galerie de personnages, de situations, de conversations, souvent tronquées, qui défilent dans ce lieu de consommation anonyme devenu le centre du monde, le bocal d'agitations éphémères de clients poissons rouges : l'homme ivre qui titube, sandwich au poulet à la main en hurlant le prénom de celle qu'il a dû aimer, la famille de la pompe cinq, la ruée sur le coca zéro qui trouble notre narrateur, invisible philosophe méditant la cocazéroïsation de l'humanité.

De malicieuses » choses vues » dont on se délecte !
Lien : https://aleslire.wordpress.c..
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Moi-même employé en station service, j'ai beaucoup rigolé en lisant ces chroniques, me visualisant parfaitement dans la station service. Pleins de petites anecdotes liées les unes aux autres, ce qui crée un fil conducteur qui donne envie de dévorer le livre en une seul fois !
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