C'était aux environs de 1695, à vingt-cinq milles de Ville-Marie; quelques colons français, séduits par la beauté du site et par la richesse du sol encore vierge, s'étaient établis sur la rive gauche du Saint-Laurent, et menaient là l'existence âpre et pénible que connurent les premiers colonisateurs de notre beau Canada. Non seulement ils devaient pourvoir eux-mêmes à tous leurs besoins, défricher la forêt au prix de mille labeurs, mais ils étaient à tout moment mis en alerte par de fâcheux voisinages. D'un côté les Iroquois, ennemis nés des Français, déterraient à toute occasion la hache de guerre; de l'autre, les Algonquins, quoique alliés, ne se gênaient guère, avec leur cauteleuse fourberie, pour se livrer à toutes sortes de rapines et de déprédations. Cependant ni l'énergie, ni la foi ne manquaient aux premiers colons, et, peu à peu, l'avenir se faisait plus souriant.
Mais ils devaient être prêts à tout, s'attendre à tout!...