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Critique de AdelineKomatsu


Plongez dans le mythe d'Ondine à travers l'adaptation et les illustrations sensuelles et romantiques de Benjamin Lacombe.

« Ondine, je t'aime ! Je t'aime ! Jamais je ne te quitterai ! » Hans à Ondine, p.16

Vous l'avez compris, le mythe d'Ondine nous parle d'amour. Benjamin Lacombe reprend la légende alsacienne en s'inspirant du conte de Friedrich de la Motte-Fouqué écrit en 1811 et de la pièce de théâtre de Jean Giraudoux de 1939, s'inspirant elle-même du conte de Fouqué.

Un chevalier, Herr Hans Ringstetten, s'égare dans la Forêt-Noire, qui est maudite, remplie de spectres. Désespéré, ne retrouvant pas son chemin alors que la nuit tombe, il rencontre un vieil homme qui lui propose de l'héberger et de lui offrir un bon repas. Hans accepte, soulagé. Il fait ainsi la connaissance de sa femme, Eugénie, puis de leur fille adoptive, Ondine, espiègle et enfantine, mais divinement belle. Alors qu'une inondation autour de la maison rend impossible le départ de Hans, le poussant ainsi à rester plusieurs jours chez la famille d'Ondine, ces deux jeunes gens justement se rapprochent, laissant poindre des sentiments nouveaux et réciproques. L'Amour naît entre Hans et Ondine, et cette dernière, à la stupéfaction de ses parents, change petit à petit. Jeune fille malicieuse et sans aucune tenue, elle devient une jeune femme gracieuse, polie, retenue. Mais cette mystérieuse transformation n'inquiète pas le jeune chevalier qui n'en devient que plus amoureux encore, si bien qu'il demande la main d'Ondine. Mais cette jeune fille à l'allure si charmante et gracieuse, si belle et fantasmatique, cache un terrible secret. Après l'avoir révélé à son amour, voudra-t-il toujours d'elle ? L'aimera-t-il, pour toujours ?

Chevalier, duc, duchesse, créatures fantastiques, amants, tout nous conduit vers le conte merveilleux. Mais bien plus que ça, cette adaptation de Benjamin Lacombe nous fait voyager dans les méandres de l'Amour : amour passionnel, impossible, jalousie, rivalité, trahison, mort, etc. Et nous parle du passage du monde de l'enfance à celui de l'adulte. Cette histoire romantique tragique et alambiquée n'est pas sans rappeler La petite sirène d'Andersen ou encore Roméo et Juliette de Shakespeare par exemple.

Illustrations sensuelles et narratives.

Les illustrations de Benjamin Lacombe dans cet album sont véritablement romantiques. Il dit s'être inspiré du courant de peinture pré-raphaélite du XIXe siècle (comme pour ces derniers albums), et donc d'artistes comme Millais, Hunt, Rossetti, etc. Les dessins sont donc de couleurs assez vives, avec un grand sens du détail.

On le voit par exemple avec le personnage d'Ondine : ses cheveux rouges flamboyant illustrent bien la nymphe impétueuse du début. Ils sont libres, longs, vifs, dégagent une sensualité et font d'elle une 'femme-enfant' au caractère bien trempé. de plus, les traits du personnage rappellent l'eau, encore une fois avec les cheveux d'Ondine qui paraissent si souples, fluides, ondulants et longs tels un cours d'eau. Sa peau blanche trahie sa véritable nature et fait référence à la transparence de l'eau, tout comme la couleur de ses yeux (bleus-gris) et ses traits fins et délicats. Cela contraste bien avec ses cheveux rouges rappelant la force de l'eau qui peut être dangereuse et aussi à la couleur de la passion amoureuse.

À l'inverse, les traits du personnage Ursule (la belle jeune femme orgueilleuse et rivale d'Ondine) sont moins fluides, plus stricts. Ses cheveux sont noirs, bien coiffés, sa peau est mate, ses yeux marrons. Ainsi, ce personnage représenterait plus l'élément de la Terre. On le remarque aussi par les grosses racines qui l'accompagnent sur les dessins, illustrant ainsi de quelle manière elle accapare Hans par ses manipulations.

Il utilise également des feuilles de calques imprimées qui ont une fonction narrative, notamment lorsque Ondine flotte sur les eaux ou plonge dedans. Lors des périodes tragiques ou des cauchemars de Hans, les couleurs se font plus ternes, assez glauques voir morbides. Elles sont bleutées sombres, avec des touches de blancs. On voit un réel travail au niveau du dessin, du détail. Il y a une cohérence entre le récit et les illustrations qui ont parfois un vrai rôle narratif.

Benjamin s'inspirant du préraphaélisme, peaufine les détails, ne laissant rien au hasard. Les dessins sont réalistes, emprunts de beauté et de romantisme. L'histoire vous fait voyager et découvrir l'amour, le monde adulte et ses côtés pas toujours féériques. Un conte intemporel !

Pour qui ?

L'album s'adresse à un public averti. D'abord pour une raison pratique : il contient des feuilles de calques fragiles, facile à déchirer. À ne pas confier donc à des enfants en bas-âges, sauf s'ils sont accompagnés, pour admirer les dessins. Ensuite, il y a beaucoup de textes, comme un conte, bien que l'image reste prédominante : illustrations pleine page et parfois même sur double page.

De plus, les thèmes abordés comme l'Amour, la jalousie amoureuse, le passage à l'âge adulte et autres, me semblent difficiles à saisir pour les plus petits, mais très pertinents pour les plus grands ! Ainsi, je conseillerais cet album à partir de 8 ou 9 ans. En tout cas, il charmera aussi les plus grands...

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Si vous aimez tout ce qui se rapproche du fantastique, je vous conseille, dans un genre plus féerique et tout aussi merveilleux, L'herbier des fées, de B. Lacombe et Sébastien Pérez : existe en version papier et numérique !
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